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HESA Rapport du Comité

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CONDITION PHYSIQUE ET NIVEAU D’ACTIVITÉ PHYSIQUE DES JEUNES AU CANADA

Introduction

« Nous trahissons en cela nos enfants. »

M. Kyle Peterson, député, Newmarket—Aurora

Le 27 février 2019, il a été convenu que le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes (le Comité) étudie la motion M‑206, qui porte sur la condition physique et le niveau d’activité des jeunes au Canada[1]. La motion prévoit :

Que le Comité permanent de la santé reçoive instruction d’entreprendre une étude sur la condition physique et le niveau d’activité physique des jeunes au Canada et qu’il formule des recommandations et fasse rapport sur : a) les stratégies pour améliorer la condition physique et le niveau d’activité physique des jeunes; b) les bienfaits économiques, sociaux, culturels et les bienfaits pour la santé physique et mentale d’une condition physique améliorée et d’une activité physique accrue chez les jeunes; c) les répercussions d’une condition physique améliorée et d’une activité physique accrue en ce qui a trait à la lutte contre l’intimidation; d) que le Comité fasse rapport de ses constatations et ses recommandations à la Chambre au plus tard en juin 2019[2].

Au cours des deux réunions tenues les 27 et 28 mai 2019, le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes a entendu 12 témoins, de même que le parrain de la motion, M. Kyle Peterson, député de Newmarket–Aurora[3]. Lorsqu’il a présenté sa motion au Comité, M. Peterson a déclaré : « Nous trahissons en cela nos enfants[4]. »

Niveau d’activité des jeunes canadiens

La Société canadienne de physiologie de l’exercice (SCPE) a établi des directives sur la quantité d’activité physique dont les enfants et les jeunes ont besoin chaque jour. La SCPE les a incorporées aux Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures pour les enfants et les jeunes (5 à 17 ans) (Directives en matière de mouvement sur 24 heures), une approche intégrée qui englobe l’activité physique, le comportement sédentaire et le sommeil[5]. Les directives recommandent que les enfants et les jeunes accumulent chaque jour plusieurs heures d’activité physique d’intensité légère à modérée, et au moins 60 minutes d’activité physique d’intensité élevée.

Plusieurs témoins ont fait mention des statistiques sur la proportion de jeunes canadiens suivant les recommandations de la SCPE que ParticipACTION a présentées dans son bulletin de 2018 sur l’activité physique chez les jeunes[6]. Le bulletin révèle que selon l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé 2014-2015, 35 % des enfants et des jeunes de 5 à 17 ans satisfont au niveau d’activité physique recommandé dans les Directives en matière de mouvement sur 24 heures[7]. Il y a cependant une disparité notable lorsque l’on compare l’activité physique selon le sexe : 47 % des garçons respectaient la recommandation, contre 25 % seulement des filles[8]. Dans l’ensemble, ce groupe d’âge obtient la note de D+ en matière d’activité physique. Les enfants et les jeunes canadiens obtiennent une note plus faible encore si on englobe les trois recommandations des Directives en matière de mouvement sur 24 heures. En effet, en incluant le sommeil (entre 8 et 11 heures) et le comportement sédentaire (un maximum de deux heures d’inactivité, y compris le temps passé devant un écran) dans la mesure globale, seulement 15 % des enfants et des jeunes canadiens satisfont aux recommandations[9]. Les députés ont entendu que lorsque comparé à 48 pays à revenu moyen et élevé, le niveau d’activité des jeunes canadiens se situe en milieu de peloton[10].

Activité physique et santé

Les témoins ont souligné les effets néfastes sur la santé d’un mode de vie sédentaire. Les membres du Comité ont entendu que la sédentarité augmente les risques de maladies chroniques, comme le diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de certaines formes de cancer[11]. Le Comité a en outre appris que le traitement des maladies chroniques liées à la sédentarité coûte quelque 6,8 milliards de dollars par année au système de santé, soit 4 % des dépenses totales en soins de santé[12].

À l’inverse, un mode de vie actif a des bienfaits pour la santé. Le Comité a entendu que les enfants et les jeunes qui sont actifs physiquement ont plus de facilité à se concentrer et à apprendre, sont plus créatifs et sont plus à l’aise socialement[13]. Les membres du Comité ont entendu que l’activité physique influe positivement sur la santé mentale. Les enfants et les jeunes qui sont actifs physiquement risquent moins de souffrir de symptômes de dépression et d’anxiété et gèrent mieux les situations stressantes[14]. De plus, ils seraient plus résilients face à l’intimidation et moins susceptibles d’y recourir eux‑mêmes[15].

Rôle fédéral dans les initiatives en cours

L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) est l’organisme fédéral responsable de la promotion de modes de vie sains, qui impliquent de marier activité physique et bonne alimentation, et d’éviter les comportements néfastes. Le Comité a entendu que l’ASPC collabore avec d’autres intervenants pour remplir son mandat. L’ASPC a accordé du financement à la SCPE pour qu’elle élabore les Directives en matière de mouvement sur 24 heures[16] et, en 2018, elle a engagé 25 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir ParticipACTION et l’initiative Soyons actifs[17]. Ces deux initiatives ont un volet consacré aux jeunes, sans cibler précisément les enfants et les jeunes.

Les témoins ont cité à plusieurs reprises le cadre pancanadien sur l’activité physique intitulé « Une Vision commune pour favoriser l’activité physique et réduire la sédentarité au Canada : Soyons actifs » (Vision commune), publié le 31 mai 2018[18]. La Vision commune a été préparée par un comité directeur composé de représentants des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux en matière de sport, d’activité physique, de loisir et de santé. Se voulant un document seulement stratégique, la Vision commune « sert à compléter et à s’harmoniser avec d’autres politiques, stratégies et cadres pertinents[19] » en place à l’échelle du Canada, dans le but d’accroître le niveau d’activité de tous les Canadiens[20]. Les membres du Comité ont entendu qu’on avait entrepris de traduire le cadre stratégique de la Vision commune en un plan de mise en œuvre concret[21].

Mesures recommandées au gouvernement fédéral

Le Comité a entendu parler des efforts déployés par les divers intervenants pour améliorer la condition physique et le niveau d’activité des jeunes canadiens. Par exemple, les Repaires jeunesse du Canada offrent des programmes et services parascolaires structurés et supervisés à quelque 200 000 enfants et jeunes dans 700 collectivités du Canada[22]. L’organisation a récemment lancé « Bounce Back League », un programme à l’intention des jeunes ayant subi un traumatisme et qui reconnaît les bienfaits de l’activité physique sur la santé mentale[23].

Des témoins ont parlé des initiatives visant à promouvoir le « transport actif », c’est‑à‑dire les moyens de transport impliquant un effort physique, comme la marche, le vélo, la course et la planche à roulettes. Il a entre autres été question du « Trottibus », une initiative qui permet aux élèves, normalement supervisés, de marcher en groupe jusqu’à l’école, des élèves marcheurs se joignant au groupe tout au long du trajet[24]. Il a cependant été signalé que beaucoup d’élèves n’habitent pas à distance de marche ni même de vélo de l’école[25], et que les écoles ne sont pas toujours équipées pour entreposer adéquatement et sécuritairement les bicyclettes pendant que les élèves sont en classe[26].

Le Comité a entendu qu’il faut « normaliser » l’activité physique au jour le jour[27], que cela fasse partie intégrante de notre quotidien. Différents pays ont adopté des stratégies en ce sens, sans nécessairement privilégier la même approche. Par exemple, au Japon, tous les enfants marchent pour se rendre à l’école; en Nouvelle-Zélande, on s’attend à ce que les enfants jouent dehors deux heures par jour, et dans les pays scandinaves, l’accent est mis sur des cours quotidiens d’éducation physique[28].

En ce qui a trait à l’éducation physique, comme la plupart des enfants et des jeunes fréquentent l’école, les programmes scolaires favorisant l’activité physique sont les plus efficaces pour rejoindre le plus grand nombre d’entre eux. Les directives canadiennes recommandent 30 minutes d’éducation physique de grande qualité tous les jours[29]. Le Comité a cependant entendu que les programmes scolaires varient à l’échelle du pays, puisque les provinces et territoires instaurent leurs propres normes minimales en la matière. Aussi peu que 22 % d’élèves canadiens ont de l’éducation physique tous les jours[30]. Un témoin a indiqué qu’on préférait peut-être encore le rendement scolaire à l’activité physique, d’où la résistance de certaines commissions scolaires à donner plus de place à l’éducation physique dans leurs programmes d’études[31].

« Ce que nous ne pouvons pas nous permettre de faire, c’est d’attendre. »

Mme Melanie Davies, directrice générale et chef de la direction, Éducation physique et santé Canada

Il a également été question de l’infrastructure communautaire dans le cadre de cette étude. Un urbanisme communautaire bien pensé peut encourager le transport actif et les loisirs extérieurs, et par conséquent contribuer à normaliser l’activité physique. Le Comité a entendu que le gouvernement fédéral, par l’entremise d’Infrastructure Canada, finance des projets d’infrastructure communautaire. Un témoin a signalé que la Vision commune fait référence à ce programme[32].

Finalement, la notion de savoir-faire physique a maintes fois été mentionnée. On entend par savoir-faire physique les connaissances et compétences voulues pour qu’une personne prenne en charge son activité physique et en reconnaisse la valeur[33]. Le Comité a entendu qu’il faut transmettre ce savoir-faire physique aux tout-petits pour ancrer de saines habitudes de vie chez les jeunes, et pour que celles‑ci perdurent à l’âge adulte.

Tous les témoins étaient d’accord pour dire que le cadre stratégique Vision commune doit être traduit en mesures concrètes. Les députés ont entendu que le plan de mise en œuvre devra être élaboré en fonction d’une approche communautaire mettant à profit tous les secteurs, dont ceux de l’éducation, des loisirs, du sport et de la santé, de même que les parents[34].

Présentant ses recommandations au gouvernement fédéral, le Comité insiste sur le cri du cœur qu’il a entendu : « Ce que nous ne pouvons pas nous permettre de faire, c’est d’attendre[35]. »

Recommandation 1

Que le gouvernement du Canada prévoie un financement suffisant pour le plan de mise en œuvre du cadre pancanadien sur l’activité physique intitulé  Une Vision commune pour favoriser l’activité physique et réduire la sédentarité au Canada : Soyons actifs , et qu’il en soutienne l’élaboration.

Recommandation 2

Que le gouvernement du Canada nomme un « champion de l’activité physique chez les jeunes », qui serait chargé de :

  • veiller à ce que toutes les parties prenantes soient représentées au sein du groupe responsable de l’élaboration du plan de mise en œuvre de la stratégie Une Vision commune pour favoriser l’activité physique et réduire la sédentarité au Canada : Soyons actifs;
  • superviser le plan de mise en œuvre, accordant une attention particulière aux programmes, stratégies et initiatives ciblant les enfants et les jeunes de 5 à 17 ans;
  • rendre compte au ministre de la Santé des progrès réalisés à l’égard du plan de la mise en œuvre;
  • veiller à mesurer l’incidence du plan de mise en œuvre en ce qui a trait au rendement des jeunes par rapport aux Directives en matière de mouvement sur 24 heures pour les enfants et les jeunes (5 à 17 ans) de la Société canadienne de physiologie de l’exercice.

Recommandation 3

Que le ministre de la Santé rende compte tous les ans au Parlement de l’état d’avancement du plan de mise en œuvre de la stratégie Une Vision commune pour favoriser l’activité physique et réduire la sédentarité au Canada : Soyons actifs, et que ce rapport soit rendu public.

Recommandation 4

Que le gouvernement du Canada s’engage à fournir un financement durable pour la promotion et l’adoption des Directives en matière de mouvement sur 24 heures de la Société canadienne de physiologie de l’exercice.

Recommandation 5

Que l’Agence de la santé publique du Canada, en collaboration avec le champion de l’activité physique chez les jeunes, élabore et mette en œuvre des campagnes pancanadiennes de sensibilisation du public, afin :

  • d’accroître le savoir-faire physique chez les enfants et les jeunes canadiens;
  • de promouvoir les Directives en matière de mouvement sur 24 heures pour les enfants et les jeunes (5 à 17 ans) de la Société canadienne de physiologie de l’exercice;
  • de normaliser l’activité physique au quotidien.

Recommandation 6

Que le gouvernement du Canada travaille en collaboration avec les provinces et les territoires, de même que la Fédération canadienne des municipalités, pour s’assurer que les administrations locales sont au courant du financement fédéral offert aux projets de transport actif dans le cadre du Fonds pour l’infrastructure de transport en commun.


[1]              Chambre des communes, Journaux, no 388, 1re session, 42e législature, 27 février 2019.

[2]              Chambre des communes, Journaux, no 369, 1re session, 42e législature, 11 décembre 2018.

[3]              Le Comité reconnaît qu’un mode de vie sain repose autant sur une bonne alimentation que sur l’activité physique. Cependant, la portée de l’étude se limite aux enjeux soulevés dans la motion M‑206. Ainsi, le présent rapport n’inclut pas de citations concernant l’alimentation et la prévention de la maladie chronique. Tous les témoignages peuvent toutefois être consultés dans les mémoires soumis et la transcription des délibérations.

[4]              Comité permanent de la santé de la Chambre des communes (HESA), Témoignages, 1re session, 42e législature, 27 mai 2019, 1530 (M. Kyle Peterson, député, Newmarket–Aurora).

[7]              Ibid., p. 26.

[8]              Ibid., p. 31.

[9]              Ibid., p. 66.

[10]            HESA, Témoignages, 27 mai 2019, 1710 (M. Elio Antunes, président et chef de la direction, ParticipACTION).

[11]            Par exemple, HESA, Témoignages, 27 mai 2019, 1700 (Mme Gerry Gallagher, directrice exécutive, Centre de la prévention des maladies chroniques et de l’équité en santé, Direction générale de la promotion de la santé et de la prévention des maladies chroniques, Agence de la santé publique du Canada [ASPC]).

[12]            HESA, Témoignages, 28 mai 2019, 0925 (Mme Melanie Davis, Directrice générale et chef de la direction, Éducation physique et santé Canada).

[13]            Par exemple, HESA, Témoignages, 27 mai 2019, 1645 (M. Elio Antunes, président et chef de la direction, ParticipACTION).

[14]            HESA, Témoignages, 28 mai 2019, 0900 (M. Josh Berman, directeur, Recherche et politique publique, Repaires jeunesse du Canada).

[15]            HESA, Témoignages, 27 mai 2019, 1550 (M. Kyle Peterson, député, Newmarket–Aurora).

[16]            HESA, Témoignages, 27 mai 2019, 1600 (Mme Gerry Gallagher, directrice exécutive, Centre de la prévention des maladies chroniques et de l’équité en santé, Direction générale de la promotion de la santé et de la prévention des maladies chroniques, ASPC).

[17]            Ibid., 1605.

[19]            Ibid., p. 4.

[20]            Le rapport note que le gouvernement du Québec n’a pas pris part à cette initiative, mais qu’il a indiqué être faveur des principes qui la sous-tendent. Il mettra en œuvre ses propres programmes et il a accepté d’échanger de l’information et des pratiques exemplaires.

[21]            HESA, Témoignages, 27 mai 2019, 1610 (Mme Gerry Gallagher, directrice exécutive, Centre de la prévention des maladies chroniques et de l’équité en santé, Direction générale de la promotion de la santé et de la prévention des maladies chroniques, ASPC).

[22]            HESA, Témoignages, 28 mai 2019, 0900 (M. Josh Berman, directeur, Recherche et politique publique, Repaires jeunesse du Canada).

[23]            HESA, Témoignages, 28 mai 2019, 0905 (M. Adam Joiner, directeur des programmes, Repaire jeunesse d’Ottawa, Repaires jeunesse du Canada).

[24]            HESA, Témoignages, 27 mai 2019, 1610 (Mme Gerry Gallagher, Directrice exécutive, Centre de la prévention des maladies chroniques et de l’équité en santé, Direction générale de la promotion de la santé et de la prévention des maladies chroniques, ASPC), 1655 (M. Elio Antunes, président et chef de la direction, ParticipACTION) et 1710 (Mme Panagiota Klentrou, présidente, Conseil d’administration, SCPE).

[25]            HESA, Témoignages, 27 mai 2019, 1655, (Mme Panagiota Klentrou, présidente, Conseil d’administration, SCPE).

[26]            HESA, Témoignages, 27 mai 2019, 1655 (M. Elio Antunes, président et chef de la direction, ParticipACTION).

[27]            HESA, Témoignages, 27 mai 2019, 1640 (Mme Panagiota Klentrou, présidente, Conseil d’administration, SCPE).

[28]            HESA, Témoignages, 27 mai 2019, 1710 (M. Elio Antunes, président et chef de la direction, ParticipACTION).

[29]            HESA, Témoignages, 28 mai 2019, 0945 (Mme Tricia Zakaria, gestionnaire, Campagnes et programmes, Éducation physique et santé Canada).

[30]            HESA, Témoignages, 28 mai 2019, 0925 (Mme Melanie Davis, directrice générale et chef de la direction, Éducation physique et santé Canada).

[31]            HESA, Témoignages, 28 mai 2019, 0910 (M. Josh Watt, porte-parole, Association canadienne des commissions/conseils scolaires).

[32]            HESA, Témoignages, 27 mai 2019, 1700 (M. Elio Antunes, président et chef de la direction, ParticipACTION).

[33]            HESA, Témoignages, 28 mai 2019, 0935 (Mme Andrea Carey, directrice des opérations et des projets spéciaux, Société du sport pour la vie).

[34]            HESA, Témoignages, 28 mai 2019, 0955 (M. Richard Way, président directeur général, Société du sport pour la vie).

[35]            HESA, Témoignages, 28 mai 2019, 0925 (Mme Melanie Davies, directrice générale et chef de la direction, Éducation physique et santé Canada).