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Je déclare la séance ouverte.
Bonjour à tous. Bienvenue à la troisième réunion du Comité permanent de la défense nationale de la Chambre des communes.
Conformément à la motion adoptée le 16 septembre 2025, le Comité se réunit pour recevoir une analyse des menaces concernant les régions euro-atlantique et indo-pacifique.
Avant de poursuivre, je demanderais à tous les participants en personne de consulter les directives sur les cartes posées sur la table. Ces mesures sont en place pour éviter tout incident lié au son et au retour sonore et protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris les interprètes. Vous remarquerez un code QR sur les cartes qui vous mènera à une courte vidéo de sensibilisation. Je vous demanderais de la visionner après notre réunion pour que nous puissions accorder toute notre attention à nos témoins.
J'aimerais faire quelques observations pour la gouverne des témoins et des membres.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Pour les participants par vidéoconférence — il n'y en a aucun —, veuillez cliquer sur l'icône du microphone. Pour les participants dans la salle, profitez de l'interprétation dans différentes langues.
Je tiens à rappeler que toutes les observations doivent être formulées par l'entremise de la présidence.
Pour les membres dans la salle, si vous souhaitez prendre la parole, veuillez lever la main. Vous connaissez la procédure.
Le thème qu'abordera le premier groupe de témoins est la défense et la sécurité dans la région euro-atlantique.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, nous accueillons Eric Laporte, directeur exécutif, Relations de la sécurité et de la défense. Du ministère de la Défense nationale, nous recevons le major-général Robert Ritchie, directeur de l'état-major, État-major interarmées stratégique, Forces armées canadiennes, et Ty Curran, directeur général adjoint, Politique de sécurité internationale.
Je crois savoir que seuls les représentants du MDN feront une déclaration liminaire. Vous disposez de cinq minutes pour la faire.
Merci encore une fois d'être ici.
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Merci, monsieur le président, et merci de l'invitation.
Nous avons déjà fait les présentations, alors je dirai simplement au nom de mes collègues que c'est un honneur d'être ici et que nous avons hâte de participer à la discussion.
Les sujets de l'euro-atlantique et de l'indo-pacifique sont très pertinents, compte tenu de la priorité qui leur a été accordée dans notre mise à jour sur la politique de défense, « Notre Nord fort et libre ».
[Français]
Pour la première séance, je souhaite commencer par le récent Sommet de l'OTAN à La Haye, qui a souligné le rôle fondamental que joue l'OTAN dans notre défense et notre sécurité, ainsi que dans celles de tous les alliés. Lors du Sommet de l'OTAN, le Canada s'est engagé à atteindre l'objectif de 2 % au cours de cet exercice financier. Nous accélérons des investissements de plus de 9 milliards de dollars pour reconstruire, réarmer et moderniser les Forces armées canadiennes.
[Traduction]
Un investissement de 2 % signifiera une meilleure rémunération et un meilleur soutien pour le personnel, de nouveaux aéronefs et véhicules, des capteurs avancés pour la surveillance de l'Arctique et la modernisation de notre infrastructure numérique.
De plus, les alliés, y compris le Canada, ont aussi pris un engagement historique à renforcer notre défense collective, notamment en s'engageant à atteindre 5 % du PIB en dépenses de défense d'ici 2035. Les 5 % comportent deux composantes.
Premièrement, les alliés alloueront au moins 3,5 % du PIB annuellement aux besoins fondamentaux de la défense — les domaines de défense qui constituent l'objectif précédent de l'OTAN de 2 %.
Deuxièmement, les 1,5 % restants du PIB seront investis dans le renforcement de la base industrielle de défense des alliés, la protection des infrastructures critiques et l'assurance de la préparation civile et de la résilience.
[Français]
Avant le Sommet de l'OTAN, le a également participé à un sommet avec l'Union européenne et a conclu avec cette organisation un partenariat en matière de sécurité et de défense qui reflète notre engagement plus large à renforcer et à approfondir les liens transatlantiques en matière de sécurité.
Nos collègues d'Affaires mondiales Canada s'apprêtent à entamer des négociations concernant un traité bilatéral avec l'Union européenne conformément au programme Action de sécurité en Europe, ou SAFE, afin d'améliorer l'accès des entreprises de défense canadiennes aux possibilités européennes.
[Traduction]
Au‑delà de ces sommets, l'Europe demeure une zone opérationnelle clé pour les FAC. Nous continuons de diriger les forces terrestres avancées de l'OTAN en Lettonie dans le cadre de l'opération Reassurance, notre plus grande mission à l'étranger. Lors d'une récente visite en Lettonie, le a annoncé la prolongation de l'opération pour trois années supplémentaires.
[Français]
Le Canada joue un rôle clé dans la réponse de dissuasion de l'OTAN sur le flanc Est. En tant que nation-cadre des forces terrestres avancées de l'OTAN en Lettonie, le Canada, aux côtés de ses 13 partenaires au sein de la brigade multinationale, participe au plus grand renforcement de la défense collective de l'alliance depuis une génération.
À l'Est, le soutien à l'Ukraine est au cœur de notre sécurité commune. Les efforts du Canada en matière de formation militaire et de renforcement des capacités ont débuté en 2015 et se poursuivent aujourd'hui dans le cadre de l'opération Unifier. Depuis ce temps, nous avons formé plus de 46 000 soldats ukrainiens dans le cadre de l'opération Unifier, couvrant des domaines essentiels tels que les compétences militaires de base et avancées, les tactiques de combat, la formation médicale et le génie du combat.
[Traduction]
Sur le champ de bataille, nous avons observé de petits progrès à des coûts importants pour les Russes, ainsi que de nombreux exemples d'innovation ukrainienne et de volonté de combattre, comme l'opération Spiderweb de juin qui visait l'aviation russe à long rayon d'action. Mes collègues peuvent fournir des mises à jour supplémentaires sur le champ de bataille ou les négociations, si vous le souhaitez.
Le Canada continue de contribuer et de travailler avec ses alliés par l'entremise du programme de formation et d'aide à la sécurité en faveur de l'Ukraine, ou NSATU, et de la Coalition des volontaires pour explorer des garanties de sécurité substantielles pour l'Ukraine, une étape essentielle vers une paix durable.
En attendant, nous nous concentrons aussi sur le fait de garantir que l'Ukraine dispose du financement et de l'équipement nécessaires pour le combat. Depuis l'invasion à grande échelle, le Canada a promis près de 22 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine, dont plus de 6,5 milliards de dollars en aide militaire. Cette aide a contribué à fournir des capacités critiques aux Ukrainiens, y compris des véhicules blindés, des composantes de haute technologie, des simulateurs de vol pour les F‑16 et des articles essentiels tels que des vêtements d'hiver, tous fournis par des fournisseurs canadiens.
Nous sommes également fiers de fournir de la formation aux pilotes de F‑16 dans le cadre de la Coalition des capacités de l'Armée de l'air du Groupe de contact pour la défense de l'Ukraine, et de contribuer aux coalitions des capacités blindées, des drones et de l'information et des technologies. Ces efforts reflètent notre engagement durable envers la souveraineté de l'Ukraine et la stabilité euro-atlantique.
[Français]
En conclusion, je tiens à souligner que l'environnement sécuritaire en Europe demeure dynamique et complexe. Cela dit, l'OTAN demeure forte et prête à défendre le territoire des alliés, comme en témoigne l'incursion récente de drones russes dans l'espace aérien polonais les 9 et 10 septembre. Cela a entraîné une réponse coordonnée des forces alliées et l'invocation de l'article 4 du Traité de l'Atlantique Nord.
[Traduction]
Ces temps très difficiles font ressortir l'importance des investissements que nous effectuons dans le domaine de la défense et la nécessité de travailler en étroite collaboration avec nos alliés.
Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
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L'une des possibilités les plus intéressantes, à mon avis, témoigne également de l'un de nos défis les plus importants, à savoir qu'il faut investir dans la base industrielle de défense.
Nous reconnaissons que le réapprovisionnement nécessaire des forces, afin que nous disposions des munitions et des pièces de rechange requises pour le type de combats que nous essayons d'empêcher, exige des investissements importants. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous travaillons avec l'Union européenne sur les questions de défense, et nous essayons de renforcer nos relations avec elle.
Je dirais également que le travail que nous faisons dans l'Arctique est souvent de nature expéditionnaire, même pour le Canada. Les distances sont extrêmes et les conditions météorologiques peuvent être incroyablement difficiles. Les capacités mêmes que nous avons acquises dans l'Arctique peuvent nous aider à préparer les opérations de nos forces en théâtre européen. Je pense que les deux sont complémentaires.
Nous reconnaissons également qu'un conflit potentiel impliquant les alliés de l'OTAN en Europe ne se limiterait pas au théâtre européen, et que nous devons garder en tête la probabilité de menaces dans l'Arctique. C'est l'une des raisons pour lesquelles c'était une priorité dans la récente mise à jour de notre politique de défense « Notre Nord, fort et libre ».
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Vous pouvez donc confirmer que les activités militaires de la Chine s'intensifient.
Ma question s'adresse à M. Laporte, mais M. Curran peut évidemment apporter un complément de réponse.
Monsieur Laporte, j'ai lu que vous étiez affecté au ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement.
Pouvez-vous me dire dans quelle mesure l'armée chinoise dépend du Canada sur le plan technologique, par exemple en ce qui concerne les puces, les logiciels et les moteurs?
Autrement dit, dans son commerce avec la Chine, le Canada contribue-t-il à renforcer l'armée chinoise?
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Je vous remercie, monsieur le président.
En effet, pendant l'été, le , le ministre de la Défense nationale, et la ministre des Affaires étrangères, , ont signé un partenariat en matière de sécurité et de défense avec l'Union européenne. Ce partenariat comprend des travaux sur le soutien à l'Ukraine, la gestion de crise, la cybersécurité, la lutte contre les menaces hybrides, le contrôle des armes, la sécurité spatiale, l'intelligence artificielle, les technologies émergentes et le renforcement de la coopération industrielle en matière de défense. Ce dernier élément jouera un rôle important dans le cadre du partenariat.
En plus de ce partenariat en matière de sécurité et de défense, mes collègues participeront à des négociations avec l'Union européenne pour avoir accès à l'initiative SAFE, c'est‑à‑dire l'Action de sécurité pour l'Europe, ou le plan Réarmer l'Europe/Préparation à l'horizon 2030. Il s'agit d'un plan de défense de l'Union européenne qui comporte deux volets. L'un d'eux permet des dépenses déficitaires pouvant atteindre 650 milliards d'euros pour les États membres de l'Union européenne. Ce n'est pas un objectif que nous tentons d'atteindre. Ce sont simplement les règles qui régissent les membres de l'Union européenne.
Cependant, 150 milliards d'euros de ce montant correspondent en quelque sorte à un programme de prêt pour les dépenses en matière de défense qui permettra aux États membres de l'Union européenne d'accéder à des fonds et à des ressources pour accroître leurs capacités de défense. Par conséquent, nous négocierons bientôt avec l'Union européenne un accord visant à permettre aux entreprises canadiennes d'avoir accès au marché à titre de soumissionnaires et concurrents potentiels pour soutenir l'Union européenne.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Laporte, je vais essayer de vous faire plaisir et de me faire plaisir en même temps: on va donc mélanger l'Indo‑Pacifique et l'Euro‑Atlantique. J'imagine que vous allez me répondre, mais si M. Ritchie a quelque chose à ajouter, qu'il ne se gêne pas.
Les fameuses sanctions contre la Russie sont évidemment nécessaires. C'est la seule chose qu'on peut faire quand il y a une telle attaque. Ça va de soi. Cependant, d'une part, on constate une dépendance énergétique de l'Union européenne. D'autre part, on constate aussi que l'Inde s'est mise à acheter le gaz et le pétrole russes, et à les revendre en son propre nom. L'Union européenne le sait très bien, mais elle se dit que, par principe, elle l'achète à l'Inde et non à la Russie. Au bout du compte, puisque l'Inde empoche aussi un profit, ça finit par coûter plus cher à l'Union européenne et la provenance est la même. À part l'Europe, tout le monde est content et, pour la Russie, ça n'a absolument rien changé.
Par ailleurs, à cause des sanctions, la Chine a littéralement mis la main sur l'économie russe. Ça a renforcé le bloc géopolitique et géostratégique qu'on appelle BRICS, dans cette région, et, sur le plan de la sécurité, ça a renforcé l'Organisation de coopération de Shanghai. C'est ce à quoi on a assisté. Si je ne me trompe pas, le yuan est maintenant la première devise étrangère en Russie. Vous devez l'avoir observé.
Est-ce vu comme des zones d'ombre par rapport aux sanctions? Comment y remédie-t-on?
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Je vous remercie de cette question.
Vous avez absolument raison de faire le lien entre l'Indo‑Pacifique et l'Euro‑Atlantique, comme vous le dites. L'Europe, les États-Unis, le Canada et d'autres pays ont imposé des sanctions pour plafonner le prix auquel la Russie peut vendre son pétrole. Ce prix est beaucoup plus bas, donc la Russie fait moins de profit, mais elle vend son pétrole quand même. Il y a des discussions accrues du côté des ministres des finances pour voir comment on pourrait limiter davantage la capacité de la Russie à obtenir des revenus pétroliers.
À mon avis, l'une des conséquences de la guerre en Ukraine qui peuvent être néfastes à la Russie à long terme est sa dépendance beaucoup plus forte à la Chine. Dans cette relation Chine-Russie, cette dernière se retrouve vraiment comme un partenaire moins important. À long terme, certains membres de l'élite russe se demandent si la Russie a bien manœuvré sur ce plan. Il y a quand même certaines réticences soulevées.
L'une des choses que nous regardons de près, et qui sont tout de même inquiétantes, c'est la dynamique entre la Russie et la Corée du Nord. Celle-ci est devenue une partenaire importante de la Russie dans son conflit en Ukraine par son envoi en sol ukrainien de soldats, d'armes, de missiles balistiques, de munitions, etc.
Il y a une autre conséquence, comme l'a dit plus tôt M. Curran: les théâtres euro-atlantique et indo-pacifique deviennent beaucoup plus intégrés. S'il y a un conflit en Europe avec la Russie, il ne faut pas sous-estimer la possibilité qu'il y ait, ailleurs, un conflit avec la Chine.
Veuillez pardonner la longueur de ma réponse.
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Oui, tout à fait. J'ai le plaisir de gérer notre programme d'aide militaire à l'Ukraine. Je suis très fier du travail que nous avons accompli en ce qui a trait aux véhicules blindés dont les députés ont parlé et qui ne sont plus utilisables.
C'est incroyablement difficile pour les Ukrainiens. Comme nous l'avons déjà mentionné, il y a une augmentation importante des attaques de missiles balistiques et de drones. Lorsque nous parlons aux Ukrainiens, ils nous soulignent constamment la nécessité d'investir davantage dans la défense aérienne, dans les obus d'artillerie et dans les drones.
Le Canada a joué un rôle important à cet égard. Nous avons récemment annoncé une contribution à une initiative États-Unis-OTAN, à savoir la liste des besoins prioritaires de l'Ukraine, qui permettra de fournir aux Ukrainiens de l'équipement militaire haut de gamme dont ils ont besoin de toute urgence, notamment des missiles Patriot. Nous avons également été en mesure de réaliser d'importants investissements dans l'industrie canadienne pour qu'elle soutienne les efforts de l'Ukraine, non seulement en fournissant des pièces, mais aussi de l'équipement comme des véhicules blindés, des munitions et d'autres types de soutien.
Notre travail contribue à aider l'Ukraine sur le terrain tous les jours. Nous sommes toujours désireux d'en faire plus, mais nous reconnaissons la nécessité de nous assurer que les investissements que nous faisons en valent la peine et sont pertinents pour le Canada et pour l'Ukraine.
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Je peux commencer à répondre, puis je laisserai le général poursuivre.
Je vous remercie de votre question.
Comme vous l'avez souligné et comme il a été mentionné plus tôt, on voit vraiment ce renforcement de coopération, surtout entre la Chine, la Russie, l'Iran et la Corée du Nord. Cela s'intensifie, mais, en même temps, ces quatre pays ont quand même leur propre programme. Ce n'est donc pas une alliance comme telle, mais il y a beaucoup plus de coordination et de coopération entre eux. Chacun de leur côté, ils ont des campagnes hybrides, des programmes de sabotage, d'espionnage, de tentative d'influence sur l'Occident et de minage du statu quo partout chez nos alliés.
Pour ce qui est de la coopération militaire, comme on l'a vu, la Corée du Nord a des contributions importantes dans le conflit en Ukraine, mais l'Iran également, avec des drones Shahed, etc. Il y a là une coopération accrue.
Je vais céder la parole au général Ritchie.
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Merci, monsieur le président.
Comme nous avons déjà abordé certaines de ces questions, je vais condenser mes observations autant que possible.
Nous venons tout juste de dire avec le vice-président qu'il s'agit de deux sujets importants qu'il faut aborder ensemble, car la sécurité de la région indo-pacifique et la sécurité de la région euro-atlantique sont interreliées. L'Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée sont tous des pays partenaires de l'OTAN dans la région, et la sécurité dans la région indo-pacifique a des répercussions directes sur la sécurité en Europe et ici chez nous.
Comme nous l'avons déjà dit, la Chine demeure une facilitatrice essentielle de la guerre menée par la Russie en Ukraine, et la coopération militaire entre la Corée du Nord et la Russie s'est approfondie, avec un transfert de militaires, comme l'a dit le général Ritchie, mais aussi avec des tactiques militaires, de la formation et, ce qui est important, le transfert de technologies.
Puisque l'Arctique chevauche l'Europe et le Pacifique, les deux régions demeurent cruciales pour notre sécurité nationale et notre prospérité économique.
[Français]
La région indo-pacifique est confrontée à de nombreux défis: la montée en puissance des régimes autoritaires menace les normes et principes démocratiques, la coercition diplomatique, économique et militaire, l'instrumentation du commerce et la remise en cause des droits de la personne et de la liberté des médias.
Nous observons notamment que la Chine tente de remodeler le système international afin de créer un environnement plus favorable à ses intérêts, nous demeurons particulièrement préoccupés par les efforts de la Chine visant à militariser l'avantage de la mer de Chine méridionale, notamment par l'utilisation des navires de guerre, des garde-côtes et des milices maritimes pour intimider et menacer les navires des autres États.
Ces activités remettent en question des normes établies de longue date et le droit international et portent atteinte aux droits de toutes les nations à opérer pacifiquement dans les espaces communs internationaux, que ce soit en mer ou dans les airs.
[Traduction]
Je vais parler brièvement de notre stratégie indo-pacifique et de nos opérations en cours puis passer aux questions.
Tout ce travail se fait par l'entremise de la stratégie plus large du Canada pour l'Indo-Pacifique, qui est dirigée par le ministère des Affaires étrangères, et grâce à l'élaboration de politiques industrielles de défense visant à renforcer, à sécuriser et à diversifier la base industrielle de défense du Canada.
Qu'il s'agisse de déployer trois navires de la Marine royale canadienne dans la région chaque année ou de participer à l'exercice Talisman Sabre, qui a été le plus grand déploiement des Forces armées canadiennes dans un exercice multilatéral stratégique, le ministère de la Défense nationale continue de contribuer à la stratégie indo-pacifique.
En particulier, par l'entremise de l'opération Horizon, qui est le principal mécanisme utilisé pour faire notre travail dans la région, nous faisons des choses comme nos traversées de routine à travers le détroit de Taïwan afin de maintenir la nature pacifique et accessible de cette voie navigable, qui est indispensable à la sécurité et à la prospérité de la communauté internationale.
Nous déployons également des efforts au moyen de l'opération Neon, qui continue de surveiller les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies contre la Corée du Nord. Nous maintenons notre soutien de longue date pour le Commandement des Nations unies et l'importance de la dénucléarisation et de la promotion de la paix sur la péninsule coréenne.
Ce n'est pas quelque chose que nous pouvons faire seuls. Nous devons travailler très étroitement avec nos partenaires, et c'est grâce à ce travail, je crois, que nous pouvons continuer de promouvoir les valeurs et les importantes priorités en matière de sécurité que nous avons dans la région et qui ont des répercussions directes sur notre travail ici chez nous.
Sur ce, nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Dans le cadre de notre politique de défense, nous avons cerné trois régions prioritaires. Naturellement, le Canada et l'Arctique ainsi que la protection des Canadiens revêtent une importance primordiale, mais nous avons également défini l'Europe et la région indo-pacifique comme étant d'autres régions prioritaires.
Dans le cadre de la stratégie pour l'Indo-Pacifique menée par Affaires mondiales Canada, notre engagement le plus important se fait par le biais de l'opération Horizon. Il s'agit en quelque sorte d'une initiative qui rassemble plusieurs de nos activités: le renforcement des capacités, les exercices d'entraînement et les trois navires que nous avons mentionnés.
Par le passé, on a critiqué le Canada — à juste titre selon moi — de ne pas avoir une présence durable dans la région. Il n'est pas rare que nous y arrivions pour en repartir rapidement, en raison d'autres priorités. C'est pourquoi nous avons essayé, à l'aide de l'opération Horizon, de garantir une présence durable et soutenue afin de pouvoir recueillir des renseignements ou des informations, ou d'approfondir nos relations dans cette région, et tirer parti de cette expérience et l'utiliser pour assurer, au bout du compte, la sécurité du Canada et des Canadiens.
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Monsieur le président, si vous me le permettez, il serait peut-être utile de situer la stratégie pour l'Indo-Pacifique dans son contexte, et d'expliquer la place qu'y occupe l'opération Horizon.
En 2022, le gouvernement a lancé la stratégie pour l'Indo-Pacifique, qui prévoit un investissement de 2,3 milliards de dollars sur cinq ans afin de renforcer et de diversifier nos échanges commerciaux dans la région, en plus d'accroître notre sécurité. Elle comporte cinq objectifs stratégiques interdépendants — développer le commerce, investir, rapprocher les peuples, bâtir un avenir durable et plus vert, et veiller à ce que le Canada joue un rôle actif — qui visent à promouvoir la paix, et c'est ce que fait le ministère de la Défense dans le cadre de l'opération Horizon.
Pourquoi intervenons-nous dans la région indo-pacifique? Il faut dire que cette région est celle qui connaît la croissance économique la plus rapide au monde et qui représente près des deux tiers de la croissance mondiale. D'ici 2030, elle abritera les deux tiers de la classe moyenne dans le monde et, d'ici 2040, elle représentera plus de la moitié de l'économie mondiale.
Notre stratégie pour l'Indo-Pacifique vise à promouvoir et à défendre les intérêts du Canada en favorisant une région plus sûre, plus prospère, plus inclusive et plus durable, tout en protégeant la sécurité nationale et économique du Canada sur son territoire. L'un des éléments importants de cette stratégie consiste à développer et à diversifier nos partenariats. À titre d'exemple, depuis le lancement de la stratégie, nous avons renforcé les partenariats que nous formons avec l'Australie, le Japon, la Corée du Sud et les Philippines.
Messieurs, on ne saisira pas la balle au bond, mais on va la reprendre là où on l'avait laissée tout à l'heure.
Vous avez parlé de la coopération, qui n'est pas une alliance, entre quatre acteurs qui ont chacun des intérêts. À ce sujet, y a-t-il des faits saillants à surveiller en particulier, ou des facteurs de divergence à observer?
Ensuite, je voudrais parler de l'Inde. J'ai abordé le sujet dans une question précédente. C'est un acteur plus complexe par rapport à tout ça.
Qu'aimeriez-vous nous dire là-dessus?
Je vous remercie de cette question.
Comme on l'a déjà dit, les quatre pays en cause ont des relations différentes les uns avec les autres. Je dirais que la Chine joue un rôle prédominant dans ces relations, mais que chacun joue quand même un rôle indépendant.
L'Iran a une relation beaucoup plus étroite qu'avant avec la Russie quant à la coopération matérielle en matière de défense et au soutien politique quant à la question nucléaire, par exemple. L'Iran a également une relation commerciale très étroite avec la Chine, notamment en ce qui a trait au pétrole.
Comme on l'a déjà dit, la Corée du Nord a une relation avec la Russie sur le plan militaire. Elle est aussi une partenaire très proche de la Chine.
Ce sont donc des éléments qu'on regarde. Le général Ritchie pourrait peut-être ajouter des exemples, s'il en a.
Vous avez aussi posé une question sur l'Inde. À ce sujet, j'aimerais simplement dire que nous avons des relations de longue date assez étroites, basées sur le respect mutuel...
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Je pensais que vous me laissiez une partie du dernier temps de parole.
Monsieur Laporte, j'avais l'intention de vous poser une question à la fin de la réunion, au moment de serrer la main des témoins. J'aimerais en savoir davantage sur le mécanisme de la filtration des envois. Vous disiez plus tôt qu'il y avait certaines catégories de puces et que cela se faisait au service frontalier.
Est-ce au moment où l'envoi se fait? Cela se fait-il au moment de l'enregistrement de l'expédition? Autrement dit, à quel moment y a-t-il une déclaration sur la nature de la marchandise pour l'exportateur?
Par ailleurs, y a-t-il une liste de pays à surveiller d'un peu plus près? Sans aller en profondeur, aidez-nous, s'il vous plaît, à démêler tout ça. Plus tôt, vous me disiez que vous n'étiez pas un expert de cette technologie. Parlez-nous des catégories d'exportation en lien avec la sécurité.
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Je vous remercie de votre question.
En effet, il existe plusieurs couches.
Il existe une liste des produits et des pays à surveiller. Lorsqu'une compagnie canadienne cherche à exporter un produit, elle doit demander au ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement si ce produit figure sur cette liste et obtenir sa permission. Nous faisons ensuite l'analyse du produit ou du composant et nous consultons le ministère de la Défense nationale et d'autres organisations, dont les services de sécurité, pour essayer d'en savoir plus sur le destinataire. À ce stade, la permission peut être accordée ou refusée.
Nous vérifions donc le type de produit à exporter et le pays destinataire. Nous nous penchons sur les répercussions que pourrait avoir l'exportation d'un produit sur la sécurité régionale d'un pays, les droits de la personne et l'intérêt national canadien.
Des vérifications se font aussi aux frontières par nos collègues d'ASFC, soit l'Agence des services frontaliers du Canada...
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Je suis surpris, mais ça va aller, ne vous en faites pas. Mon défi consiste plus souvent à poser une question à laquelle je pourrais obtenir une réponse à l'intérieur d'une minute.
Ce que je comprends de vos propos, c'est que des vérifications sont faites aux frontières, mais que vous n'êtes pas en mesure de nous dire de quelle façon elles se font.
Je sais cependant qu'il y a toutes sortes de façons d'expédier des objets par la poste. En tant que particulier, il m'arrive de commander des choses et de constater que le message écrit sur l'enveloppe à mon intention, en tant qu'importateur, est différent de celui écrit par l'exportateur. Il existe donc toutes sortes de façons de faire. Par exemple, certains objets expédiés sont déclarés comme étant des cadeaux, ce qui les classe dans une autre catégorie d'envoi.
Pensez-vous qu'il y a beaucoup de marchandises qui passent à travers les mailles du filet qui sont susceptibles de représenter un véritable danger pour notre sécurité, en lien avec l'Armée populaire de libération?