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Monsieur le Président, maintenant que nous avons déterminé clairement que l'audio fonctionne dans les deux langues, je suis reconnaissante de cette occasion historique de prendre la parole aujourd'hui et de corriger ce qui ne va pas.
Je vais poursuivre en disant que ce projet de loi a été déposé à la législature précédente, mais n'a pas franchi toutes les étapes. Le gouvernement précédent a mis en place des mesures intérimaires permettant d'accorder la citoyenneté de manière discrétionnaire aux Canadiens dépossédés de leur citoyenneté touchés par la limite de première génération, jusqu'à ce qu'un projet de loi apportant des correctifs soit adopté.
[Français]
Aujourd'hui, je présente le même texte de fond que celui du projet de loi afin d'assurer la continuité. J'attends avec impatience les commentaires de mes collègues à la Chambre et en comité alors que nous reprenons le travail.
Comme mes collègues le savent peut-être, on peut acquérir la citoyenneté canadienne de trois façons différentes: en naissant au Canada, en suivant le processus de naturalisation après avoir immigré d'un autre pays, ou en la transmettant à ses enfants. Chacune de ces façons de devenir Canadien a sa propre histoire.
[Traduction]
Quel que soit le parcours qui mène une personne à la citoyenneté, nous avons tous un lien qui nous unit: notre engagement envers les droits, les responsabilités et les valeurs communes qui définissent la vie au Canada. Nous vivons dans un pays qui soutient les droits de la personne, l'égalité et le respect pour tous. L'intégrité de nos valeurs dépend de la façon dont nous les défendons, surtout dans des domaines comme la citoyenneté par filiation, où des difficultés persistent pour certaines familles, à cause de décisions prises il y a des dizaines d'années.
L'histoire canadienne est façonnée par des générations de gens qui ont choisi de poursuivre leurs rêves et d'élever leur famille ici. Dans de nombreux cas, comme pour ma famille en Nouvelle‑Écosse et bien des gens qui sont arrivés au Quai 21 à Halifax, ces personnes sont venues de l'étranger pour saisir une occasion et se sont bâti une nouvelle vie grâce à leur travail acharné et à leur persévérance.
[Français]
Pour comprendre le défi auquel nous sommes confrontés, il est important de revenir brièvement sur l'histoire de la législation canadienne en matière de citoyenneté.
[Traduction]
La première loi sur la citoyenneté canadienne a été adoptée en 1947. À l'époque, certaines dispositions pouvaient empêcher des personnes d'obtenir la citoyenneté ou leur faire perdre leur citoyenneté même si elles avaient des liens étroits avec le Canada. Ces dispositions désuètes ont été graduellement modifiées ou abrogées au fil des ans, notamment avec la présentation d'une nouvelle loi sur la citoyenneté en 1977.
Les personnes touchées par ces dispositions sont maintenant connues sous le nom de « Canadiens dépossédés ». Les modifications apportées à la Loi sur la citoyenneté en 2009 et en 2015 ont réglé la majorité de ces anciens cas. Grâce à ces modifications, depuis 2009, environ 20 000 personnes ont communiqué avec notre ministère et ont reçu un certificat de citoyenneté canadienne.
Au fil des décennies, des modifications apportées aux lois sur la citoyenneté ont permis à des Canadiens de transmettre la citoyenneté à leurs enfants et à leurs petits‑enfants nés à l'étranger, mais seulement si certaines conditions sont respectées. Après l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la citoyenneté canadienne en 1977, les enfants nés à l'étranger d'un parent lui‑même né à l'étranger devaient présenter une demande officielle avant l'âge de 28 ans afin de conserver leur citoyenneté. S'ils ne présentaient pas une demande ou si leur demande était rejetée, ils perdaient leur citoyenneté.
Certaines personnes n'étaient pas au courant de cette exigence. Il y en a qui ont fait leur vie au Canada sans savoir qu'elles risquaient de former un nouveau groupe de Canadiens déchus de leur citoyenneté. Auparavant, mon ministère recevait entre 35 et 40 demandes par année pour remédier au statut de personnes touchées par cette ancienne règle, mais c'est en baisse depuis quelques années.
Cependant, la révision de la loi en 2009, qui avait remédié à la plupart des cas de Canadiens dépossédés de leur citoyenneté, avait également créé une nouvelle règle: la citoyenneté par filiation était limitée à la première génération d'enfants nés à l'extérieur du Canada, ce qui signifie que les enfants nés de citoyens canadiens eux-mêmes nés à l'étranger n'y avaient plus automatiquement droit. Cette limite de la première génération a depuis été contestée devant les tribunaux, et c'est pourquoi je suis ici aujourd'hui.
En décembre 2023, la Cour supérieure de justice de l'Ontario a statué que certaines dispositions relatives à la règle de la première génération étaient inconstitutionnelles. Cette décision nous rappelle que toutes les familles canadiennes doivent être traitées sur un pied d'égalité, peu importe le pays de naissance des enfants, et que les Canadiens qui entretiennent un lien véritable avec le Canada devraient être libres de déménager à l'étranger, de fonder une famille, puis de revenir ensuite sans perdre le droit de transmettre leur identité et leur citoyenneté canadiennes. La décision de la Cour supérieure de justice de l'Ontario reflète ce que de nombreux défenseurs disent depuis longtemps: à cause de définitions désuètes ou trop restrictives, certaines personnes n'ont pas accès à la citoyenneté, ce qui est inacceptable. Nous devons considérer la question avec délicatesse et ouverture.
Un groupe très restreint de Canadiens demeure affecté par le critère de 28 ans. Il s'agit des personnes nées à l'étranger de la deuxième génération ou d'une génération subséquente entre 1977 et 1981, qui avaient atteint l'âge de 28 ans et qui avaient perdu leur citoyenneté avant l'entrée en vigueur de la mise à jour législative de 2009.
Les difficultés que connaissent les Canadiens dépossédés de leur citoyenneté ont été soulevées de manière réfléchie à la Chambre et ailleurs. Par exemple, en 2022, la sénatrice Yonah Martin a présenté un projet de loi d'intérêt public du Sénat, le projet de loi , dans le but de traiter la question relative à l'âge de 28 ans. Son travail a été soutenu par les personnes concernées par ce projet de loi, par des juristes, ainsi par des décideurs de toutes les allégeances politiques. Le projet de loi S‑245 a ensuite été amendé par le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration afin de permettre l'accès à la citoyenneté par filiation au-delà de la première génération pour les personnes qui peuvent prouver qu'elles ont un lien substantiel avec le Canada.
C'est là que notre nouveau projet de loi, le projet de loi , prend le relais. Il inclut de nombreuses améliorations suggérées au comité, reflète la contribution de plusieurs experts, et prend en compte l'opinion de simples citoyens.
[Français]
Je tiens à remercier les nombreux défenseurs qui ont offert leur témoignage, leur temps et leur attention afin de mettre à jour notre loi sur la citoyenneté.
[Traduction]
Le projet de loi propose de rétablir la citoyenneté canadienne des personnes qui l'ont perdue à cause de la règle abrogée des 28 ans. Les personnes nées à l'extérieur du Canada d'un parent canadien de la deuxième génération ou d'une génération suivante avant que la nouvelle loi entre en vigueur obtiendraient la citoyenneté canadienne. Toute personne adoptée à l'étranger par un parent canadien, au‑delà de la première génération, avant que cette nouvelle loi entre en vigueur, pourrait à ce titre demander une attribution directe de la citoyenneté.
Le projet de loi donnerait dorénavant un accès à la citoyenneté au‑delà de la première génération, pourvu que le parent canadien puisse démontrer un lien substantiel avec le Canada. Ce lien substantiel sera mesuré au moyen du temps passé au Canada. Pour transmettre sa citoyenneté canadienne, le parent canadien devra au total avoir séjourné 1 095 jours, pas nécessairement consécutifs, au Canada avant la naissance de son enfant.
Le projet de loi permettrait également aux parents adoptifs canadiens qui sont nés à l'étranger de demander une attribution de la citoyenneté pour leurs enfants adoptés à l'étranger du moment qu'ils respectent le critère du lien substantiel. Si le parent adoptif a séjourné, au total, trois ans au Canada avant l'adoption, son enfant peut bénéficier de l'attribution de la citoyenneté aux personnes adoptées. Bien entendu, celui-ci devrait également présenter une demande.
Nous reconnaissons que la citoyenneté ne doit pas être imposée aux gens qui ne la désirent pas; il faut donc que ce choix reste libre, humain et exempt de lourdeurs administratives, tout particulièrement pour les personnes qui doivent composer avec des systèmes juridiques complexes à l'international. Dans de nombreux pays, la double nationalité empêche en effet d'accéder à certains emplois, notamment au sein de la fonction publique, de l'armée ou des services de sécurité nationale. Parfois, le fait de posséder la nationalité d'un autre pays peut par ailleurs poser des obstacles sur les plans juridique, professionnel ou autres, y compris en limitant l'accès aux prestations. C'est pourquoi ce projet de loi permettra d'accéder à la même procédure simplifiée de répudiation que celle qui a été mise en place en 2009.
[Français]
Si ce projet de loi est adopté, nous nous engageons à mettre en œuvre les modifications proposées de façon exhaustive et sans délai. Il ne s'agit pas seulement d'une mise à jour législative nécessaire, il s'agit aussi d'une mise à jour urgente. Elle est urgente parce que des familles ont attendu trop longtemps avant d'être reconnues comme canadiennes en vertu de la loi. Elles ont attendu pendant que les tribunaux délibéraient. Elles ont attendu pendant que les gouvernements débattaient. Aujourd'hui, mettons fin à cette attente.
[Traduction]
En réponse au jugement selon lequel la disposition est inconstitutionnelle et aux émouvants appels à la justice lancés depuis des décennies, nous avons la chance de réaffirmer le fait que la citoyenneté canadienne représente plus qu'un simple statut juridique: elle est aussi l'expression vivante de nos valeurs communes. J'invite donc tous les députés à faire avancer ce projet de loi. Je suis ouverte à tout dialogue constructif sur les améliorations à y apporter, que ce soit à la Chambre ou à l'étape de l'étude en comité.
Je suis impatiente de collaborer avec les autres partis pour que ce projet de loi soit adopté le plus rapidement possible. Comme je l'ai dit, de nombreuses personnes attendent. Ensemble, nous pouvons faire ce qu'il faut pour que la Loi sur la citoyenneté reflète l'esprit de l'identité canadienne.
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Monsieur le Président, comme c'est mon premier discours de la nouvelle législature, je veux prendre un moment pour remercier les gens de Saskatoon-Ouest de m'avoir choisi comme député pour les représenter à Ottawa.
Bien entendu, je tiens à remercier du même souffle certaines des personnes qui m'ont aidé. Je vais commencer par ma famille. Nous savons tous que nous ne pouvons pas faire du bon travail dans cette enceinte sans l'appui de notre famille. Je veux remercier ma femme, Cheryl; mes fils, Kyle et Eric, ainsi que mes parents vieillissants, Alvin et Irene Redekopp, qui n'ont pas pu nous aider autant cette fois‑ci, mais qui me gardent toujours dans leurs pensées.
Les membres de mon équipe principale de campagne étaient Steve, Daniel, Jared, Marian, Lisa, Carol, Jason, Deb et Judy, et les membres de mon équipe principale chargée du porte‑à‑porte étaient Ope, Yash, Sutter, Rito, Effay et Doug. Je tiens à remercier l'ensemble des bénévoles et des donateurs ainsi que toutes les autres personnes qui nous ont donné un coup de main.
Je vais continuer de faire de mon mieux pour représenter Saskatoon-Ouest à la Chambre et faire entendre la voix des gens de Saskatoon à Ottawa.
Je vais maintenant parler du projet de loi . C'est une mesure législative recyclée, comme la vient de le mentionner, qui correspond au projet de loi qui a été déposé à la dernière législature. En fait, ce dernier était lui-même une nouvelle mouture du projet de loi , un projet de loi d'initiative parlementaire que le gouvernement a fortement amendé avec l'aide de l'ancien parti qui siégeait ici, le Nouveau Parti démocratique. Les conservateurs s'y sont opposés à l'époque, et le projet de loi comporte toujours de graves lacunes.
Celui‑ci est composé de trois grandes parties. La première concerne la citoyenneté par filiation, la deuxième porte sur les enfants adoptés et la troisième présente une solution pour résoudre le problème des Canadiens qui ont perdu leur citoyenneté, problème qui se trouve dans la loi actuelle.
Les conservateurs ne peuvent pas soutenir le projet de loi dans sa version actuelle, principalement à cause des dispositions sur la citoyenneté par filiation. Le projet de loi compromettrait l'intégrité de la citoyenneté canadienne en offrant automatiquement celle-ci à plusieurs générations de personnes nées à l'étranger qui ont un lien minime avec le Canada. C'est une solution libérale classique à un problème. Nous avons un problème, comme la l'a indiqué, et je vais parler d'une poursuite judiciaire dans un instant. Il y a des raisons d'agir, mais la solution offerte par les libéraux laisse à désirer. C'est une mauvaise solution. Ce projet de loi ne règle pas vraiment le problème de manière adéquate.
Les conservateurs vont proposer des amendements à l'étape de l'étude par le comité. Comme Andrew Griffith d'Options politiques l'a souligné, « la citoyenneté canadienne est un cadeau précieux. Il faut que les parlementaires se réunissent en comité pour réaliser un examen approfondi des conséquences qu'aurait une obligation de résidence de durée indéterminée. »
Je vais parler d'abord des aspects problématiques de la citoyenneté par filiation et des raisons pour lesquelles les conservateurs voteront contre. Remontons un peu dans le temps pour comprendre comment nous en sommes arrivés là. Avant 2009, les citoyens canadiens pouvaient transmettre leur citoyenneté de génération en génération à des personnes nées à l'extérieur du Canada. Il ne fallait pas nécessairement avoir des liens significatifs avec le Canada ni même y avoir déjà vécu pour transmettre sa citoyenneté à l'infini.
Au milieu des années 2000, une crise a éclaté au Liban. De nombreux Canadiens d'origine libanaise, qui craignaient pour leur sécurité et qui s'inquiétaient de la situation à Beyrouth, se sont alors assurés de transmettre la citoyenneté canadienne à leurs enfants. Lorsque la situation est devenue extrêmement difficile à Beyrouth, ils ont demandé au gouvernement canadien de porter secours à leurs enfants. En 2006, le gouvernement canadien a dépensé 94 millions de dollars pour rapatrier environ 15 000 Libano-Canadiens au Canada. Ces personnes avaient la citoyenneté canadienne, mais la plupart d'entre elles n'avaient jamais vécu au Canada ou n'y avaient séjourné que très brièvement. On appelle « Canadiens par opportunisme » ces gens qui ont acquis la citoyenneté malgré le caractère très ténu de leurs liens avec le Canada.
Il est intéressant de noter que bon nombre de ces personnes qui ont été secourues à Beyrouth sont venues au Canada pendant un certain temps, mais que beaucoup d'entre elles sont retournées directement au Liban, ce qui a mis fin à leur lien avec le Canada. Cela a coûté 94 millions de dollars aux contribuables canadiens. Le gouvernement Harper a par la suite présenté un projet de loi pour créer ce qu'on appelait la règle de la première génération.
Après 2009, la règle a changé de telle sorte qu'un citoyen né à l'étranger pouvait transmettre sa citoyenneté à son enfant né à l'étranger pour une génération, mais quelqu'un de la génération suivante née à l'étranger ne devenait pas automatiquement un citoyen. C'est ce qu'on appelait la limite de la première génération, que le projet de loi à l'étude abolirait en permettant aux gens de transmettre leur citoyenneté à leurs enfants sans fin, de génération en génération, à la seule condition de passer 1 095 jours au Canada, ce dont je parlerai un peu plus en détail. Tout ce qu'une personne doit faire pour répondre aux exigences, c'est de vivre quelques années au Canada.
Pourquoi fait‑on cela maintenant? En 2023, la Cour supérieure de l'Ontario a statué que la règle de la première génération était inconstitutionnelle. Le gouvernement libéral, dans sa grande sagesse, a alors décidé de ne pas interjeter appel et d'accepter tout simplement la décision. Il aurait pu interjeter appel de la décision auprès d'une instance supérieure, mais il a choisi de ne pas le faire et de s'engager à modifier la loi.
La Cour a toutefois déclaré qu'il était raisonnable d'appliquer un critère pour déterminer l'existence de liens importants avec le Canada. Elle était consciente qu'on ne peut pas accorder la citoyenneté comme on distribue des bonbons; il faut à tout le moins que la personne ait un lien avec le Canada. La Cour a dit que l'instauration d'un critère déterminant l'existence de liens importants serait acceptable en vertu de la loi.
Le gouvernement libéral a choisi de créer un critère déterminant l'existence de liens importants qui ne sont en fait pas du tout importants. Le critère s'élève à 1 095 jours, soit environ trois ans. C'est le nombre de jours que les demandeurs seraient censés passer au Canada avant la naissance d'un enfant. Il ne s'agit pas de jours consécutifs; il peut s'agir d'un mois ici, d'un mois là. Et trois ans, c'est très peu. Le gouvernement n'aurait même pas le moyen de savoir si les demandeurs ont passé tout ce temps au Canada. Le demandeur devrait signer une déclaration sous serment. C'est un engagement bien faible pour devenir citoyen canadien et ensuite transmettre cette citoyenneté à ses enfants. Le critère ne permet pas d'évaluer l'engagement réel, car les jours ne doivent pas nécessairement être consécutifs.
L'autre problème, c'est qu'il n'y aurait aucune vérification des antécédents criminels. Nous risquons alors d'accorder la citoyenneté à des enfants ayant potentiellement de graves antécédents criminels, mais nous n'en saurions rien parce que nous n'aurions même pas vérifié. Quand des immigrants arrivent dans notre pays, le gouvernement consacre beaucoup d'efforts à vérifier leurs antécédents en matière de sécurité. Dans certains cas, il peut falloir jusqu'à un an ou plus pour que leur dossier soit traité par les services de sécurité.
Andrew Griffith, d'Options politiques, a dit ce qui suit:
Pour remédier au problème, le projet de loi C‑71 [au sujet de la loi précédente] s'appuie sur la résidence comme « critère des liens substantiels ».
Néanmoins, la nouvelle norme prévue dans le projet de loi C‑71, qui exige qu'un parent canadien né à l'étranger ait passé un total de 1 095 jours au Canada [...] diffère considérablement de ce qui est exigé des nouveaux arrivants.
[...] le gouvernement a négligé de tenir compte des conséquences d'une telle exigence à durée indéterminée.
Je signale qu'aux États‑Unis, on ne peut accorder la citoyenneté qu'à la première génération. Les gens doivent avoir résidé au moins cinq ans aux États‑Unis, dont deux ans après l'âge de 14 ans, et se soumettre à des vérifications particulièrement strictes. Au Royaume‑Uni, seule la première génération peut être admise. Le gouvernement libéral a choisi de ne pas appliquer certaines des règles très strictes dont se sont dotés nos pays partenaires, ce qui a affaibli de manière considérable le critère des liens.
Ces considérations soulèvent une question: que signifie être citoyen? Je crois que ce projet de loi dévalorise la citoyenneté. Il existe un organisme appelé l'Institut pour la citoyenneté canadienne qui fait un excellent travail dans ce domaine et aide de nombreux nouveaux arrivants au pays. Daniel Bernhard, qui en est le chef de la direction, a dit ceci:
Le sentiment d'appartenance a une portée très puissante. Si les personnes ne considèrent pas le Canada comme leur société, elles ne vont pas se dévouer à notre société, s'impliquer dans notre culture et contribuer au maximum de leurs efforts au succès de notre société. C'est un danger qui nous concerne tous.
Nous devons nous retrousser les manches pour rétablir la valeur d’être Canadien.
La citoyenneté, c'est le lien qui unit une personne à sa patrie. Elle signifie que l'on est présent pour son pays, dans les bons comme dans les mauvais moments. C'est jouir de la paix au Canada, participer fièrement aux guerres lorsque nécessaire et être disponible pour maintenir la paix à d'autres moments. Par ailleurs, les gens doivent comprendre la situation actuelle de notre pays. Ils doivent vivre ici pour comprendre certains des problèmes qui touchent notre pays aujourd'hui, notamment l'épidémie de criminalité, les logements chers et introuvables, les lacunes en matière de soins de santé, y compris le manque de médecins et les listes d'attente, les impôts élevés et la crise des drogues, dont le fentanyl. Les gens ignorent tout cela s'ils vivent dans un autre pays.
Il est également important de comprendre notre histoire et d'être fiers de nos réalisations, notamment celles de nos équipes sportives, même si certains partisans encouragent les équipes d'autres pays. Personne ne fait cela, n'est-ce pas? Nous devons être fiers de nos équipes et de la beauté de notre pays. Nous devons croire aux valeurs et aux normes canadiennes: la démocratie, l'égalité et le refus de se livrer à des guerres et des querelles religieuses. De nombreuses personnes viennent au Canada en provenance d'autres pays. Elles apportent leur culture, leur nourriture et tous les aspects positifs de leur pays. Souvent, ces gens fuient des situations difficiles, notamment la guerre et les conflits. Nous n'avons pas besoin d'importer ces guerres au Canada; nous pouvons intégrer les aspects positifs et bâtir un pays et une société qui fonctionnent pour nous ici.
Les gens qui viennent ici profitent de notre filet de sécurité sociale, mais il est très important qu'ils y participent en payant des impôts. Le Canada en est fier; nous prenons grand soin de nos concitoyens, mais il y a un coût à cela. Il est profondément injuste que des gens qui n'ont jamais participé à notre régime fiscal s'attendent à en bénéficier.
Les Canadiens arborent fièrement le drapeau canadien le jour de la fête du Canada et, bien sûr, ils ont le droit de voter aux élections pour choisir les gouvernements.
En 2010, l'un de nos meilleurs ministres de l'Immigration, Jason Kenney, a déclaré ce qui suit:
La citoyenneté c’est plus — beaucoup plus — que le droit d’avoir un passeport ou de voter. La citoyenneté définit qui nous sommes en tant que Canadiens, y compris nos responsabilités mutuelles les uns envers les autres et notre engagement commun envers les valeurs qui sont enracinées dans notre histoire — comme la liberté, l’unité et la loyauté. Voilà pourquoi nous devons protéger la valeur de la citoyenneté canadienne et prendre des mesures contre ceux qui la déprécient.
Je pense que les mesures législatives proposées la déprécient. Les libéraux n'ont pas ménagé leurs efforts pour déprécier ce que cela signifie que d'être citoyen canadien. On a qu'à penser aux observations formulées par l'ancien premier ministre, Justin Trudeau, à savoir que le Canada était un pays postnational et que la citoyenneté et le fait d'être le pays que nous sommes ne signifiaient pas grand-chose de plus que les frontières qui nous entourent.
Il suffit de regarder le passeport pour s'en rendre compte. La façon dont le gouvernement libéral a modifié le passeport afin d'en supprimer tous les symboles qui ont une signification et les remplacer par des images insignifiantes et des éléments qui ne veulent rien dire et qui ne donnent aucune idée de ce que cela signifie d'être Canadien n'est qu'un petit exemple de la façon dont le gouvernement s'est employé à déprécier la citoyenneté. Je pense que le projet de loi ne fait qu'accentuer cette tendance.
Une autre de mes principales préoccupations concerne l'expansion incontrôlée de la citoyenneté que ce projet de loi permettrait. Ken Nickel‑Lane, un consultant en immigration, a déclaré au Times of India ce qui suit: « À première vue, cette annonce semble ouvrir la voie à une chaîne de citoyenneté sans fin ». Il a tout à fait raison.
Lorsque la question a été examinée par le comité de l'immigration au cours de la législature précédente, nous avons posé de nombreuses questions aux représentants du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté au sujet du nombre de personnes qui obtiendraient la citoyenneté en vertu des dispositions du projet de loi. Ils n'ont pas pu répondre à la question. En fait, ils ont refusé de répondre à la question. Nous avons posé la question à maintes reprises et de différentes manières, mais ils n'ont jamais répondu à la question.
Le directeur parlementaire du budget a en fait mené une étude sur le projet de loi au cours de la dernière législature, et il a estimé qu'il permettrait de créer au moins 115 000 nouveaux citoyens au cours des cinq premières années, dont la plupart vivraient à l'étranger. Bien sûr, ce nombre pourrait ensuite doubler à chaque génération, ce qui pourrait nous amener à avoir un grand nombre de nouveaux citoyens qui n'ont que très peu de liens avec le Canada et qui ne participent jamais à quoi que ce soit au Canada. Andrew Griffith, de l'institut Options politiques, a déclaré: « On estime à quatre millions le nombre de Canadiens vivant à l'extérieur du Canada. Environ la moitié d'entre eux sont nés à l'étranger ».
Nous devons veiller à ne pas alourdir notre fardeau en accordant la citoyenneté à des personnes qui ne contribuent pas du tout au Canada. Il n'est pas surprenant que le gouvernement ne puisse pas répondre aux questions sur les chiffres. Ceux qui étaient présents la semaine dernière se souviendront peut-être que, quand nous avons interrogé la au sujet du budget des dépenses, nous lui avons posé toutes sortes de questions sur les principaux points de la politique gouvernementale.
L'une des grandes politiques du gouvernement libéral consiste à réduire le nombre de résidents non permanents. J'ai interrogé la sur les chiffres, et elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'ils représentaient. Une autre politique phare consiste à réduire la population cette année. Le gouvernement prévoit que la population totale diminuera d'un demi-million de personnes, mais elle n'a pas encore baissé du tout, et pourtant la ministre semblait ne pas être au courant. Je ne suis donc pas surpris que la ministre et le ministère n'aient aucune idée du nombre de personnes qui seraient touchées par ce projet de loi. Je crois qu'il faut vraiment savoir quel serait son impact sur le Canada.
Un autre problème est le coût rattaché au projet de loi. Combien cette mesure coûtera‑t‑elle aux contribuables? Comme je le disais, les fonctionnaires du ministère de l'Immigration ne le savent pas. Ils n'ont pas pu répondre à la question. Ils ne semblaient pas s'être penchés sur la question, mais le directeur parlementaire du budget, lui, l'a fait. Il a estimé à 21 millions de dollars sur cinq ans les coûts administratifs nécessaires pour traiter les demandes additionnelles liées à la citoyenneté, aux passeports et aux programmes sociaux.
En passant, si 115 000 personnes commençaient à recevoir la sécurité de la vieillesse à 65 ans et que ces personnes venaient vivre au Canada et recevaient des prestations, les coûts s'élèveraient à 1 milliard de dollars par année. Les coûts pour les contribuables canadiens pourraient s'avérer astronomiques. Il ne faut pas sous-estimer ces coûts.
Je cite encore Andrew Griffith: « Il faut qu'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada détermine et publie des estimations sur le nombre approximatif de personnes qui obtiendraient leur citoyenneté à la suite de ce changement, de même que sur l'augmentation de la charge de travail et des ressources nécessaires, et ce, avant l'étude du projet de loi en comité. » Je suis d'accord avec lui. Il faut obtenir ces données si nous voulons réaliser une étude sérieuse du projet de loi.
En résumé, la citoyenneté par filiation éliminerait la limite de la première génération et permettrait d'accorder la citoyenneté d'une génération à l'autre pourvu, tout simplement, que le critère — assez faible au demeurant — de « lien substantiel » de 1 095 jours non consécutifs passés au Canada soit respecté. Le processus ne prévoit aucune vérification des antécédents judiciaires. Voilà les raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas appuyer le projet de loi.
Il y a une deuxième disposition dans le projet de loi qui concerne les enfants adoptés. À l'heure actuelle, si une personne adopte un enfant à l'étranger, une fois que l'adoption est conclue, elle doit suivre le processus de demande de résidence permanente pour l'enfant, comme n'importe quelle autre personne aurait à le faire, et c'est long. Il y a de nombreux coûts, des frais juridiques, et ce peut être une période stressante pour une nouvelle famille. Le projet de loi traiterait essentiellement un enfant adopté à l'étranger comme s'il était né au Canada. Donc, une fois que l'adoption est finalisée, l'enfant obtient la citoyenneté canadienne. Nous appuyons cette démarche. Nous appuyons le traitement équitable des enfants adoptés. Nous l'avons fait dans le passé, et nous continuerons de le faire. C'est logique. Il s'agit d'un changement judicieux qui éviterait de pénaliser les parents qui adoptent des enfants à l'étranger et qui permettrait que ces enfants soient traités de la même manière que s'ils étaient nés au Canada. J'en ai parlé à la législature précédente lorsque la question a été soulevée au comité. Le président sait très bien que nous avons appuyé cette disposition et que nous l'appuierions si elle était présentée seule.
La troisième partie du projet de loi porte sur le rétablissement de la citoyenneté des Canadiens l'ayant perdue. Cette partie est également raisonnable, et lorsque le projet de loi a été renvoyé au comité, nous l'avons appuyée. La façon la plus simple de l'expliquer, c'est en disant que le droit de l'immigration et de la citoyenneté est très compliqué. Lorsqu'on apporte des changements au fil des ans, il y a parfois des conséquences imprévues, comme c'est le cas ici. Un groupe de personnes nées au cours d'une période de quatre ans — de 1977 à 1981, je crois — devaient présenter une demande de citoyenneté avant l'âge de 28 ans, faute de quoi elles la perdaient, ce qui n'a jamais été l'intention de la loi. C'est une simple erreur qui s'est produite en raison des modifications législatives apportées au fil des ans. Il faut donc régler ce problème, car personne ne devrait perdre sa citoyenneté. D'ailleurs, la sénatrice Yonah Martin a soulevé cette question pendant les délibérations sur le projet de loi . Elle a dit:
Beaucoup de ces personnes ont grandi au Canada à partir d’un jeune âge. Bien qu’elles soient nées à l’étranger, plusieurs sont arrivées au Canada lorsqu’elles étaient jeunes, certaines en tant que nourrissons. Ces personnes ont reçu leur éducation au Canada, elles ont élevé leurs enfants au Canada, et elles ont travaillé et payé des impôts au Canada. Pourtant, elles ont atteint l’âge de 28 ans sans savoir que leur citoyenneté leur serait retirée en raison d’un changement de politique [en] 1977, qui exige que les Canadiens [...] demandent de conserver leur citoyenneté rendus à 28 ans.
C'est essentiellement ce que ferait cette partie du projet de loi. On réglerait un problème découlant de conséquences imprévues. Le projet de loi présenté au départ par la sénatrice Martin visait simplement à régler cette question, comme plusieurs avaient essayé de le faire auparavant sans toutefois y parvenir. Malheureusement, le gouvernement libéral, avec l'aide du Nouveau Parti démocratique, qui était alors reconnu par la Chambre, s'est ligué contre le projet de loi d'initiative parlementaire de la sénatrice Martin lorsqu'il a été renvoyé en comité, et y a apporté des changements substantiels pour y intégrer des éléments comme la citoyenneté par filiation. Il était très injuste qu'un projet de loi d'initiative parlementaire soit ainsi détourné de son objectif par le gouvernement, avec l'aide des députés néo-démocrates, et c'est pourtant ce qui s'est produit, de sorte que ce projet de loi est mort au Feuilleton. Cela rappelle à la Chambre que nous devrions respecter certaines choses, et que cela inclut certes les projets de loi d'initiative parlementaire.
Pour résumer, nous appuyons certains éléments du projet de loi, comme je l'ai mentionné. Nous appuyons les aspects liés à l'adoption et aux Canadiens qui ont perdu leur citoyenneté, mais nous ne pouvons pas appuyer la citoyenneté par filiation pendant des générations. Nous ne pouvons pas permettre que des générations de personnes ayant un lien très faible avec le Canada obtiennent malgré tout leur citoyenneté. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et ne pas vérifier leurs antécédents, et nous devons faire bien attention de ne pas créer de conséquences inattendues, comme nous l'avons vu dans le passé.
Je rappelle à tout le monde que les libéraux ont brisé notre système d'immigration. Pendant des années, les Canadiens souscrivaient à notre politique d'immigration. Nous avons fait venir des travailleurs qualifiés pour combler des lacunes au sein de notre main-d'œuvre. Nous avons aidé des personnes déplacées ou mal traitées venant de partout dans le monde à s'installer au Canada. Nous avions une politique équilibrée, raisonnable et juste pour les immigrants, ce qui était bon pour notre économie et le Canada, mais les libéraux ont tout détruit. Ils ont ouvert les vannes. Ils ont fait venir des millions de personnes et engorgé le système au point où il faut maintenant des années pour traiter les dossiers, et le nombre trop élevé de cas a mené à des erreurs. L'année dernière, un père et son fils ont obtenu une habilitation de sécurité malgré une vidéo de 2015 qui les montre en train de participer à des actes violents, et ils planifiaient un complot terroriste. Des erreurs ont eu lieu à cause des systèmes engorgés.
Soyons clairs: ce n'est pas la faute des nouveaux arrivants au pays. C'est de toute évidence la faute du gouvernement. Les immigrants ne faisaient que ce que le gouvernement libéral leur avait demandé de faire. Ils n'avaient aucune idée qu'ils venaient dans un pays qui n'était pas prêt à les accueillir. Par conséquent, tous les Canadiens doivent composer avec des pénuries de logement, des pénuries d'emploi records, des problèmes de soins de santé, etc. Les conservateurs croient qu'il faut des règles d'immigration et de citoyenneté qui respectent...
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Monsieur le Président, j'espère sincèrement que ce sera la dernière fois que je ferai un discours sur un tel projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Ça commence à faire beaucoup puisqu'il y a eu les projets de loi et . Là, on est rendu au projet de loi . J'espère qu'on va régler ça une fois pour toutes.
Il y a plusieurs mois, j'avais pris la parole à la Chambre justement pour parler du projet de loi C‑71, qui était en réalité une reprise du projet de loi S‑245 qui visait à corriger une injustice historique en octroyant la citoyenneté à des Canadiennes et à des Canadiens dont les dossiers avaient été oubliés dans les craques du plancher. Je parlais alors d'enfants de parents canadiens qui étaient nés à l'étranger et qui avaient perdu leur citoyenneté en raison de changements dans les règles fédérales ou pour d'autres conditions qui nous semblaient alors difficilement justifiables. Les projets de loi S‑245 et C‑71 visaient essentiellement à redonner la citoyenneté à tous ces gens qui ont perdu leur statut en raison des dispositions trop complexes, souvent injustes, des lois canadiennes précédentes.
C'est donc cette idée que reprend le projet de loi C‑3 présenté tout récemment par le gouvernement. Dans les faits, le projet de loi C‑3 reprend l'entièreté des amendements proposés au projet de loi C‑71 dans l'ancienne législature qui visaient à corriger ces injustices et ces erreurs de la fameuse Loi sur la citoyenneté.
Le projet de loi répond aussi à un jugement de la Cour supérieure de justice de l'Ontario, qui a déclaré que la limite de transmission de la citoyenneté aux enfants de Canadiens nés à l'étranger à la première génération était inconstitutionnelle. Le gouvernement avait alors six mois pour modifier la loi. Le projet de loi C‑3 a été déposé comme garantie, parce que le projet de loi S‑245 et même le projet de loi C‑71 ne pouvaient malheureusement pas suivre leur cours. Cela a été malheureux et c'est en partie à cause d'une certaine partisanerie un peu crasse de la part de certains partis politiques.
Sur ce point, je tiens à rappeler ceci. Malgré mes divergences d'opinions parfois avec mes collègues des autres partis qui siègent à la Chambre, on le sait, je n'ai pas l'habitude de tomber là-dedans. Je n'ai pas l'habitude de faire de l'obstruction durant les rencontres de comités. Je pense même que, surtout sur ce genre de question, être transpartisan, souvent ça nous permet de faire notre travail. Personnellement, ça me permet d'encore mieux faire mon travail pour les Jeannois et les Jeannoises, que j'ai la chance de représenter à la Chambre depuis 2019.
Aujourd'hui, je vais parler non seulement pour les Québécoises et les Québécois, mais aussi pour un bon nombre de Canadiennes et de Canadiens dont les dossiers à IRCC sont depuis trop longtemps tombés dans les craques du plancher. Comme porte-parole du Bloc québécois en matière d'immigration, de réfugiés et de citoyenneté, je veux parler de citoyenneté canadienne. Je sais que c'est spécial de la part d'un bloquiste, mais ça touche tout le monde ici et un bon nombre de Québécois et de Québécoises. Je veux parler de ces personnes qu'on surnomme aujourd'hui les Canadiens dépossédés de la citoyenneté ou, plus communément, les Canadiens perdus, pour une disposition souvent méconnue et surtout complètement ridicule.
Selon les dernières estimations du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, il resterait entre 100 et 200 personnes qui n'ont toujours pas retrouvé leur citoyenneté dans le groupe des fameux Canadiens perdus. Le projet de loi vient corriger un oubli de la Loi sur la citoyenneté qui a été modifiée en 2009. On avait manqué une belle occasion de supprimer l'obligation pour ces personnes de réitérer leur demande de citoyenneté lorsqu'elles fêtaient leur 28e anniversaire. C'était complètement arbitraire comme mesure dans la modification apportée à la Loi en 2009 et ça aurait dû être supprimé.
Au risque de gâcher le suspense ou la surprise, et par souci de cohérence, j'annonce que nous, qui étions en faveur des projets de loi et , sommes en faveur du projet de loi et de son adoption rapide, mais rigoureuse. Quand je parle d'être rapide et rigoureux, il faut être efficace, mais il ne faut surtout pas adopter le projet de loi sous bâillon. J'enjoins tous les partis à ne pas utiliser cet outil qui est pour moi non démocratique et que la plupart des partis à la Chambre s'amusent à utiliser, dépendamment de la législature et de l'humeur du gouvernement. Je parle d'adopter le projet de loi rapidement, mais en respectant les étapes habituelles, c'est-à-dire qu'il faut l'étudier en comité et faire témoigner des experts. Je vais écouter les amendements des députés qui siégeront au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration. Nous allons les étudier et, comme je le disais, faire une analyse rigoureuse du projet de loi. Après, on verra et on discutera, mais on sait déjà à quoi s'attendre étant donné qu'on a déjà eu toutes ces conversations depuis nombre d'années à ce comité.
Nous voulons nous assurer que la portée du texte législatif demeure celle que nous souhaitons lui donner. Je pense que nous pouvons déjà nous attendre à ce qu'il n'y ait pas beaucoup d'amendements, puisque le projet de loi intègre essentiellement les amendements déjà proposés dans le projet de loi . À bien y penser, ce projet de loi correspond parfaitement à ce que devrait être notre vision contemporaine de la citoyenneté. La citoyenneté, une fois qu'elle est octroyée en bonne et due forme, ne devrait jamais être retirée à un individu, sauf en cas de menace à la sécurité nationale. Seul un citoyen peut renoncer lui-même librement à sa citoyenneté, et le gouvernement ne devrait pas la lui retirer pour une simple formalité, comme exiger qu'il la redemande avant son 28e anniversaire.
Comme tous les partis à la Chambre, le Bloc québécois adhère aux principes de la Déclaration universelle des droits de l'homme et les défend. Celle-ci stipule que « tous sont égaux devant la loi ». La citoyenneté est un statut juridique donné à tous les membres d'une même communauté. Cela vient avec des privilèges, mais aussi des devoirs. Dans le cas présent, l'État canadien a failli à ses obligations envers ses citoyennes et ses citoyens. Il est primordial de remédier à cette situation parce que le statut de citoyen doit être égal pour tous. Dans le fond, c'est simplement une question de principe dont nous débattons aujourd'hui. Je ne pense pas être le seul à penser qu'il est profondément injuste, qu'encore en 2022, un individu puisse perdre sa citoyenneté pour des raisons dont il ne connaît probablement même pas l'existence. Ces dispositions datent d'une époque très lointaine qui mettait de l'avant des principes douteux sur ce que c'est d'être un citoyen canadien. Si le temps n'a pu remédier à la situation et que les réformes du passé n'ont pas été assez directives, il en revient à nous, en politique, d'intervenir.
On sait que les démarches pour retrouver sa citoyenneté sont beaucoup trop compliquées. On ne se fera pas de cachotterie: la machine fédérale n'est pas particulièrement la plus performante quand vient le temps de gérer les dossiers d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Je pense que le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration est sûrement le ministère le plus dysfonctionnel de l'appareil gouvernemental fédéral. On n'a qu'à regarder le passé pour trouver des exemples de lenteur de l'administration fédérale. Il y a eu une réforme de la loi en 2005, une autre en 2009 et une autre en 2015. Combien de réformes faudra-t-il avant que cessent d'exister des règles aussi ridicules que perdre sa citoyenneté parce qu'on ne l'a pas redemandée avant l'âge de 28 ans?
En ce moment, on se retrouve avec un bon nombre de citoyennes et de citoyens qui ont été oubliés dans ces réformes. Ce sont des hommes, des femmes, des épouses de militaires, des enfants de soldats, des enfants nés à l'étranger, des membres des communautés autochtone et sino-canadienne, des gens qu'on a laissés pour compte parce qu'on n'a pas assez bien corrigé la Loi par le passé. Avec le projet de loi , on veut s'assurer que les erreurs du passé ne se répètent plus. Le projet de loi prévoit modifier la Loi sur la citoyenneté pour, notamment:
a) veiller à ce que soit accordée à la citoyenneté par filiation à toute personne née à l'étranger, avant l'entrée en vigueur du texte, d'un parent ayant qualité de citoyen;
b) accorder la citoyenneté par filiation au-delà de la première génération à toute personne née à l'étranger [...]
c) permettre à toute personne née à l'étranger et adoptée, avant l'entrée en vigueur du texte, par une personne ayant qualité de citoyen de se voir attribuer la citoyenneté [...]
e) rétablir la citoyenneté de toute personne qui a cessé d'être citoyen au motif qu'elle n'a pas présenté la demande visée à l'ancien article 8 de cette loi pour conserver sa citoyenneté ou que, si elle l'a fait, la demande a été rejetée [...]
On fait référence à cette fameuse disposition complètement ridicule qui existe depuis 2009. Normalement, l'ancien projet de loi aurait dû obtenir la sanction royale depuis un bon moment, mais l'obstruction parlementaire nous a menés où nous sommes aujourd'hui. On a dû faire attendre des gens, des femmes, des enfants à cause de jeux politiques et de chicanes entre les partis fédéraux. De la politique basse et mesquine, voilà ce à quoi on a eu droit au cours de la dernière année dans ce Parlement.
Au Bloc Québécois, nous sommes là pour travailler pour notre monde. Nous sommes là pour les Québécoises et les Québécois qui ont à cœur l'avenir du Québec, et pas seulement quand c'est le temps de satisfaire leurs envies électorales. Au Québec, nous avons des exemples concrets, notamment celui de Jean‑François, un Québécois né à l'étranger pendant que son père complétait son doctorat aux États‑Unis. Malgré le fait qu'il soit revenu au Québec à l'âge de 3 mois et qu'il ait grandi et vécu toute sa vie au Québec, la fille de Jean‑François n'a pu obtenir automatiquement la citoyenneté. Ce genre de situation crée du stress inutile pour des familles qui n'auraient même pas dû avoir à faire face au manque de rigueur du fédéral.
Malgré ce qu'on dit, ce gouvernement est le même gouvernement que son prédécesseur. Ce n'est pas un nouveau gouvernement. Ce gouvernement accumule des retards dans le traitement des dossiers de citoyenneté et d'immigration en ce qui concerne à peu près tous les programmes. C'est ce qu'on constate chaque fois qu'on vérifie. Ce n'est pas normal que, en 2022, 17 ans après la première réforme visant à corriger la situation des Canadiens perdus, on soit encore en train de parler d'un projet de loi qui vise à corriger la situation des Canadiens perdus. C'est complètement hallucinant. Les gens doivent parfois se demander ce que nous faisons ici. Ce n'est pas normal.
Dans une telle situation, il appartient à l'État d'offrir une solution aux individus pour régulariser leur statut et leur permettre de retrouver leur dignité, comme tous les autres citoyens, une bonne fois pour toutes. C'est une question de principe. Je l'ai dit au début de mon discours. En tant que parlementaires, nous devons nous attaquer aux problèmes de nos concitoyens avec un grand sens du devoir en évitant de participer à des débats puérils pour des raisons purement dogmatiques. Ce qu'on surnomme le groupe des Canadiens dépossédés de leur citoyenneté, ça n'aurait jamais dû arriver.
Je le répète, le statut de citoyen doit être égal pour tous. Qu'on fasse une dernière réforme une bonne fois pour toutes, mais il faut que ce soit la bonne. On doit le faire pour des raisons d'égalité, pour des raisons de justice et pour des raisons de principe. Ces familles sont pas mal tannées d'attendre et elles méritent qu'on travaille pour elles.
Cela dit, je pense que tout le monde est d'accord pour que nous n'adoptions pas ce projet de loi sous bâillon. Comme je l'ai dit, nous pourrions l'adopter de façon rigoureuse, efficace et rapide, parce que nous savons exactement où tous les partis qui siégeront au comité se positionnent sur la question. Nous savons comment tous les partis vont voter à la troisième lecture de ce projet de loi.
Je pense que nous devrions procéder assez rapidement. Comme je le disais tantôt lorsque j'ai posé une question à mon collègue, il y a des problèmes urgents. Il faut changer la structure même du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration en ce qui concerne plusieurs programmes. Je pense au système de demandeurs d'asile. Est-ce qu'on trouve ça normal qu'une personne qui a fait une demande d'asile doive attendre quatre, cinq ou six ans? On a vu un cas où une personne a attendu 12 ans avant de voir sa demande d'asile être traitée. Cette personne a attendu 12 ans alors que nous sommes dans un pays du G7.
Les délais de traitement pour le renouvellement de permis de travail explosent présentement. Je pense qu'ils sont de 256 jours en ce moment. Les mesures mises en place à l'automne pour les travailleurs étrangers temporaires ont été un fiasco total pour les régions du Québec. Les politiques mises en place par ce gouvernement en matière d'immigration sont des mesures unilatérales, comme si la réalité de Calgary était la même que celle de Moose Jaw, et que celle de Moose Jaw était la même que celle de Toronto, et que celle de Toronto était la même que celle de Montréal, et que celle de Montréal était la même que celle du Saguenay—Lac‑Saint‑Jean.
Les mesures unilatérales en matière d'immigration ne fonctionnent pas, surtout au Québec, où il y a la question de la francisation. Cela représente bien sûr un défi supplémentaire en ce qui concerne l'intégration des nouveaux arrivants. Nous voulons réussir l'immigration au Québec et, présentement, le fédéral agit comme si le Québec était pareil aux autres provinces canadiennes. Même entre elles, les autres provinces canadiennes ont des différences lorsqu'il est temps d'intégrer les nouveaux arrivants. Ce ne sont pas les mêmes réalités.
Les territoires qui forment le pays qu'on appelle le Canada, ce sont des territoires qui sont complètement différents avec des réalités complètement différentes. En matière d'immigration, le fédéral agit comme il le fait avec sa nouvelle formule « une seule économie, pas 13. » Il fait la même chose. C'est comme s'il y avait une seule réalité en termes d'immigration pour le fédéral. C'est ça qui n'a pas de bon sens.
Comme je le disais, il faut s'attaquer au délai de traitement de demandes. Il faut s'attaquer aux réformes qui ont été mises en place pour les travailleurs étrangers temporaires, qui ne fonctionnent pas. Il faut s'attaquer à la question des demandeurs d'asile. Il faut les aider à obtenir leur demande beaucoup plus rapidement. Il faut surtout répartir les demandeurs d'asile sur l'ensemble du territoire canadien.
Présentement, le Québec et l'Ontario fournissent beaucoup plus que leur part d'efforts et la capacité d'accueil est malheureusement dépassée. Ce n'est pas normal que des demandeurs d'asile qui arrivent à Montréal se retrouvent tout de suite en situation d'itinérance parce qu'on n'a pas les moyens de les accueillir convenablement. Pendant ce temps, il y a des provinces dans le reste du Canada qui ne font strictement rien. Elles ne mettent pas la main à la pâte pour l'accueil de ces demandeurs d'asile.
Je rappelle que, en 2024, l'ancien ministre de l'Immigration avait annoncé en grande pompe qu'il allait former un comité et qu'on allait s'organiser pour répartir les demandeurs d'asile sur l'ensemble du territoire. C'est ce qu'il a dit lors d'une grosse conférence de presse. On avait trouvé la solution et le comité allait être mis en place. Depuis ce temps, c'est le silence radio. On n'en a plus entendu parler et on n'a jamais proposé de solutions.
Pendant ce temps-là, c'est encore le Québec et l'Ontario qui doivent s'occuper d'accueillir la grande majorité des demandeurs d'asile. Je le redis, il y a des dossiers auxquels il faut s'attaquer. Le projet de loi va occuper le comité, mais il ne faudrait certainement pas que ça l'occupe pendant des mois, parce qu'il y a beaucoup trop de choses auxquelles il faut s'attaquer. Je demande donc à mes collègues d'être rigoureux et de faire leur travail de parlementaire de façon sérieuse. Nous savons exactement où les partis se positionnent quant à ce projet de loi. Nous allons écouter les amendements, s'il y en a. Je pense que nous ne devrions surtout pas faire d'obstruction parlementaire au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration sur cette question. J'enjoins mes collègues à faire la même chose. C'est sûr que ça ne nous empêche pas de déposer des amendements, mais soyons sérieux, rigoureux et attaquons-nous à des problématiques qui sont très urgentes, non seulement pour les nouveaux arrivants, mais aussi pour les sociétés qui les accueillent, comme celle du Québec.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole en cette 45
e législature au sujet du projet de loi et du pouvoir transformateur de la citoyenneté canadienne. Ce projet de loi concerne avant tout les gens, les véritables familles, leurs histoires, leurs sacrifices, ainsi que le lien profond et indéfectible qu'entretiennent ces gens avec le Canada, peu importe où ils feront carrière ou vivront.
De nombreux Canadiens vivent et travaillent à l'étranger, notamment dans les domaines du développement international, des arts et des sciences, de l'éducation, de l'aide humanitaire, ou encore du commerce mondial. Ces citoyens entretiennent des liens étroits avec le Canada, retournent souvent y élever leurs enfants, s'occupent de leurs proches, et bâtissent de nouvelles collectivités. Veiller à ce que leurs enfants, qu'ils soient nés ou adoptés à l'étranger, puissent partager cette identité n'est pas seulement une question d'équité; cela renforce la cohésion de notre pays et son rayonnement dans le monde.
[Français]
Je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi . Je souhaite aussi remercier sincèrement tous ceux et celles qui ont pris la parole avant moi pour défendre les droits des Canadiennes et des Canadiens touchés par les effets d'anciennes modifications à la Loi sur la citoyenneté.
Ce projet de loi représente une nouvelle étape importante vers une citoyenneté plus inclusive. Tous les députés à la Chambre reconnaissent à quel point la citoyenneté canadienne est un privilège dont nous pouvons être fiers. De nos paysages majestueux à la richesse de notre diversité, jusqu'aux valeurs communes qui nous unissent, être Canadien, c'est faire partie de quelque chose de profondément significatif. Des valeurs comme l'inclusion, le respect des droits de la personne, la gestion de l'environnement et le maintien de la paix font partie intégrante de notre société et influencent nos politiques, notre culture et la vie quotidienne de chaque Canadien.
Le Canada est reconnu dans le monde entier pour son ouverture d'esprit et son engagement envers le multiculturalisme. Depuis l'adoption de la Loi sur le multiculturalisme canadien en 1988, nous avons consolidé ces principes au fondement de nos institutions. L'approche du Canada en cette matière met l'accent sur l'intégration active et la célébration des diverses identités culturelles de ses citoyens. Cette approche a permis de créer une société dans laquelle les personnes de différentes origines ethniques, religieuses ou culturelles peuvent conserver leur identité, être fières de leurs racines et se sentir chez soi. On le voit partout au pays, les communautés d'un océan à l'autre reflètent cette diversité et en sont fières.
Au cœur de l'identité canadienne, il y a notre engagement envers les droits de la personne. La Charte canadienne des droits et libertés garantit les droits fondamentaux que nous partageons en tant que société: liberté d'expression, d'association, de religion; égalité devant la loi; protection contre la discrimination, et j'en passe.
Cet engagement se manifeste aussi dans un effort à l'échelle internationale. Que ce soit dans la défense des droits des femmes, des personnes LGBTQ ou des personnes vulnérables, le Canada joue un rôle actif.
Nos politiques d'immigration et nos mesures pour protéger les réfugiés reflètent aussi ces valeurs. Les Canadiens tiennent aussi énormément à la protection de l'environnement. Nos paysages naturels, des côtes de l'Atlantique aux montagnes de l'Ouest, jusqu'au Nord arctique, nous rappellent cette responsabilité. Nous savons que cette volonté de préserver la nature est essentielle pour les générations futures. Ces valeurs se reflètent dans nos politiques et nos initiatives environnementales qui visent à lutter contre les changements climatiques, à préserver la biodiversité et à promouvoir le développement durable. Notre pays a fait des progrès considérables dans la promotion des énergies renouvelables, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le soutien aux efforts de conservation.
Le Canada est aussi reconnu comme étant un pays pacifique grâce à son histoire en matière de maintien de la paix et de coopération internationale. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le Canada joue un rôle actif dans les missions de paix. Nos forces ont participé à plusieurs missions internationales sous mandat de l'ONU, ce qui a renforcé notre réputation comme pays engagé et digne de confiance. Notre engagement en faveur du maintien de la paix reflète nos grandes valeurs sur le plan de la diplomatie, de la résolution de conflits et de l'humanisme. Les soldats canadiens ont pris part et prennent toujours part à des missions de paix partout dans le monde pour aider à protéger les populations touchées par les conflits.
La politique étrangère du Canada met également l'accent sur la coopération internationale, l'aide au développement et le soutien à des institutions telles que les Nations unies et l'OTAN.
La justice sociale et l'équité sont aussi au cœur de la société canadienne. Notre engagement est clair. Il s'agit de réduire les écarts sociaux et de garantir à chacun l'accès aux services essentiels comme les soins de santé, l'éducation et un système de protection sociale fiable. Le système de soins de santé universel, le système d'éducation publique et les programmes d'aide sociale du Canada sont conçus de manière à favoriser le bien-être des Canadiens et à donner à tous une chance équitable.
Bâtir des relations plus fortes, c'est aussi reconnaître notre histoire commune, y compris ses chapitres les plus douloureux. Le gouvernement poursuit ses efforts de réconciliation en répondant aux appels à l'action issus du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. En partenariat avec les communautés autochtones, nous construisons un pays inclusif fondé sur la dignité, sur la vérité et sur une fierté partagée. Ce sont ces principes qui définissent l'identité canadienne d'aujourd'hui. En guidant nos politiques et en influençant la manière dont nous vivons ensemble, ces valeurs nous permettent de construire une société inclusive et équitable, engagée autant envers ses citoyens qu'envers le monde qui nous entoure.
La citoyenneté donne accès à la sécurité, à des droits et des obligations et à des possibilités. Elle aide les gens à se sentir pleinement intégrés à la société canadienne et à y participer activement. Elle comporte de nombreux avantages qui rendent la vie meilleure pour les personnes comme pour les communautés.
L'un de ces avantages est le droit fondamental de participer activement au processus démocratique du pays. Cela inclut le droit de vote aux élections fédérales, provinciales, territoriales et municipales, qui permet aux citoyens d'avoir une influence directe sur les politiques gouvernementales. Il est également important de souligner que seuls les citoyens peuvent se présenter à des élections afin de pouvoir représenter leur communauté et contribuer à la gouvernance du Canada. Les citoyens canadiens bénéficient également de toutes les protections juridiques et de tous les droits prévus par la Charte canadienne des droits et libertés. Cela garantit que leurs libertés civiles et leurs droits en tant que personnes sont protégés au plus haut niveau, en plus de fournir un cadre solide pour la justice et l'égalité.
Un autre avantage important de la citoyenneté canadienne est l'accès au passeport canadien. Ce passeport est reconnu mondialement comme l'un des plus précieux. Il offre un accès sans visa ou avec visa à l'arrivée dans d'autres pays. Les citoyens canadiens bénéficient également d'une assistance consulaire à l'étranger, notamment en cas d'urgence ou d'agitation politique, ce qui leur permet d'être soutenus, peu importe où ils se rendent, puisque le passeport canadien est respecté mondialement.
La citoyenneté canadienne offre aussi sécurité et tranquillité d'esprit. Contrairement à la résidence permanente, qu'il est possible de perdre en cas de non-respect des obligations de résidence, la citoyenneté ne peut être révoquée, sauf si elle a été obtenue de manière frauduleuse.
Les citoyens canadiens ont accès à des possibilités d'emploi partout au pays. Ils peuvent poser leur candidature à n'importe quel poste, y compris ceux qui exigent une cote de sécurité élevée ou ceux qui sont exclusivement réservés aux citoyens, notamment dans la fonction publique. Ils ont aussi la liberté de travailler dans toutes les provinces et les territoires, sans aucune restriction. La citoyenneté donne aussi accès à plusieurs avantages en matière d'éducation. Les citoyens peuvent obtenir certaines bourses, subventions ou formes d'aide financière qui ne sont pas offertes aux résidents permanents. Plusieurs établissements offrent également des frais de scolarité moindres aux citoyens, ce qui rend les études postsecondaires plus abordables et plus accessibles.
La citoyenneté canadienne est reconnue à l'échelle internationale en raison des nombreux avantages qu'elle offre, notamment pour voyager, travailler ou vivre à l'étranger. Le Canada permet aussi la double citoyenneté, ce qui signifie que les citoyens peuvent garder leur statut canadien tout en ayant une autre citoyenneté, ce qui élargit leurs options à l'international. La citoyenneté permet de continuer à soutenir ses proches et à faire venir des membres de sa famille au Canada. Par exemple, il est possible de présenter une demande de parrainage pour ses parents et ses grands-parents. C'est une façon importante de favoriser le regroupement familial et de renforcer les communautés partout au pays. La citoyenneté favorise un sentiment plus profond d'appartenance et d'identité nationale. Les citoyens canadiens sont pleinement intégrés dans la société et sur le plan culturel, ce qui leur permet de participer plus facilement à leur communauté locale et à des activités civiques et de contribuer au développement de la société. Ce sentiment d'appartenance renforce le tissu social du pays.
La citoyenneté canadienne n'est pas qu'un symbole. Elle a des effets concrets sur la vie, les droits et les possibilités dont une personne peut jouir. Notre objectif est un système de citoyenneté équitable, transparent et accessible à tous ceux qui en ont le droit. Voilà pourquoi nous devons adopter la Loi sur la citoyenneté, pour accorder la citoyenneté à ceux qui l'ont perdue ou qui ne l'ont jamais obtenue. En 2009, des modifications qui ont été apportées à la Loi sur la citoyenneté ont imposé une limite à la citoyenneté par filiation pour la première génération, ce qui signifie qu'un parent citoyen canadien peut transmettre la citoyenneté à un enfant né à l'étranger si le parent est né au Canada ou s'il a été naturalisé avant la naissance de l'enfant. À cause de la limite à la transmission de la citoyenneté par filiation à la première génération, un citoyen canadien né à l'étranger d'un parent lui-même né à l'étranger ne peut pas transmettre la citoyenneté à son enfant né à l'extérieur du Canada. Il ne peut pas non plus demander la citoyenneté pour un enfant qu'il a adopté à l'étranger au-delà de la première génération. Le projet de loi permettra l'accès à la citoyenneté par filiation au-delà de la première génération, dans un esprit d'inclusivité et de respect de la citoyenneté.
Le projet de loi C‑3 rétablira la citoyenneté à ceux que nous appelons les Canadiens dépossédés de leur citoyenneté. Il peut s'agir de personnes qui n'ont jamais pu obtenir la citoyenneté ou qui l'ont perdue en raison de dispositions désuètes de la législation antérieure sur la citoyenneté. Bien que le gouvernement ait déjà mis en œuvre des changements pour remédier à la situation de la plupart des Canadiens dépossédés de leur citoyenneté, il reste toujours des gens affectés. Ces changements visent à résoudre les problèmes des Canadiens dépossédés de leur citoyenneté et de leurs descendants. En outre, les modifications portent sur la situation des descendants canadiens concernés par la restriction à la première génération.
Le projet de loi prévoit également des lignes directrices claires pour l'obtention de la citoyenneté canadienne par filiation. Une fois le projet de loi adopté, les citoyens canadiens nés à l'étranger pourront transmettre leur citoyenneté à leurs enfants nés à l'étranger au-delà de la première génération s'ils peuvent prouver qu'ils ont un lien substantiel avec le Canada. Si un parent canadien né à l'étranger a passé au moins trois années cumulatives au Canada avant la naissance de son enfant, il pourra lui transmettre sa citoyenneté.
Nous voulons également continuer à réduire les disparités entre les enfants nés à l'étranger et adoptés par des Canadiens et les enfants nés à l'étranger de parents canadiens. Tout enfant adopté à l'étranger par un parent canadien avant l'entrée en vigueur du projet de loi pourra bénéficier de l'attribution directe de la citoyenneté pour les personnes adoptées, même s'il était auparavant exclu en raison de la limite à la première génération. Pour ce qui est des enfants nés à l'étranger et adoptés par des citoyens canadiens, lorsque le projet de loi entrera en vigueur, si le parent adoptif né à l'étranger peut prouver l'existence de liens substantiels avec le Canada avant l'adoption, l'attribution directe de la citoyenneté pourrait être demandée pour l'enfant adopté.
En bref, le projet de loi rétablira la citoyenneté pour ceux qui en ont été privés et proposera un cadre juste et uniforme pour la citoyenneté par filiation. Fondées sur les progrès réalisés par le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration et le Sénat grâce à l'ancien projet de loi , ces modifications précisent davantage les propositions et répondent de manière exhaustive aux préoccupations soulevées par les tribunaux.
Des délais parlementaires ont freiné l'avancement des projets de loi S‑245 et . Il est donc encore plus évident que le projet de loi C‑3 est essentiel et doit aller de l'avant sans délai inutile. En tant que pilier de notre identité, la citoyenneté canadienne nous unit autour de valeurs fondamentales de démocratie, d'inclusion et d'égalité. Ce projet de loi vient renforcer notre législation pour garantir à toutes et à tous des droits équitables et des perspectives égales.
[Traduction]
Le gouvernement doit rester vigilant et veiller à ce que la citoyenneté canadienne demeure un symbole d'inclusion, d'équité et de sécurité ainsi qu'un engagement envers ces valeurs. Voilà pourquoi nous avons présenté le projet de loi , qui garantit que l'accès à la citoyenneté reste équitable et transparent.
À l'heure où la mésinformation et la division peuvent miner la confiance dans les institutions publiques, le Canada doit montrer que son engagement en faveur de l'équité s'étend au-delà des frontières. En offrant des voies d'accès à la citoyenneté réfléchies et inclusives au-delà de la première génération, on affirme que l'identité canadienne est façonnée non seulement par le lieu de naissance, mais aussi par les liens, la contribution et les valeurs. Le rôle du gouvernement ne se limite pas à protéger les droits des citoyens canadiens; il lui incombe aussi d'éclaircir le processus de citoyenneté et d'adopter des lois qui reflètent les valeurs d'égalité, d'inclusion et de justice.
[Français]
J'invite tous les partis à la Chambre à soutenir cette très importante mesure législative.
:
Monsieur le Président, nous débattons aujourd'hui d'un projet de loi proposé par les libéraux, qui permettrait une migration en chaîne illimitée et la possibilité de transmettre la citoyenneté à l'infini à n'importe qui. Pour les personnes qui viennent d'arriver, nous venons d'entendre un discours qui explique en quoi le projet de loi est très mal conçu.
Une députée du Parti libéral a pris la parole à maintes reprises au cours de la période des questions — ce sera intéressant de regarder l'enregistrement — sans savoir à combien de personnes cette mesure s'appliquerait à l'avenir. À un moment de l'histoire canadienne où on parle de la valeur de la citoyenneté canadienne, le fait que le gouvernement libéral ait proposé un projet de loi aussi irresponsable sans vraiment réfléchir à ses répercussions en dit long sur la débâcle totale et les failles d'une décennie d'échecs libéraux en ce qui a trait au système d'immigration canadien.
Le consensus sur l'immigration était auparavant universel. On s'entendait autrefois de façon non partisane pour dire que l'immigration était une bonne chose et que les chiffres devraient être fixés en fonction de la capacité du Canada de s'acquitter de certaines responsabilités comme loger les nouveaux arrivants, leur fournir des emplois, leur permettre de démarrer des entreprises ou de se faire soigner. Nous savons maintenant, d'après les sondages d'opinion publique, que la plupart des Canadiens connaissent la vérité: nous traversons une crise de l'emploi, une crise des soins de santé et une crise du logement.
Ce sont les libéraux qui n'ont pas tenu compte du consensus sur l'immigration en augmentant l'immigration à des niveaux aussi insoutenables. Au lieu de régler ces problèmes et d'écouter les préoccupations des Canadiens, ils présentent maintenant un projet de loi mal conçu qui permettrait une migration en chaîne intergénérationnelle, sans aucune limite et sans exiger que ces personnes résident au Canada pendant une certaine période et y aient une présence substantielle. C'est tout simplement inacceptable et irresponsable.
Je vais dire aux députés ce qui s'est passé avec ce projet de loi. Je soupçonne que c'est ce qui s'est passé, car des libéraux sont venus me voir en privé pour me dire qu'ils considèrent la libérale très incompétente. Ils sont choqués, à juste titre, que le confie un dossier aussi important à une personne d'une incompétence aussi remarquable.
Voici quelques éléments qui démontrent l'incompétence de la . Elle a été ministre de l'Immigration pendant huit ans en Nouvelle‑Écosse. Des vérifications faites pendant cette période ont révélé d'énormes problèmes concernant l'évaluation des demandes et l'établissement des plafonds, et aucun suivi aux recommandations du vérificateur général. Elle a même dit, pendant une entrevue à CBC/Radio-Canada, qu'on ne devrait fixer aucune limite à l'immigration dans sa province. Elle a dit qu'il ne devrait y avoir aucune limite, aucun plafond.
Les libéraux ont maintenant nommé cette au fédéral et, si on a suivi ses interventions à la Chambre, on sait qu'elles ont été catastrophiques. La ministre ne comprend pas les données de base concernant le nombre de personnes qui entrent au pays et n'a pas vraiment idée du nombre de personnes qui étaient censées quitter le pays. Et voilà qu'elle présente le projet de loi à l'étude.
Voici selon moi ce qui s'est passé. Nous avons une incompétente qui doit régler la situation. Il y a eu une décision de la cour que le gouvernement a choisi de ne pas contester et à laquelle il devait trouver une quelconque solution. Plutôt que d'adopter l'approche proposée par une sénatrice conservatrice, une solution rigoureuse et bien définie qui aurait répondu à la décision de la cour, les libéraux se sont associés à une députée d'extrême gauche, aujourd'hui indépendante, pour vider complètement le projet de loi de sa substance et élargir la citoyenneté canadienne, la transformant presque en un programme de fidélisation de deuxième ordre. C'est comme si quelqu'un devait utiliser sa carte tous les cinq ans pour bénéficier de son programme de fidélisation. Voilà en vérité ce qu'est le projet de loi.
Une ministre compétente aurait tenu compte de toutes les préoccupations des parties prenantes, et elle aurait conclu que, pour les quelques personnes auxquelles s'appliquait le jugement sur les Canadiens dépossédés de leur citoyenneté, il fallait préparer un projet de loi restreint et étroitement défini afin de remédier au problème. C'est ce que la aurait dû faire. Elle aurait dû écouter les observations des parties prenantes et les débats interminables au comité de l'immigration de la dernière législature, et corriger le projet de loi de manière à ce qu'il puisse être adopté par la Chambre.
Au lieu de cela, je ne pense même pas que la ait lu le projet de loi, pour être honnête. Je pense qu'elle a probablement pris un mémoire au Cabinet contenant des propositions du ministère et qu'elle a dit: « Déposez cela comme projet de loi. » C'est ce qu'elle a fait. Je parie que si nous avions la possibilité de l'interroger longuement, elle ne pourrait pas passer en revue les dispositions du projet de loi. Pour moi, ce n'est pas une gouvernance responsable étant donné les répercussions de ce projet de loi. Parlons donc de ses effets, car c'est réellement important pour les Canadiens.
À la lumière des réponses données par nos collègues libéraux d'en face au cours du débat d'aujourd'hui, nous pouvons constater qu'ils ne saisissent pas non plus les effets de ce projet de loi. Ils vont juste voter aveuglément en sa faveur sans réfléchir aux énormes préoccupations qu'il soulève, au-delà de toute considération partisane, en ce qui concerne la valeur de la citoyenneté canadienne.
En substance, le projet de loi éliminerait ce qu'on appelle la « limite de la première génération ». Cette disposition a été mise en place par un gouvernement conservateur précédent afin d'encadrer plus étroitement la manière dont la citoyenneté canadienne pouvait être automatiquement transmise à des personnes qui, pour la plupart, ne vivent plus au Canada. Pour mes collègues qui auraient besoin d'une petite leçon d'histoire, je rappelle que cette problématique découle d'une situation qui s'est produite il y a une quinzaine d'années, lors du conflit au Liban, alors que certains individus que nous qualifierons de « Canadiens par opportunisme », qui n'avaient aucun lien substantiel avec notre pays, ont tout à coup demandé la citoyenneté canadienne afin que le gouvernement du Canada soit obligé de les évacuer. À l'époque, en 2006, cette initiative a coûté aux contribuables canadiens près de 100 millions de dollars, sans compter les innombrables avantages complémentaires dont ces personnes ont bénéficié. La grande majorité de ces gens-là n'avaient aucun lien avec le Canada. La plupart sont retournés dans leur pays presque immédiatement après. C'est une situation qui a soulevé de sérieuses questions.
Il est difficile de discuter des conflits, mais à la Chambre, nous devons parler des obligations du gouvernement du Canada à l'égard des personnes qui n'ont pas de liens substantiels avec le Canada et qui demandent la citoyenneté. Je tiens à ce que ce soit clair pour toutes les personnes qui nous regardent: je ne parle pas du petit groupe de personnes touchées par la limite de la première génération qui a été imposée. C'est la raison pour laquelle un sénateur conservateur a fait le travail du gouvernement à sa place lors de la dernière législature et déposé un projet de loi d'initiative parlementaire pour éliminer cette échappatoire. Nous appuyons ces dispositions. C'est la raison pour laquelle un sénateur conservateur les a proposées. Cependant, une députée qui est maintenant indépendante, dont le parti a perdu le statut de parti officiel aux dernières élections, a travaillé avec le gouvernement pour complètement vider de sa substance ce projet de loi et en faire un projet de loi de migration en chaîne. C'est ce que nous avons aujourd'hui, et c'est inacceptable.
Nous devons avoir une discussion au pays à propos des responsabilités inhérentes à la citoyenneté canadienne, et la a commencé son discours en prononçant ces mots, en disant qu'il y a des droits et des responsabilités inhérents à la citoyenneté canadienne. Cependant, son discours a porté entièrement sur les droits et n'a pas abordé les responsabilités, et c'est la raison pour laquelle l'approche des libéraux en matière d'immigration est aussi défaillante.
C'est la même chose sur le plan macroscopique. Les députés se souviendront du mantra de la dernière décennie: le Canada est un État postnational sans identité. Eh bien, si nous sommes un État postnational sans identité, que signifie la citoyenneté canadienne? Si nous présentons des projets de loi pour permettre à des personnes n'ayant aucun lien substantiel avec le Canada de transmettre leur citoyenneté ad vitam æternam, on se trouve à dévaloriser la citoyenneté. Je pense entre autres aux gens qui ont immigré au Canada, qui ont obtenu la citoyenneté, qui ont créé des entreprises, qui ont travaillé dans le secteur de la santé, qui ont payé des impôts et qui font partie du pluralisme canadien. Le projet de loi dévalorise la citoyenneté et l'identité pour chacun de nous. La beauté de notre pays réside bien sûr dans son pluralisme, et cela m'attriste, en tant que Canadienne, de voir des gens de partout au pays — qu'ils soient libéraux, conservateurs ou néo-démocrates — perdre confiance dans la valeur de l'immigration au Canada. Encore une fois, c'est parce que le gouvernement libéral a souscrit sans réserve à une conception fausse et erronée des droits liés à la citoyenneté canadienne et qu'il a fait l'impasse sur les devoirs.
Parlons des devoirs. Dans le projet de loi, il n'y aurait absolument aucune obligation de vivre au Canada pendant un certain nombre de jours consécutifs pour obtenir la citoyenneté canadienne. Concrètement, pour une personne vivant à l'étranger, le projet de loi ferait en sorte que si une arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère ou un autre ancêtre quelque part dans son arbre généalogique avait la citoyenneté canadienne, il suffirait alors à cette personne de passer un peu plus de 1 000 jours au Canada au cours de sa vie. Cela pourrait être sur 70 ans, voire 80 ans, et sans pour autant que ces quelque 1 000 jours soient consécutifs. Il suffirait donc de passer ce temps au Canada pour obtenir la citoyenneté canadienne.
Nous devons commencer à parler des droits dont ces personnes bénéficieraient à ce moment-là. Concrètement, elles auraient accès au système de santé canadien. À l'heure actuelle, le Canada n'impose aucune obligation, même aux pays ayant signé des conventions fiscales pour faire en sorte que les personnes qui se trouvent dans une telle situation de double nationalité produisent des déclarations de revenus. Je ne parle pas ici de double imposition. En tant que citoyens canadiens, ces particuliers n'auraient aucune obligation de payer pour ces services.
C'est ainsi que le projet de loi est rédigé en ce moment. C'est ce qu'il signifie concrètement. Parfois, le problème à la Chambre est en partie lié au fait que les gens doivent réfléchir à ce qu'un projet de loi entraînera dans 10, 15, 20 ou 25 années.
Parlons du nombre de personnes que cette mesure pourrait toucher. Au cours du débat d'aujourd'hui, nos collègues conservateurs ont répété à maintes reprises que, lors de la dernière législature, nous avons essayé pendant des mois de déterminer combien de personnes pourraient être touchées. La députée, anciennement membre du NPD, mais désormais indépendante, appartenait à un parti qui a subi une défaite cuisante lors des dernières élections en raison de politiques semblables à celles que ce projet de loi soutiendrait.
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Michelle Rempel Garner: Monsieur le Président, on me chahute. Certains députés font valoir que le NPD ne forme pas le gouvernement. Alors, je ne comprends pas pourquoi les libéraux appuient leur projet de loi. C'est tout à fait étrange.
Voici ce qui arrive: nous ne savons pas combien de personnes seraient touchées par le projet de loi. Le gouvernement ne pouvait pas dire, sur une période de 10, 20 ou 30 ans, combien de personnes pourraient bénéficier des soins de santé et d'autres services au Canada.
Nous avons posé la question au directeur parlementaire du budget qui, je le répète, était limité dans son analyse sur le gouvernement, parce que ce dernier ne veut pas que la population soit au courant. Je pense que le gouvernement sait combien de personnes pourraient être touchées. Plus tôt, mon collègue a dit qu'il y a environ 4 millions de personnes vivant présentement à l'étranger qui possèdent la citoyenneté canadienne. Nous pourrions commencer à penser aux répercussions exponentielles en aval que pourrait entraîner le projet de loi. Le directeur parlementaire du budget a parlé d'au moins 100 000 personnes sur cinq ans. C'est la meilleure hypothèse qu'il pouvait formuler.
Pourquoi les libéraux proposeraient‑ils un projet de loi qui, essentiellement, permettrait une migration en chaîne massive au pays, par l'octroi automatique de la citoyenneté canadienne à des personnes qui n'ont pas de lien substantiel avec le pays? Il est vraiment question de l'intention ici. Pourquoi agissent‑ils ainsi? Ils auraient pu conserver le projet de loi conservateur qui avait une portée minimale, mais non. Ils ont agi sciemment, et pour la deuxième fois. Au lieu d'y apporter les amendements nécessaires, ils présentent le même projet de loi pour la deuxième fois.
Le projet de loi comporte deux lacunes auxquelles il faut remédier immédiatement. La première est l'exigence manquante relative au lien substantiel avec le Canada. J'ai mentionné à la période des questions que la décision de la cour qui se rattache en partie à cet aspect — aspect que le projet de loi des conservateurs, et non du gouvernement, a essayé de régler — comportait une exigence relative au lien substantiel avec le Canada ou une définition de cette notion. Quelle est la définition retenue par les libéraux? Il n'y en a aucune, comme le confirme le simulacre de réponse que vient de fournir ma collègue, qui n'est pas vraiment en mesure de définir la notion.
Il faut ajouter la notion de lien substantiel avec le Canada. Les critères à satisfaire dans ce type de situation partout ailleurs dans le monde sont de 5 ou 10 ans dans une période donnée. Tout à l'heure, mon collègue du Bloc a demandé si cette exigence allait empêcher quelqu'un de quitter le Canada. La personne doit avoir passé un minimum de cinq ans au pays sur une période de sept ans et être d'âge adulte, ce qui commence à 14 ou à 16 ans, pendant au moins une partie de cette période. Ce point a été soulevé pendant les heures de débat et souligné par de nombreux témoins au cours de la dernière législature.
Les libéraux auraient pu harmoniser le projet de loi avec la législation en vigueur dans d'autres pays, mais ils ont choisi de ne pas le faire. Je pense qu'ils veulent, encore une fois, dévaloriser la citoyenneté canadienne. Pensons‑y; c'est littéralement comme dévaluer une monnaie. S'ils veulent me donner tort sur ce point, ils devraient prévoir à tout le moins un amendement qui exige un certain nombre de jours consécutifs où le résident permanent doit rester au Canada. C'est ce que je pense. Cela me paraît logique.
Le deuxième amendement qu'il faudrait apporter au projet de loi, c'est qu'il n'y a aucune exigence de vérification de sécurité pour les demandeurs. Réfléchissons à ce que cela signifie. Si une personne fait une recherche généalogique et découvre qu'un de ses ancêtres avait la citoyenneté canadienne, elle pourrait venir passer trois années de sa vie au Canada, même si elle n'y est jamais venue auparavant, puis obtenir la citoyenneté canadienne sans avoir fait l'objet d'une vérification de sécurité. Le projet de loi accorde un laissez‑passer automatique pour entrer au Canada, et c'est inacceptable.
Je veux également parler d'équité, car il y a des millions et des millions de belles histoires. Beaucoup de gens qui travaillent aujourd'hui et servent d'autres Canadiens ont immigré au pays, respecté les règles et joué franc jeu dans le système d'immigration du Canada. Ils ont coché toutes les cases, ont attendu des années, se sont soumis à des vérifications de sécurité et ont passé toutes sortes d'examens. J'ai peine à imaginer ce qu'ils doivent ressentir en voyant ce projet de loi. C'est inacceptable et injuste.
Encore une fois, je tiens à être très claire: je pense que nos concitoyens ont toujours été fiers de s'être dotés d'un système d'immigration qui fonctionne dans le contexte du pluralisme canadien. Par contre, le gouvernement libéral a mis en place des politiques ayant mené à une augmentation des taux d'immigration qui est insoutenable pour la population canadienne. Notre pays ne parvient plus à offrir les logements, les emplois et les soins de santé pour répondre adéquatement aux besoins de tous les Canadiens, qu'ils soient nouvellement arrivés ou non.
Je crois que ce qui s'est produit, c'est que les libéraux ont déposé le projet de loi sans l'amender, en raison notamment de l'incompétence d'une . Cependant, ils ont également présenté le projet de loi sans amendement parce qu'ils ont mis en place le projet de loi . Les libéraux ont tellement mis à mal le système d'asile du Canada qu'ils ont dû inclure dans le projet de loi C‑2 les dispositions sur l'immigration qu'on y trouve. Il s'agit toutefois d'un autre débat, et j'aurai beaucoup de choses à dire à ce sujet à l'avenir.
Je tiens également à dénoncer tous les « consultants », entre guillemets, qui ont mis en place un vaste écosystème visant à escroquer les gens qui veulent venir au Canada pour y bâtir une vie meilleure. J'ai l'impression que les libéraux ont peur de tenir tête à ces faux consultants. Je crois qu'ils tiennent un double discours par rapport à cet enjeu. Voilà pourquoi le projet de loi a été présenté sans amendement.
Si les libéraux avaient présenté un projet de loi à la portée limitée, semblable au projet de loi de notre collègue de l'autre endroit, avec des définitions très précises pour répondre aux besoins bien réels des Canadiens dépossédés de leur citoyenneté, tout le monde l'aurait approuvé. On aurait pu l'adopter rapidement. Cependant, les libéraux et les anciens députés néo-démocrates ont bloqué le projet de loi à l'étape de l'étude en comité. Ils l'ont vidé de sa substance et en ont fait un projet de loi sur la migration en chaîne sans fin.
Je veux que le gouvernement m'assure qu'il amendera le projet de loi pour que les personnes concernées soient soumises à un critère de présence substantielle exigeant une certaine durée de présence ininterrompue et, à tout le moins, des vérifications de sécurité. Le gouvernement n'affiche aucun désir d'agir ainsi, et tous les Canadiens devraient se demander pourquoi. Les conservateurs continueront de faire pression sur les libéraux, car nous ne laisserons pas leur mauvais projet de loi et le système d'immigration qu'ils ont compromis dévaloriser la citoyenneté canadienne.
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Monsieur le Président, permettez‑moi d'entrer dans le vif du sujet. Je vous fais part d'un exemple concret d'une famille qui a été touchée par une loi inconstitutionnelle que le gouvernement Harper a adoptée.
J'ai une bonne amie, que je connais depuis longtemps et que j'essaie d'aider, dont les parents ont immigré au Canada, sont devenus citoyens canadiens, ont travaillé dur dans ce pays pour remplir leurs obligations professionnelles et ont quitté le pays pour travailler ailleurs. Ils ont eu une fille alors qu'ils étaient citoyens canadiens à l'étranger. Cette fille, la personne que j'aide dans ce dossier, est revenue plus tard au Canada et a fait des études ici. C'est ainsi que je l'ai rencontrée. Elle est devenue avocate. Elle vivait et travaillait ici, et elle habite maintenant en France, où elle s'est mariée. Elle est citoyenne canadienne et a maintenant deux belles filles issues de ce mariage.
Or, elle ne peut pas transmettre sa citoyenneté canadienne à cause de la loi inconstitutionnelle que le gouvernement Harper a fait adopter. Elle faisait partie d'un groupe qui a contesté cette loi, qui a été jugée inconstitutionnelle par la Cour supérieure de l'Ontario. Tant que le projet de loi n'aura pas été adopté pour corriger cette grave erreur commise par le gouvernement Harper, ses enfants, qui reviendront fort probablement au Canada et qui sont Canadiens parce que leur mère est canadienne, ne pourront pas obtenir la citoyenneté canadienne.
Elle m'a dit une fois, si triste qu'elle était en pleurs, que la faute de ses parents avait été, même s'ils étaient des Canadiens nationalisés, d'accepter un emploi ailleurs dans le monde et de ne pas revenir au Canada à sa naissance. Ils sont restés là où ils vivaient à l'époque et, par conséquent, d'une manière ou d'une autre, en vertu de la loi, ce lien a été rompu.
Ce projet de loi réglerait le problème créé par le gouvernement Harper. Il le ferait en instaurant le principe du « lien substantiel » que les tribunaux ont évoqué. J'ai entendu le débat sur l'origine du seuil de 1 095 jours. C'est ce qui est exigé de tous les immigrants à leur arrivée au Canada, y compris ceux qui deviennent résidents permanents. En vertu de la Loi sur la citoyenneté, ils doivent vivre au Canada pendant 1 095 jours.
En passant, pour que quelqu'un devienne citoyen canadien, les 1 095 jours ne sont pas cumulatifs. Toute personne qui siège au Parlement et qui a obtenu la citoyenneté le sait. Ma famille et moi avons dû vivre ici 1 095 jours, mais nous ne l'avons pas fait de manière consécutive pendant trois ans. Dans notre cas, nous l'avons fait au cours d'une période de quatre à six ans. C'est de là que provient ce seuil. Le projet de loi maintiendrait essentiellement ce seuil.
Mon temps est limité, mais je veux vraiment souligner l'importance de cette mesure législative. Elle garantirait que nous n'avons qu'une seule sorte de citoyen canadien, pas des citoyens de catégorie A, B ou C, contrairement à ce que le gouvernement Harper a essayé de faire. Heureusement, les tribunaux ont appliqué la Charte de manière à garantir que tous les citoyens canadiens sont traités également devant la loi, qu'ils ne tombent pas dans différentes catégories et que ceux qui vivent à l'étranger peuvent encore transmettre leur citoyenneté canadienne lorsqu'ils ont des enfants.
Nous sommes un petit pays, mais l'une des choses les plus fantastiques à propos du Canada et du fait d'être Canadien, c'est le nombre de Canadiens que nous rencontrons chaque fois que nous voyageons dans le monde. Les Canadiens sont des gens fiers, et une de nos qualités, c'est que nous apportons notre contribution un peu partout dans le monde, que ce soit dans le cadre de notre carrière ou des activités auxquelles nous participons. Nous ne sommes pas un pays centré sur lui‑même. Un des grands avantages que j'ai constatés durant mes voyages dans le monde, c'est qu'on peut rencontrer des Canadiens n'importe où sur la planète, mais le gouvernement Harper a créé une loi qui pénalise les Canadiens lorsqu'ils sont à l'étranger.
Voilà pourquoi j'appuie ce projet de loi. Je pense qu'il est grand temps pour nous de corriger une grave erreur commise par le gouvernement Harper. Je suis triste que cela nous ait pris tout ce temps. J'espère que cette fois‑ci, le projet de loi sera adopté pour que les Canadiens qui se sont retrouvés dans cette impasse et qui sont dans l'incapacité de transmettre la citoyenneté canadienne à leurs enfants puissent dorénavant le faire, de manière à ce que ces derniers puissent, à leur tour, contribuer au bien‑être de notre grand pays.
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Monsieur le Président, je suis ravie de prendre la parole au sujet du projet de loi, pour les nombreuses raisons pour lesquelles j'en ai parlé à la Chambre au cours de la dernière législature.
En comité, j'ai eu le privilège de travailler avec des collègues de tous les partis précisément dans le cadre de l'étude de cette mesure législative, qui touche des familles canadiennes. L'esprit qui sous-tend le projet de loi, c'est qu'en 2009, le premier ministre Harper a essentiellement créé une limite de la première génération qui a instauré un double système en matière d'immigration et a eu comme conséquence que les enfants nés à l'étranger de parents canadiens ont du mal à se prévaloir de leur droit d'être Canadiens.
Premièrement, le Canada repose sur des institutions qui défendent l'équité, renforcent les possibilités et offrent une certitude à ses citoyens. Aujourd'hui, alors que nous discutons du projet de loi , nous avons l'occasion de renforcer l'une de ces institutions fondamentales, à savoir la citoyenneté. Je tiens à préciser que le projet de loi comble un écart qui existe entre l'esprit de nos lois et la réalité vécue par les familles canadiennes. Plus précisément, il vise à rétablir la possibilité pour les citoyens canadiens nés à l'étranger de transmettre leur citoyenneté à leurs enfants et petits-enfants, et il met ainsi fin à une politique qui laissait de nombreuses familles canadiennes dans l'incertitude, ne sachant pas si leurs enfants seraient reconnus par le pays qu'ils servent, auquel ils contribuent et qu'ils considèrent comme leur patrie.
Il ne s'agit pas d'une mesure politique abstraite. Il s'agit de rétablir la stabilité des familles de militaires affectés à l'étranger, des membres du corps diplomatique qui représentent le Canada avec dignité et intégrité, et des innombrables Canadiens du monde qui ont vécu et travaillé à l'étranger tout en restant fermement attachés aux valeurs de notre pays.
La citoyenneté n'est pas un avantage transactionnel. Il s'agit d'un pacte entre les personnes et l'État, entre les générations, entre les sacrifices du passé et le potentiel de l'avenir. Lorsque nous nions ce lien, nous sapons la confiance dans notre système et introduisons un risque qui fragilise le contrat social qui sous-tend notre démocratie.
Lorsque les familles rentrent chez elles après avoir passé plusieurs années à l'étranger pour des raisons professionnelles ou autres, elles devraient pouvoir reprendre leur vie sans que la bureaucratie vienne compromettre l'avenir de leurs enfants. Le projet de loi permettrait d'atteindre cet objectif. Il apporterait de la clarté là où règne la confusion, de l'équité là où il y a des incohérences et de la continuité là où il y a des perturbations. Il dit aux familles qu'elles sont canadiennes et que leurs enfants le sont aussi. Il ne s'agit pas seulement de la bonne décision; c'est l'un des fondements de nos droits, des droits garantis par la Charte.
Les Canadiens travaillent pour payer leurs impôts, contribuent à nos collectivités et s'engagent dans la vie civique. Ils élèvent leurs enfants pour qu'ils deviennent Canadiens. Plus tôt à la Chambre, j'ai entendu un certain nombre de députés demander ce qui constitue réellement un lien profond avec l'identité canadienne. Lorsqu'un citoyen canadien a des enfants, je suis plus que certaine qu'il leur transmet les valeurs canadiennes, peu importe où il se trouve dans le monde.
Lorsqu'un parent a un enfant et souhaite rentrer chez lui, cette conversation signifie qu'il doit faire face à la bureaucratie, communiquer avec IRCC et essayer de déterminer qui il peut appeler, que ce soit son député fédéral ou provincial. Ce niveau de bureaucratie rend le système très difficile à comprendre pour les Canadiens qui ont servi notre pays et qui, pour diverses raisons, n'ont pas la citoyenneté canadienne.
Ce projet de loi, au fond, vise à rétablir la stabilité et à montrer aux Canadiens que les institutions leur reconnaissent le droit d'être Canadiens et que les législateurs du pays n'ont pas à en débattre. Si M. Harper n'avait pas créé ce système, je ne pense pas que nous aurions cette conversation.
Aux nombreux collègues qui ont posé des questions comme si cette conversation avait lieu pour la première fois, je rappellerai que nous en avons déjà discuté. Nous avons fait venir au Parlement des familles canadiennes faisant partie des Canadiens dépossédés de leur citoyenneté et nous leur avons dit que nous estimons important de leur rendre leur citoyenneté. Or, nous revoilà en train d'en discuter comme si c'était la première fois, de remettre en question le sort des nombreuses familles éprouvées par le système et de nous demander si elles ont leur place au Canada ou non. Nous en débattons aujourd'hui comme si le travail accompli ces dernières années ne comptait pas, et ce n'est pas juste.
Nous devons protéger les Canadiens et nous ne pouvons pas nous permettre de les laisser en plan à cause de subtilités juridiques qui ne tiennent pas compte des réalités de la mobilité moderne ou de la mondialisation. En construisant ce que nous croyons être un Canada juste, nous devons nous montrer équitables envers les hommes et les femmes qui ont servi notre pays ainsi qu'envers leurs enfants.
Nous devons également être justes lorsque nous invitons des gens à venir ici pour parler aux législateurs et participer aux travaux des comités pendant un certain nombre d'heures. Mon collègue du Bloc québécois a mentionné tantôt le nombre d'heures qu'il a passées à écouter les manœuvres d'obstruction qui ont eu lieu lors du dépôt du projet de loi à la Chambre lors de la dernière législature. Je ne peux parler que de la dernière législature, car j'y siégeais. Je n'étais pas ici lorsque le projet de loi a été présenté pour la première fois, mais j'étais ici au cours de la dernière législature, et j'ai vu les innombrables heures que nous avons passées à combattre l'obstruction et les tactiques visant à empêcher les discussions sur la question de savoir si des familles canadiennes méritent ou non d'être reconnues comme telles.
Les témoins en ont vu de toutes les couleurs. Ils ont enduré les longues conversations. Ils ont entendu les balivernes et les désaccords. Ils ont écouté des gens parler d'eux comme s'ils n'étaient pas des êtres humains et comme s'ils n'étaient même pas présents dans la salle — tout cela pour aller jusqu'au bout.
Nous y sommes finalement arrivés. Nous avons présenté le projet de loi à la Chambre. Nous l'avons fait adopter. Il a été renvoyé au Sénat et, pour des raisons parlementaires, il nous est revenu. Nous sommes donc ici pour en discuter afin de nous assurer que nous pouvons le renvoyer au comité, nous entendre sur des amendements qui ont du sens et faire adopter le tout rapidement. La dernière chose que nous voulons, c'est relancer des discussions sur la légitimité de rétablir la citoyenneté canadienne de certaines personnes.
Malheureusement, j'étais ici ce matin et j'ai entendu des collègues remettre la question sur le tapis. J'ai écouté des collègues qui siégeaient avec moi au comité et qui ont promis à ces familles que nous ne referions pas la même chose. Ils posent de nouveau des questions au lieu de proposer des amendements, au lieu d'accepter que nous renvoyions le projet de loi au comité et que nous travaillions ensemble pour l'amender de manière appropriée et sans tarder, ce qui mettrait fin à la longue période d'incertitude pour des familles canadiennes qui n'ont pas d'information et qui se demandent de nouveau si elles sont des Canadiens que l'on tient en estime.
Je pensais que nous avions réglé ce problème. Je sais que le président d'aujourd'hui siégeait également au comité. Nous avions réglé le problème qui pousse des Canadiens à se demander s'ils ont leur place. Nous avions réglé le problème du badinage et du débat politisé pour les Canadiens, mais nous y revoilà.
Je ne compte plus tous les discours dans lesquels on remet ces choses-là en question, si bien que les gens concernés en viennent à se demander encore une fois s'ils peuvent à juste titre se dire Canadiens. Je tiens à les rassurer: ce sont incontestablement des Canadiens. Je veux également souligner les efforts de militants comme Don Chapman, qui a passé d'innombrables heures à travailler avec des parlementaires, avec des comités et avec différents fonctionnaires pour veiller à ce que nous en arrivions à une solution, de sorte que les Canadiens dépossédés de leur citoyenneté soient bien reconnus comme des Canadiens, car nous croyons tous en cette Chambre qu'un Canadien est un Canadien, un point c'est tout.
Je suis très heureuse de prendre la parole pour rassurer la famille de Canadiens dépossédés de leur citoyenneté, en même temps que tous ces gens qui sont venus nous parler au Parlement et nous demander d'adopter le projet de loi. C'est effectivement ce que nous comptons faire. Non seulement nous verrons à ce que le projet de loi soit adopté, mais nous travaillerons également avec tous les partis à la Chambre pour veiller à ce que l'on mette de l'avant des amendements judicieux et pour faire en sorte que les gens n'aient plus à se demander sans cesse s'ils peuvent légitimement se dire Canadiens et s'ils peuvent même servir notre pays en tant que Canadiens.
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Monsieur le Président, je vais partager le temps qui m'est accordé.
C'est peut‑être une nouvelle législature et nous avons peut‑être un nouveau , mais nous nous attaquons aux mêmes vieux problèmes en faisant appel aux mêmes solutions indésirables, et nous en avons beaucoup entendu parler aujourd'hui. Pis encore, le gouvernement libéral ne veut même pas admettre les échecs que tous les Canadiens, peu importe pour qui ils ont voté, peuvent constater.
Je vais entrer dans le vif du sujet. Le gouvernement actuel a compromis le système d'immigration canadien. Il a rompu le consensus de 100 ans sur notre système. Alors que ce système faisait l'envie du monde et de tellement de gens qui en sont venus à appeler le Canada leur pays, les libéraux en ont fait un système maintenant truffé d'abus et d'incompétence. Bien franchement, ce n'était pas le cas il y a 10 ans. Toute personne rationnelle dirait qu'il faut effectivement réparer le système d'immigration, y compris la vaste majorité des Canadiens. Nous devons remédier au problème pour rétablir la confiance et l'intégrité qui caractérisaient le système auparavant.
Cela dit, la actuelle ne peut pas répondre aux questions les plus élémentaires. En fait, des députés d'en face qui ont pris la parole aujourd'hui ont probablement lu le projet de loi. Ils ont participé aux délibérations en comité et ont répondu à chacune des questions beaucoup mieux qu'elle ne pourrait le faire. C'est ce que j'ai moi-même constaté la semaine dernière, lorsque la ministre n'a pas pu dire combien de personnes nous avons accueillies au Canada. Elle n'a pas pu nous dire si on allait terminer un jour les vérifications de sécurité nécessaires. Elle n'a pas pu nous dire qui allait partir, à quel moment cela se ferait et de quelle façon les autorités allaient procéder.
On dirait que les membres du gouvernement libéral croisent les doigts à ce stade‑ci. Ils demandent à tous ceux qui n'ont pas encore occupé le poste de de mener le combat, en espérant que les problèmes vont disparaître comme par magie. Cela ne rend pas notre pays sécuritaire. Cela ne permet pas aux gens de se trouver un emploi. Cela ne les aide pas à se trouver un logement et cela n'empêche pas les délinquants ou, à vrai dire, les terroristes d'entrer dans notre pays. Les députés ont peut-être remarqué que les personnes les plus raisonnables au pays en matière d'immigration ont cessé de marcher sur des œufs à ce sujet. Elles disent les choses telles quelles: notre système est gravement compromis à cause des mesures prises par le gouvernement au cours des 10 dernières années.
Voici ce que j'ai à dire aux sept ministres qui, depuis dix ans, ont compromis le système au Canada et ont rompu le consensus antérieur: le projet de loi ne règle pas les problèmes qu'il est censé régler. En fait, il en crée d'autres. Il faut que la Chambre comprenne cela.
Depuis quelques années, les niveaux d'immigration sont beaucoup trop élevés. C'est certainement ce que je crois. Les dirigeants municipaux, les premiers ministres provinciaux et même les fonctionnaires non partisans sont du même avis. Ils l'ont dit. Accorder la citoyenneté d'un trait de plume ou d'un vote de la Chambre à 100 000 personnes n'est pas la solution. Je dis 100 000, mais en fait, le gouvernement ne sait même pas de combien de personnes il s'agirait. Nous avons entendu différentes estimations de la part de multiples députés d'en face. C'est irresponsable.
Le projet de loi accorderait la citoyenneté à des personnes qui ont passé à peine 36 mois au Canada, et pas nécessairement de manière consécutive. C'est le premier problème.
Qu'en est-il des contrôles de sécurité? La Chambre a peu parlé des vérifications de sécurité. D'ailleurs, la semaine dernière, la a été incapable de décrire ce qu'on entend par vérification de sécurité. Le projet de loi accorderait la citoyenneté à des personnes sans effectuer la moindre vérification de sécurité. Il n'y aurait ni vérification des antécédents ni entrevue.
Nous n'avons pas parlé beaucoup de l'arriéré des dossiers dans le système d'immigration. Que devient cet arriéré? Des millions de personnes, littéralement, attendent depuis des années. Les dossiers des demandeurs d'asile en attente de traitement se chiffrent à près de 300 000, tandis que les demandes de citoyenneté accumulées atteignent le million. De toute évidence, le projet de loi a tout ce qu'il faut pour grossir cet arriéré. Il faut s'inquiéter de ce système qui a perdu non seulement son intégrité, mais aussi la confiance des Canadiens. Il faut éviter à tout prix une augmentation des retards. Notre gardien de la rigueur budgétaire nous dit que le projet de loi coûterait 21 millions de dollars, mais il ne peut pas vraiment l'évaluer en toute connaissance de cause parce que les libéraux ne connaissent pas les chiffres. Ils ne connaissent pas non plus les détails du processus ni le nombre de personnes qui seraient touchées.
Cela dit, ces questions sont accessoires. En fait, en plus de ne pas répondre aux besoins en immigration au pays, le projet de loi nous engagerait dans une très mauvaise voie. Il aggraverait, selon moi, les problèmes créés par les libéraux au cours des dernières années. Personne ne devrait s'en réjouir.
Je vais être claire: le dysfonctionnement de notre système d'immigration ne devrait pas réjouir qui que ce soit. Il a permis de bâtir ce pays. Il a permis à des gens comme mes parents de venir ici et de fuir un endroit dont ils ne veulent même plus parler pour commencer une nouvelle vie au Canada, où leurs enfants peuvent devenir députés, ce dont ils n'auraient jamais osé rêver. Le système est résilient. Il rend notre pays unique et il fait partie de notre force culturelle et économique.
Le pays a besoin d'immigration, mais le système doit aussi fonctionner pour les Canadiens et pour le Canada. À l'heure actuelle, il ne fait ni l'un ni l'autre. Il ne fonctionne pour personne. Il ne fonctionne pas pour les jeunes, les aînés, la première génération ou la sixième génération. Il ne fonctionne pas pour les personnes qui n'ont pas les moyens d'acheter une maison, qui ne peuvent pas consulter un médecin quand elles en ont besoin, qui ne trouvent pas d'emploi quand elles en ont besoin ou qui ont passé des années à attendre dans des files d'attente, sans savoir quand leur tour viendrait. Il ne vient pas en aide aux personnes qui ont été arnaquées par de faux collèges ou universités avides d'argent étranger qui, sous la surveillance et l'encouragement du gouvernement, sont devenus incontrôlables. Il ne sert pas les personnes qui sont venues ici pour ce que le pays leur promettait.
Environ 40 % des nouveaux arrivants ont déjà déclaré vouloir quitter le pays. Voilà le genre de situation qui ne se règle pas à coup de marteau, mais plutôt avec un scalpel.
Il n'est donc pas surprenant de réaliser que, bien qu'il ait promis une diminution du nombre de nouveaux arrivants, le gouvernement délivre un nombre record de permis. Cette année, près de 100 000 permis d'études et 50 000 permis de travail temporaire ont été délivrés. Il fallait s'y attendre de la part de la présente . Après tout, à l'époque où elle était ministre de l'Immigration de la Nouvelle-Écosse, elle avait déclaré qu'elle ne souhaitait fixer aucune limite en matière d'immigration. Elle a ensuite nié avoir tenu de tels propos. Bref, la septième ministre de l'Immigration en dix ans possède un bien piètre bilan qui ne suscite pas la confiance.
Si les députés d'en face veulent vraiment améliorer la situation, j'ai quelques conseils à leur donner. Il est vrai que nous devons réparer les erreurs du passé, et c'est précisément ce que faisait l'ancien projet de loi. S'il y a des éléments et des cas précis qu'il ne réglait pas, nous pourrions trouver des approches très ciblées pour y remédier. Nous étions prêts à corriger la situation des Canadiens dépossédés de leur citoyenneté au moyen du projet de loi ciblé présenté à l'autre endroit, le projet de loi , mais le projet de loi va trop loin.
En réalité, le projet de loi dévalorise la citoyenneté canadienne pour tout le monde. Il ouvrirait une brèche en éliminant le critère des liens avec le Canada ou, du moins, des liens importants avec le Canada. Il éliminerait la limite de la première génération. Il accorderait la citoyenneté aux personnes nées à l'étranger dont l'un des parents a passé 1 095 jours consécutifs au Canada.
Nous avons beaucoup discuté de cette question, et je suis heureuse d'entendre que les députés d'en face, les libéraux, sont ouverts à apporter des amendements pour établir un critère qui a du sens. Selon la version actuelle, il n'est même pas requis d'avoir des attaches substantielles.
Encore une fois, le critère vague du lien substantiel permet à des résidents étrangers multigénérationnels de demander la citoyenneté alors qu'ils ont une présence minimale au Canada. Voilà qui dévalorise la citoyenneté qui dévalorise non seulement les droits qui sont accordés à tous les autres citoyens, mais aussi la responsabilité qu'ont les citoyens de s'assurer qu'ils agissent comme tels.
Je veux que le système d'immigration du Canada fasse l'envie du monde entier. Or, nous ne pouvons pas y arriver si les Canadiens ne croient pas en l'intégrité du système. Nous ne pouvons pas y arriver — et il suffit de voir ce qui se passe dans nos rues aujourd’hui — si nous disons non à la vérification de sécurité, à toute forme d’entrevue ou à la vérification du casier judiciaire. Aujourd'hui, au Canada, nous ne pouvons pas prétendre que de telles mesures ne s'imposent pas.
J'ai hâte d'entendre ce que les libéraux pensent d'un amendement qui garantirait que la sécurité et les vérifications sont prises au sérieux, ce qui n'a pas été fait par les libéraux en ce qui a trait au système d'immigration. Nous en voyons les résultats dans nos rues, et c'est un constat qui a été démontré dans de nombreux cas de personnes qui ont été accusées avant de commettre un acte terroriste au pays. Je veux que le gouvernement prenne ses responsabilités et que la citoyenneté signifie quelque chose au Canada.
Nous étudions un projet de loi sans ses amendements et les dispositions que le gouvernement a actuellement remises à la , une ministre qui a présenté le projet de loi à la Chambre, mais qui ne sait rien à son sujet. Je veux que ces dispositions soient modifiées. J'ai hâte d'avoir cette conversation, mais j'ai encore plus hâte que les libéraux acceptent les amendements.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui, non seulement en ma qualité de député de Richmond Hill-Sud, mais aussi en tant que représentant d'une circonscription qui compte l'une des plus fortes concentrations de Canadiens de première ou de deuxième génération, avec près de 90 % des résidants qui sont eux-mêmes des immigrants ou qui ont des parents ayant immigré au Canada.
Il ne s'agit pas seulement d'une statistique. C'est la réalité vécue par mes concitoyens. Ce sont des familles qui sont arrivées dans ce pays avec rien d'autre que de l'espoir, la promesse d'une vie meilleure au Canada et leur éthique de travail. Ce sont des gens qui ont accepté des emplois contribuant à l'essor de notre pays, que ce soit dans le domaine de l'ingénierie, dans des centres d'hébergement ou au sein de petites entreprises. Ce sont des gens qui ont patienté pendant des années en respectant toutes les règles. Ils ont fait des études, suivi une formation, renouvelé leur accréditation professionnelle, préparé leur examen de citoyenneté, et payé leurs impôts et leurs cotisations. Bref, ils ont fait tout ce qu'il fallait.
Dans ma circonscription, de nombreux Néo-Canadiens sont venus ici pour fuir la guerre, la persécution politique ou les difficultés économiques. Ce sont des gens qui ont tout sacrifié pour donner à leurs enfants la chance d'avoir une vie meilleure.
Bon nombre d'entre eux venaient d'endroits comme l'Iran, où des dissidents sont emprisonnés pour avoir osé s'exprimer librement sous un régime totalitaire brutal. D'autres sont arrivés de Hong Kong, où la démocratie et la liberté sont en déclin. Certains sont venus de Chine afin d'améliorer le sort de leurs enfants. D'autres encore sont arrivés de l'Europe d'après-guerre avec à peine plus que des vêtements dans leurs valises. Ces gens-là ne se sont pas simplement présentés ici avec un passeport qui leur a été offert. Ils ont bâti de leurs propres mains les fondations mêmes du Canada. Ils sont tous venus ici pour améliorer leur qualité de vie, et ce faisant, ils ont rendu le Canada plus fort. Lorsqu'ils ont enfin prêté serment pour devenir citoyens canadiens, cela avait une signification particulière. C'était un moment qu'ils attendaient avec impatience, un moment dont ils rêvaient, un moment d'immense fierté assortie d'un sentiment d'appartenance pleinement mérité.
Les libéraux ont passé les 10 dernières années à effacer le patrimoine même qui définit qui nous sommes en tant que pays, et ils tournent maintenant la page et s'en prennent à ce que cela signifie d'être citoyen canadien.
Lorsque le gouvernement libéral a présenté le projet de loi , un projet de loi qui offre automatiquement la citoyenneté canadienne à des gens qui n'ont jamais mis le pied au pays, jamais payé d'impôts ici, jamais exprimé le désir de vivre ici et même jamais chanté l'Ô Canada sous notre fier drapeau, je n'ai pas pu garder le silence.
Ce projet de loi envoie un message clair à mes concitoyens de Richmond Hill‑Sud. Leur travail acharné, leur patience et leur loyauté envers notre pays valent moins que les documents et les liens de sang. Ce projet de loi ne répare pas le système que les libéraux ont brisé. Il accentue l'injustice. Il tourne en dérision les sacrifices consentis par les immigrants qui ont payé leur dû. C'est un autre exemple de gouvernement libéral pour qui il est plus important de se montrer vertueux au reste du monde que de défendre les gens qui ont bâti notre pays.
Parlons d'équité, parce que c'est véritablement ce sur quoi porte le débat. Au pays, des millions d'immigrants sont venus légalement. Ils ont suivi les règles, attendu patiemment en ligne et bâti leur vie ici, travaillant de longues heures, élevant leur famille, payant des impôts et faisant du bénévolat dans leur collectivité.
Bien des immigrants sont ici depuis des années et apportent plus au Canada que la plupart des gens, et pourtant, ils ne peuvent toujours pas voir la question de leur citoyenneté réglée. Je l'ai vécu personnellement en tant que député de Richmond Hill‑Sud. J'ai été élu il y a moins de deux mois seulement, mais mon bureau de circonscription a déjà reçu des centaines et des centaines de dossiers d'immigration.
J'ai rencontré bien des nouveaux Canadiens qui sont plus engagés dans leur collectivité que la plupart des politiciens libéraux. Pourtant, ils sont pris dans les limbes, à cause de l'arriéré, de la paperasse bureaucratique et d'un système brisé par les libéraux qui les traite comme une statistique.
Désormais, ce même gouvernement libéral veut donner la citoyenneté canadienne comme si c'était un genre de souvenir. Le projet de loi permettrait d'accorder la citoyenneté automatiquement aux gens nés à l'étranger, même s'ils ne sont jamais venus au Canada, n'ont jamais contribué à notre économie, n'ont jamais défendu notre pays en tant que militaires, n'ont jamais célébré notre patrimoine et n'ont même jamais eu l'intention de vivre ici.
En quoi est-ce juste? Comment pouvons-nous dire à une personne qui travaille au Canada depuis des années, qui s'y est bâti une vie, qui contribue à l'économie, qui paie ses impôts et qui élève parfois même des enfants nés au Canada, qu'elle doit continuer d'attendre, de se plier à une foule d'exigences, de se débattre dans un système brisé par les libéraux, alors qu'une personne née à l'étranger qui n'a jamais mis les pieds ici se voit accorder automatiquement la citoyenneté par le gouvernement libéral, sans aucune question?
C'est insultant. C'est élitiste. On dirait une idée sortie tout droit du Forum économique mondial de Davos. Par-dessus tout, cela ne reflète pas la promesse canadienne.
C'est le Parti libéral tout craché. Il cherche à effacer notre patrimoine, à se moquer des immigrants qui travaillent dur et à récompenser ceux qui ont des relations, des privilèges internationaux et la bonne lignée, tout en ignorant les immigrants de la classe ouvrière qui ont véritablement contribué à bâtir ce pays.
C'est ce même gouvernement libéral qui a ouvert toutes grandes les frontières aux criminels qui entrent illégalement dans notre pays, mais qui oblige les immigrants honnêtes à attendre des années avant d'obtenir une audience équitable. Ce n'est pas de la compassion. Ce n'est pas une question de justice. C'est du théâtre politique, un projet de loi présenté par un gouvernement libéral voulant se donner bonne conscience et bonne image, un gouvernement obsédé par le symbolisme et aveugle à la réalité vécue par les nouveaux arrivants.
Ce qui est encore plus alarmant, c'est que le projet de loi éliminerait la limite de la première génération, mais ouvrirait la porte à l'octroi de la citoyenneté aux personnes nées à l'étranger si un seul de leurs parents a passé 1 095 jours au Canada au cours de sa vie, même de façon non consécutive, soit l'équivalent de trois ans. Il n'y a aucune exigence de vérification des antécédents criminels. La personne n'a même pas à démontrer qu'elle comprend ce que c'est d'être Canadien ou en faire l'expérience. Elle n'a pas non plus à prouver son attachement au pays. On approuve juste automatiquement sa demande de citoyenneté. Cela fait fi des normes que les immigrants ont passé des années à essayer de respecter.
Nous croyons que la citoyenneté symbolise l'appartenance, ce n'est pas quelque chose que l'on refile à tout un chacun. Elle doit être accordée aux personnes engagées et loyales envers le Canada, qui respectent ses valeurs et qui le considèrent fièrement comme leur nation. Il ne faut pas l'octroyer pour des raisons futiles. Nous soutenons les gens qui travaillent fort, qui respectent la loi et qui contribuent à leur communauté, ces gens trop souvent oubliés par le gouvernement libéral et trahis par un système qui traite mieux l'élite mondiale que le travailleur canadien. Les libéraux récompensent les privilégiés de ce monde, tandis que les conservateurs luttent pour ceux qui investissent au Canada, et non pas pour ceux qui le considèrent comme un plan de rechange.
Parlons de la conception erronée de la citoyenneté canadienne qui transparaît du projet de loi. Un des aspects les plus troublants du projet de loi est qu'il assimile la citoyenneté canadienne à un trophée plutôt qu'à un privilège qui nécessite un engagement, une contribution et l'adhésion à des valeurs. Ce texte véhicule une conception profondément élitiste et déconnectée de l'identité canadienne. Être canadien, ce n'est pas faire partie d'une lignée, ni un hasard de la naissance. Le Canada est bâti par des gens qui y croient et qui l'ont choisi. Il devrait donc choisir ses citoyens en raison de leur loyauté et de leur détermination à favoriser sa prospérité.
Ce qui est encore plus préoccupant, c'est que si le projet de loi libéral est adopté, les gens ne seraient pas tenus d'avoir de véritables liens avec le Canada. Le projet de loi propose un critère du lien substantiel vague, une norme si imprécise qu'elle ouvre la voie à l'octroi de la citoyenneté, à la discrétion de fonctionnaires non élus, à des personnes qui n'ont peut-être aucune interaction ou qui ont seulement une interaction minimale, voire symbolique, avec le Canada. Des résidants étrangers, plusieurs générations plus tard, pourraient demander la citoyenneté canadienne sans jamais avoir vécu ou travaillé ici ou adopté les valeurs qui nous sont chères. Ce n'est pas une façon d'assurer la cohésion nationale; cela mène au chaos. Toutefois, aux termes du projet de loi , une personne née à l'étranger d'un citoyen canadien qui n'a pas vécu au Canada pendant des décennies obtiendrait un passe‑droit, tandis qu'une personne qui fait du bénévolat dans sa communauté, paie des impôts, travaille fort, célèbre notre patrimoine et élève ses enfants au Canada doit attendre. C'est inacceptable et rétrograde, et cela amoindrit la valeur de la citoyenneté.
Le projet de loi dit que la citoyenneté est une question de liens de sang. Les conservateurs disent que la citoyenneté est une question d'appartenance, de contribution, d'allégeance et de valeurs communes. Le gouvernement libéral veut créer un système où le privilège et l'origine comptent plus que les actions et les valeurs. Ce n'est pas le Canada que nos parents et nos grands‑parents ont bâti, et ce n'est pas le Canada que nous devrions léguer à la prochaine génération.
Ce n'est pas seulement une question de principe: la mesure proposée entraînerait aussi des coûts. La citoyenneté automatique s'accompagne automatiquement d'obligations, dont le devoir de protéger et d'évacuer les citoyens en cas d'urgence internationale. Nous avons pu constater le coût exorbitant du déploiement des services consulaires et des opérations d'évacuation pendant une crise au Liban. Si le projet de loi est adopté, nous pourrions devoir secourir et ramener au Canada des personnes qui n'ont jamais vécu au Canada et qui n'ont peut-être aucun lien réel avec notre pays, mis à part avoir rempli quelques formulaires.
Le Canada ne doit jamais devenir un pays qui accorde plus d'importance au nom de famille d'une personne qu'à sa loyauté envers notre pays. Le pire dans tout cela, c'est que le gouvernement libéral admet qu'il ne sait même pas combien de personnes seraient touchées par cette mesure. Il n'y a pas de chiffres, pas de données, pas de reddition de comptes. Il s'agit d'une autre promesse ouverte pour laquelle les contribuables canadiens devront payer la note. Ce n'est pas seulement irresponsable, c'est imprudent. Voilà le genre de mesure auxquelles on peut s'attendre de la part de personnes qui ne se donnent même pas la peine de déposer un budget.
Je terminerai en disant ceci: les conservateurs défendront toujours les familles fortes, les gens qui sont loyaux envers notre pays, ainsi que les gens qui ont bâti ce pays et le bâtissent encore, y compris les vaillants immigrants de Richmond Hill-Sud. Ils se battront pour l'équité, le travail acharné, la citoyenneté méritée et pour un Canada qui accorde la priorité aux citoyens canadiens et à notre patrimoine.
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Monsieur le Président, je précise que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je reconnais que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel non cédé du peuple anishinabe algonquin.
J'ai le plaisir de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi et du pouvoir transformateur de la citoyenneté canadienne. Fondamentalement, ce projet de loi vise des personnes, des véritables familles, ainsi que leur histoire, leurs sacrifices et leur lien profond et durable avec le Canada, et ce, peu importe où leur carrière et leur vie les mènent.
J'en suis moi-même un exemple concret. Mes deux enfants sont nés à New York, alors que je terminais une maîtrise. Bien qu'ils aient vécu la majorité de leur vie au Canada et que mes ancêtres soient arrivés à Batiscan, près de Trois‑Rivières, au XVIIe siècle, la loi mise en place par le gouvernement conservateur de Stephen Harper pourrait empêcher mes petits-enfants d'être citoyens canadiens ou les soumettre à une enquête de sécurité pour s'assurer qu'ils ont le droit d'avoir la citoyenneté si, dans l'avenir, ils étudient ou travaillent à l'étranger pour une période de leur vie. Ce que le gouvernement conservateur a mis en place a des répercussions sur les choix des gens qui souhaitent étudier ou travailler à l'étranger, parce que, s'ils le font, peut-être que leurs enfants ne pourront pas avoir la citoyenneté canadienne.
La citoyenneté est un statut légal, mais c'est surtout une question d'appartenance à une communauté diversifiée et accueillante, liée par des valeurs démocratiques communes. Dans le monde d'aujourd'hui où la migration et la mobilité sont omniprésentes, le Canada a l'occasion de donner l'exemple. Alors que certains pays restreignent l'accès à la citoyenneté, le Canada adopte avec ce projet de loi une voie fondée davantage sur les principes, une voie qui englobe la diversité, les familles transfrontalières et les liens durables que les Canadiens entretiennent à l'étranger.
De nombreux Canadiens vivent et travaillent à l'étranger. Il y a des communautés d'expatriés canadiens dans les grandes villes partout dans le monde. Ces expatriés travaillent dans les domaines du développement international, des arts, des sciences, de l'éducation, du commerce mondial et de l'humanitaire, pour n'en citer que quelques-uns. Ces citoyens entretiennent des liens profonds avec le Canada. Ils reviennent souvent ici pour élever leurs enfants, pour prendre soin de leurs proches et pour bâtir de nouvelles collectivités. Le fait de s'assurer que leurs enfants, qu'ils soient nés ou adoptés à l'étranger, puissent partager cette identité n'est pas seulement une question d'équité. Cela renforce aussi la cohésion et la portée mondiale de notre pays.
Aujourd'hui, je tiens à faire part de ce que les nouveaux Canadiens nous ont dit sur l'importance de la citoyenneté canadienne pour eux, sur l'incidence qu'a eue leur citoyenneté et sur les façons dont nous devons continuer à protéger les droits, les responsabilités et les valeurs communes de la citoyenneté.
Devenir citoyen canadien est souvent décrit comme un moment de grande fierté. Comme le mentionnait mon collègue conservateur, c'est la fierté de faire du Canada son chez-soi et la fierté du trajet qu'il a fallu parcourir pour y parvenir. Devenir citoyen canadien constitue le point culminant d'années de sacrifices, de travail acharné et de persévérance, pas seulement de la part de la personne concernée, mais souvent de la part de toute sa famille également. Il s'agit également d'un moment de connexion à la collectivité. C'est la possibilité de prendre part à quelque chose de plus grand que soi.
De nombreux députés ont eu l'honneur d'être témoins du poids émotionnel de ce moment. Les nouveaux arrivants, qui sont souvent avec leurs enfants, tiennent leur certificat fermement, en sachant que l'avenir de leur famille est plus sûr dans notre merveilleux pays. Ce sentiment de fierté dépasse les frontières. Des gens du monde entier souhaitent avoir l'occasion de faire du Canada leur chez-soi. Pour ceux qui fuient un conflit, la persécution ou les difficultés, la citoyenneté canadienne représente un nouveau départ, une deuxième chance dans la vie. Il s'agit d'un privilège que la plupart ne prennent pas à la légère.
La gratitude exprimée par les nouveaux citoyens est profonde. Les gens parlent souvent des possibilités offertes par le Canada, surtout en matière d'éducation, de soins de santé et de paix. Ces piliers de la vie canadienne sont les pierres angulaires d'un avenir meilleur, non seulement pour les nouveaux citoyens eux-mêmes, mais également pour leurs enfants et pour les générations futures. Que ce soit en faisant du bénévolat, en participant à des événements culturels locaux ou simplement en apprenant à connaître leurs voisins, les nouveaux Canadiens participent activement au renforcement du tissu de notre société. Ils incarnent l'esprit de générosité du Canada et contribuent à la réussite de leur collectivité de plusieurs façons.
En tant que gouvernement, nous devons demeurer vigilants pour veiller à ce que la citoyenneté canadienne demeure un symbole d'inclusivité, d'équité et de sécurité, ainsi qu'un engagement à cet égard. Il s'agit de la raison pour laquelle nous avons présenté le projet de loi : pour veiller à ce que l'accès à la citoyenneté reste équitable et transparent.
À un moment où la désinformation et la division, y compris la division qui se passe ici à la Chambre, peuvent menacer la confiance dans les institutions publiques, le Canada doit démontrer que son engagement envers l'équité dépasse les frontières.
Le fait de fournir des voies de citoyenneté réfléchies et inclusives au-delà de la première génération permet d'affirmer que l'identité canadienne est façonnée non seulement par le lieu de naissance, mais également par le lien, la contribution et les valeurs.
Ce projet de loi vise à remédier automatiquement au statut des personnes qui auraient été des Canadiens si ce n'était pas de la limite à la première génération. Il crée également un nouveau cadre prospectif pour la citoyenneté par filiation. À l'avenir, les enfants nés à l'étranger au-delà de la première génération seront admissibles à la citoyenneté si leurs parents canadiens peuvent démontrer un lien substantiel avec le Canada. C'est important. À l'avenir, tant que le parent canadien qui est né à l'étranger a cumulé trois années de présence au Canada avant la naissance de son enfant, son enfant naîtra lui aussi citoyen. Les enquêtes de sécurité sur les bébés ne sont pas nécessaires.
L'objectif et la structure de la Loi sur la citoyenneté ont été — et continueront d'être après l'entrée en vigueur du projet de loi C‑3 — que les enfants adoptés à l'étranger par des Canadiens et les enfants nés à l'étranger de Canadiens soient traités de manière aussi semblable que possible.
Le grand privilège de la citoyenneté canadienne s'accompagne d'une grande responsabilité. C'est une responsabilité de s'engager, de contribuer et de prendre appui sur les valeurs qui font de notre pays ce qu'il est. La citoyenneté n'est pas seulement une destination, elle est un trajet et un engagement envers la collectivité, la justice et le respect mutuel. Il s'agit de la raison pour laquelle, une fois le projet de loi C‑3 adopté, les Canadiens nés à l'extérieur du Canada qui adoptent des enfants à l'étranger devront répondre à la même exigence de lien substantiel pour avoir accès à l'attribution directe de la citoyenneté pour les personnes adoptées que celles qui seraient requises pour transmettre leur citoyenneté s'ils avaient un enfant né à l'étranger. Ces enfants, qu'ils soient adoptés à l'étranger ou qu'ils soient nés à l'étranger, devront également satisfaire à l'exigence en matière de lien substantiel afin de transmettre leur citoyenneté s'ils ont ou s'ils adoptent des enfants à l'étranger un jour.
En conclusion, l'obtention de la citoyenneté canadienne est une étape importante et émotionnelle. Il s'agit d'un privilège qui s'accompagne d'occasions et de gratitude, mais également de la responsabilité de faire respecter les valeurs qui nous unissent. La citoyenneté n'est pas seulement une question de droit. Il s'agit d'une réflexion de qui nous sommes et de qui nous incluons. En adoptant le projet de loi C‑3, nous choisissons le lien plutôt que l'exclusion, l'équité plutôt que la limitation. Nous disons aux Canadiens partout au monde et à leurs enfants que leurs liens avec notre pays sont importants, que leurs histoires, leurs contributions et leur sentiment d'appartenance font partie de ce qui rend le Canada fort.