Les édifices et les terrains du Parlement

Site et bâtiments

Les édifices du Parlement sont situés sur une colline qui était recouverte à l’origine d’une forêt de hêtres et de pruches, bordée au sud de marécages de cèdres (thuyas) et d’une prairie de castor. Sur ce site4, qui surplombe la rivière des Outaouais, se trouvaient autrefois des casernes. Borné au sud par la rue Wellington, à l’est par le canal Rideau, au nord par la rivière des Outaouais et à l’ouest par la rue Kent, le site est officiellement désigné comme la Colline du Parlement5 (voir la figure 6.1, « La Colline du Parlement »). À l’origine, l’ensemble des bâtiments néogothiques construits entre 1859 et 1876 comprenait l’édifice du Parlement — avec une tour devant et la Bibliothèque du Parlement derrière (structure polygonale à 16 côtés) — et deux bâtiments administratifs qui existent toujours, l’édifice de l’Est et l’édifice de l’Ouest6. Le Parlement et la tour Victoria7 ont été détruits par le feu le 3 février 19168. Seule la Bibliothèque a échappé aux flammes, en partie grâce à un employé qui a fermé les portes de métal qui reliaient la Bibliothèque au reste de l’édifice. Au cours des quatre années suivantes, les deux chambres du Parlement se réunirent quelques rues au sud de la Colline du Parlement dans le Musée commémoratif Victoria, baptisé depuis le Musée canadien de la nature9.

Figure 6.1 La Colline du Parlement
Image illustrant une carte des édifices de la colline du Parlement. D’ouest en est, nous trouvons l’édifice de la Justice, de la Confédération, de l’Ouest, du Centre avec sa Tour de la paix et sa Bibliothèque du Parlement et l’édifice de l’Est.

En 1920, les chambres commençaient à siéger dans le nouvel édifice du Centre, encore inachevé10. Construit au même endroit que l’ancien, il sera terminé en 1922. La construction d’une nouvelle tour, appelée la Tour de la Paix pour souligner la contribution humaine et matérielle du Canada à la Première Guerre mondiale, s’est achevée en 1927.

Si les édifices du Centre, de l’Est et de l’Ouest étaient assez grands à l’origine pour loger l’ensemble de l’appareil parlementaire et gouvernemental, ils devinrent trop étroits à partir des années 1920 avec l’augmentation de la taille du Parlement et du gouvernement ainsi que la multiplication et le développement considérables de leurs fonctions. Aujourd’hui, les ministères sont logés dans des édifices tant dans la région de la capitale nationale qu’ailleurs au pays. La cité ou enceinte parlementaire — soit les « locaux qu’occupent la Chambre des communes et le Sénat pour s’acquitter de leurs fonctions11 » — s’est élargie pour comprendre plusieurs autres bâtiments dans le voisinage immédiat de la Colline12.

L’édifice du Centre est l’endroit destiné à loger en permanence les salles de séance de la Chambre des communes et du Sénat. Les salles de réunion des comités ainsi que les bureaux des députés sont situés dans divers édifices de la cité parlementaire, tandis que les bureaux du personnel de la Chambre et des services parlementaires se trouvent dans la cité et ailleurs dans la région de la capitale nationale. Depuis 1992, la cité parlementaire elle-même fait l’objet de diverses rénovations dans le cadre de la Vision et du plan à long terme (VPLT), qui constitue le plan directeur des améliorations à apporter pour remédier à la détérioration des édifices et des terrains et répondre aux exigences du Parlement13.

Les terrains de la Colline du Parlement ont été maintes fois réaménagés depuis la Confédération, mais il y a toujours eu une large allée centrale menant de la porte sud de l’enceinte à l’entrée principale au pied de la tour. Au début de l’allée repose une fontaine où brûle la flamme du centenaire : allumée en 1966, la veille du jour de l’An, elle marque le premier centenaire de la Confédération (1867-1967)14. La fontaine a la forme d’une pyramide tronquée à 12 côtés ; sur chacun se trouve un écusson en bronze portant les armoiries d’une province ou d’un territoire15. L’eau circule de façon continue autour des écussons, et la flamme, nourrie au gaz naturel, brûle à travers l’eau et semble danser en surface. Les pièces de monnaie jetées dans la fontaine sont récupérées pour le Fonds de recherche de la flamme du centenaire16.

Les terrains de la Colline du Parlement sont ponctués de 20 statues de bronze, dont la première a été érigée en 188517. Y sont représentés sept anciens premiers ministres (John A. Macdonald, Alexander Mackenzie, Wilfrid Laurier, Robert Borden, William Lyon Mackenzie King, John Diefenbaker et Lester B. Pearson), cinq pères de la Confédération (George-Étienne Cartier, un double monument commémoratif de Robert Baldwin et de Louis-Hippolyte Lafontaine, George Brown et Thomas D’Arcy McGee) et deux monarques (les reines Victoria et Élizabeth II)18. On y trouve aussi le monument commémoratif des « Célèbres cinq », en l’honneur de leur victoire dans l’affaire « personne » en 192919, ainsi qu’un autre monument commémorant la guerre de 1812. Bon nombre de ces statues ont été temporairement relocalisées ou retirées en raison des rénovations prévues dans le cadre de la Vision et du plan à long terme sur la Colline du Parlement.

On peut voir de nombreux autres attraits sur la Colline du Parlement. Derrière l’édifice du Centre et face à la rivière des Outaouais se trouve le Pavillon d’été, réplique d’un belvédère construit à l’origine en 1877 dans le cadre du plan global d’aménagement paysager des terrains, mais démoli en 1956. En 1995, on a reconstruit le Pavillon d’été en hommage aux policiers et aux agents de la paix canadiens tués dans l’exercice de leurs fonctions. Tout près se trouve un tableau d’honneur commémoratif sur lequel sont inscrits les noms de tous les agents tués dans l’exercice de leurs fonctions, devant la clôture qui longe l’escarpement bordant la rivière. À côté du Pavillon d’été se trouve un monument exposant la cloche de la tour Victoria, l’un des rares artefacts qu’on a pu sauver des ruines laissées par l’incendie de 1916 ayant détruit l’édifice original.

Titre de propriété, administration, entretien et gestion

Le Parlement ayant le droit de mener ses propres affaires sans ingérence aucune — y compris la supervision des lieux servant à l’exercice des fonctions parlementaires officielles — les Présidents des deux chambres exercent depuis toujours autorité et contrôle sur les locaux et les services compris dans l’enceinte parlementaire20. Au moment de la Confédération, la Colline du Parlement (y compris le terrain où se trouve aujourd’hui l’édifice de la Confédération) a été cédée au Canada par le gouvernement impérial en tant que « propriété de l’artillerie21 ». Ainsi, la gestion des terrains ainsi que la construction, la réparation et l’entretien des bâtiments relevaient et continuent de relever du mandat général du ministère chargé des édifices et des biens fédéraux. La Commission de la capitale nationale, organe fédéral dont le mandat prévoit l’aménagement et l’embellissement de la région de la capitale nationale22, est chargée de l’aménagement et de l’entretien des terrains de la Colline.

Les terrains de la Colline sont traités comme un parc public et sont fréquemment employés à des fins récréatives par les visiteurs. Des rassemblements publics organisés y sont aussi autorisés, avec la permission préalable du Comité responsable de la Colline du Parlement. Ce comité, composé de représentants du Sénat, de la Chambre des communes, du Service de protection parlementaire (SPP), de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), de la Commission de la capitale nationale (CCN), du Bureau du Conseil privé ainsi que des ministères du Patrimoine canadien et des Travaux publics et Services gouvernementaux, veille à ce que l’activité proposée ne nuise pas au fonctionnement du Parlement ou n’ait pas de conséquences néfastes pour le caractère patrimonial des lieux.

Vision et plan à long terme pour la cité parlementaire

En tant que gardien des édifices du Parlement, Travaux publics et Services gouvernementaux collabore étroitement avec ses partenaires parlementaires — le Sénat, la Chambre des communes et la Bibliothèque du Parlement — afin d’élaborer et de mettre en œuvre la Vision et le plan à long terme (VPLT). La VPLT constitue un plan directeur des améliorations à apporter à la cité parlementaire sur une période de 25 à 30 ans. Elle fournit une évaluation détaillée des besoins actuels et futurs en matière de planification, de rénovation et de construction dans la cité.

Ce plan s’exécute par une succession de programmes quinquennaux visant à remédier à la détérioration des édifices et des terrains, à répondre aux besoins du Parlement et à gérer l’accès des visiteurs. Au fur et à mesure que la VPLT avance, des locaux transitoires sont aménagés pour accommoder les principales fonctions parlementaires et d’appui dans divers édifices de la cité parlementaire et des alentours. Ainsi, les salles de réunion des comités sont logées dans différents édifices à différents moments, les principaux locaux provisoires étant une salle de séance temporaire pour la Chambre des communes dans le bâtiment intercalaire de l’édifice de l’Ouest et une salle de séance temporaire pour le Sénat dans le Centre de conférences du gouvernement23.

La description suivante porte sur les locaux destinés à accueillir en permanence les principales fonctions parlementaires et d’appui avant et après la mise en œuvre de la VPLT.

L’édifice du Centre

Construit selon les plans des architectes John A. Pearson et Jean-Omer Marchand dans un style néogothique moderne, l’édifice du Centre est de forme rectangulaire, mesure 144 mètres de longueur et 75 mètres de largeur et compte six niveaux24. Plus de 25 sortes de pierre ont servi à la construction du bâtiment, mais l’extérieur est essentiellement en grès de Nepean, tiré d’une carrière près d’Ottawa, et les murs intérieurs sont lambrissés de calcaire de Tyndall provenant du Manitoba. À l’intérieur, de nombreuses sculptures de pierre — résultat du travail intermittent et toujours en cours d’une soixantaine de sculpteurs depuis 1916 — rappellent l’histoire et les traditions du Canada25.

L’entrée principale de l’édifice se trouve au pied de la Tour de la Paix, où de larges marches mènent sous une imposante voûte d’entrée de style gothique. Les portes principales donnent sur un escalier qui débouche sur le Hall de la Confédération, qu’on appelle communément la Rotonde et qui est de forme octogonale, et le Hall d’honneur, qui mène à la Bibliothèque du Parlement (voir la figure 6.2, « Plan de l’édifice du Centre »). Au centre du Hall de la Confédération se dresse une immense colonne de pierre consacrant l’édifice à la mémoire des soldats canadiens qui ont combattu au cours de la Première Guerre mondiale. Le hall est orné de sculptures des armoiries du Canada, des provinces et de leur capitale, des territoires ainsi que de représentations de la faune et de la flore canadiennes. La salle de séance du Sénat se situe du côté est de l’édifice du Centre, et celle de la Chambre des communes, du côté ouest. Chaque chambre a sa propre entrée réservée à ses parlementaires.

La tour de la Paix

Avec son horloge à quatre côtés, la Tour de la Paix est le point de mire des édifices du Parlement. La tour rappelle la participation du Canada à la Première Guerre mondiale. Au troisième niveau se trouve la Chapelle du Souvenir, où sont exposés les sept Livres du Souvenir ; y figurent les noms des Canadiens et Canadiennes qui sont morts au service du Canada. Autour de l’horloge, un observatoire protégé donne une vue à 360 degrés de la région de la capitale nationale. Haute de 92,2 mètres, la tour est surmontée d’un mât porte-drapeau26.

Figure 6.2 Plan de l’édifice du Centre
Image du plan de l’édifice du Centre. En haut de l’image se trouve un cercle représentant la Bibliothèque du Parlement. Sous la Bibliothèque il y a le Hall d’honneur. Ce hall débouche (au sud) sur le Hall de la Confédération et mène à la tour de la Paix, à la Chapelle du Souvenir et au poste d’observation. À droite (à l’est) du Hall d’honneur se trouve le Sénat, et à gauche (à l’ouest) se trouvent la Chambre des communes et son foyer.

La tour renferme aussi un carillon de 53 cloches, inauguré le 1er juillet 1927 à l’occasion des 60 ans de la Confédération27. Le carillonneur du Dominion y donne régulièrement des récitals28. Un mécanisme relié à l’horloge fait sonner les cloches aux quarts d’heure29.

La Bibliothèque du Parlement

Du côté nord du Hall d’honneur, à l’opposé de l’entrée principale, s’ouvrent les portes de l’édifice de la Bibliothèque du Parlement. Son architecture est de style néogothique de la grande époque victorienne ; de forme circulaire, l’intérieur est richement décoré de lambris de pin blanc indigène sculpté. La Bibliothèque a échappé au terrible incendie de 1916, mais celui de 1952 qui a pris naissance dans la coupole a fait des dégâts considérables, dus surtout à la fumée et à l’eau. De 2002 à 2006, on a fermé l’édifice historique de la Bibliothèque pour y effectuer des travaux de conservation, de remise en état et de modernisation. Les dommages que l’édifice avait subis au fil des ans ont été réparés en respectant les normes de construction d’aujourd’hui tout en préservant les attributs existants de la Bibliothèque ainsi que son caractère patrimonial. Pendant les travaux, les collections de la Bibliothèque ont été entreposées dans divers autres édifices occupés par le Parlement du Canada sans en interrompre les services. La Bibliothèque a rouvert ses portes le 30 mai 2006. Outre la Bibliothèque principale, on trouve aussi des succursales de la Bibliothèque dans certains édifices de la cité parlementaire30.

Sous la direction du bibliothécaire parlementaire31, la Bibliothèque offre aux parlementaires, à leur personnel, aux comités, aux associations et aux délégations parlementaires ainsi qu’aux hauts fonctionnaires des deux chambres des services complets d’information, de recherche et d’analyse. La Bibliothèque fournit également au grand public des renseignements sur le Parlement32.