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Le G7 pour l’Afrique et la Méditerranée, les défis communs de la stabilité et de la croissance - La 22e réunion des présidents d’assemblées législatives du G7 à Vérone

le vendredi 6 septembre 2024

(Le texte prononcé fait foi)

Collègues conférenciers, invités distingués,

C’est un grand honneur d’être avec vous dans la belle ville de Vérone. Je remercie nos hôtes italiens pour leur contribution à l’organisation de cette rencontre. Et félicitations à l’Italie d’avoir assumé avec succès la présidence du G7 cette année.

Mon allocution aujourd’hui porte sur les débouchés et les défis en Afrique et sur le rôle des parlements du G7 dans la prospérité de ce continent. Parlons d’abord des débouchés puisque l’Afrique est déjà sur la voie de la réussite.

Elle a la population la plus jeune et la croissance démographique la plus rapide au monde.

Selon les estimations des Nations Unies, sa population aura presque doublé d’ici 2050, pour atteindre les 2,5 milliards d’habitants. Ce qui signifie qu’elle représentera environ le quart de la population mondiale dans 25 ans. L’Afrique compte notamment le plus grand nombre de francophones au monde. Depuis juillet dernier, elle occupe la présidence de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie. Elle a ainsi repris le flambeau porté par le Canada depuis 2022.

L’Afrique regorge également de ressources naturelles, notamment de minerais et de métaux très convoités par l’industrie des technologies et d’autres secteurs économiques. Avec une classe moyenne en expansion, l’Afrique est d’ailleurs en train de devenir un marché de consommation attrayant et une destination prisée pour les chaînes d’approvisionnement mondiales.

L’instauration de la Zone de libre-échange continentale est susceptible d’augmenter de façon substantielle le commerce de l’Afrique avec le reste du monde.

Lorsque cette zone de libre-échange sera pleinement opérationnelle, le produit intérieur brut combiné de tous les pays participants devrait en faire la cinquième économie mondiale. Elle pourrait également sortir 30 millions d’Africains de la pauvreté. Nous pouvons nous réjouir de ce chiffre, mais nous devons mesurer l’ampleur du problème. Sortir 30 millions de personnes de la pauvreté sur un continent qui, en une seule génération, comptera plus du quart de la population mondiale ne pourra jamais régler la vraie question de l’équité.

Pourquoi les Africains devraient ils subir des problèmes dont ils ne sont pas responsables? Prenons la question des changements climatiques. On estime que 17 des 20 pays les plus menacés par les changements climatiques se trouvent en Afrique. Même si les pays africains ne sont responsables que d’une fraction des émissions de gaz à effet de serre, ils souffrent indûment des effets des changements climatiques. Nous savons que les changements climatiques aggravent l’intensité des précipitations ou leur insuffisance, comme les inondations et les sécheresses. Les fortes inondations, comme celles survenues en Afrique de l’Est plus tôt cette année, perturbent le quotidien, détruisent les infrastructures et dévastent ou endommagent les récoltes essentielles à la sécurité alimentaire.

Et en Afrique australe, près de 68 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire en raison de la grave sécheresse qui sévit depuis le début de l’année. 418 millions d’Africains n’ont pas accès à l’eau potable et d’autres pourraient en manquer en raison des sécheresses dues aux changements climatiques. Si les changements climatiques et ses effets extrêmes bouleversent les économies, ils provoquent aussi des urgences sanitaires, de l’insécurité alimentaire et des déplacements massifs de population.

Parlons de sécurité alimentaire. Comme il est indiqué dans le communiqué des dirigeants du G7 publié en juin dernier, les pays ne devraient pas être forcés de choisir entre protéger la planète et nourrir leur population.

Or, les chocs climatiques récents ont aggravé le problème de la faim dans de nombreux pays d’Afrique.

Les changements climatiques ne sont évidemment pas la seule cause de l’insécurité alimentaire. L’invasion de l’Ukraine par la Russie et le blocus russe en mer Noire ont porté un dur coup à l’Afrique, qui importe une bonne partie de ses céréales de l’Ukraine. L’agression russe a déclenché une pénurie de céréales et une flambée du prix des aliments, et ses effets se sont répercutés sur certains des pays les plus vulnérables du monde.

Chocs climatiques et insécurité alimentaire… Dans ce contexte, la migration irrégulière est elle une surprise?

Non. Sans espoir d’un avenir meilleur, les gens sont prêts à tout risquer, même leur vie. On a constaté en 2023 l’augmentation des traversées clandestines en mer Méditerranée, entre l’Afrique du Nord et l’Europe.

La question que je vous pose aujourd’hui, ce n’est pas comment mettre fin à cette migration, mais plutôt comment s’attaquer aux causes profondes qui amènent les migrants à entreprendre ces traversées si dangereuses.

Chers collègues,

Avec la mondialisation, les grands problèmes ne peuvent être résolus seuls. Et beaucoup des problèmes que connaît l’Afrique aujourd’hui s’expliquent par son passé colonialiste, un passé commun à un grand nombre de nos nations. L’héritage du colonialisme au Canada n’est pas très différent de celui d’autres pays. Les communautés et les personnes souffrent d’un traumatisme générationnel, de pauvreté et d’un manque d’accès aux ressources, notamment à l’eau potable. Il y a une absence de perspectives. Pas d’espoir. En politique, on dit qu’il est préférable de prendre des mesures de son plein gré aujourd’hui que d’être forcé d’en prendre dans l’avenir. Les parlements du G7 se doivent d’être ambitieux dès maintenant. Contribuons à renforcer l’autosuffisance de l’Afrique dès maintenant. Assumons la responsabilité des conséquences du passé aujourd’hui et tous les jours. Contribuons à créer des débouchés et à nourrir l’espoir.

Chers collègues,

Compte tenu des débouchés et des défis en Afrique, les parlements du G7 ont un rôle de premier plan à jouer.

Ils doivent établir des partenariats avec les pays africains pour favoriser et réaliser l’énorme potentiel du continent. On observe des tendances favorables en Afrique. La société civile est toujours plus forte, la proportion de femmes dans les assemblées législatives est en hausse et les transferts de pouvoir sont de plus en plus pacifiques après des élections. Comme nous le savons, le développement durable, la démocratie et les droits de la personne se renforcent mutuellement. Pour cette raison, la communauté du G7 doit continuer de soutenir les efforts de l’Afrique pour faire progresser les droits de la personne et bâtir des sociétés inclusives et diversifiées. Il s’agit notamment de lutter contre la discrimination sous toutes ses formes et de protéger et promouvoir les droits des groupes vulnérables pour que chaque personne, quel que soit son origine, sa religion, ou son genre, puisse vivre dans la dignité et avoir des possibilités. 

En conclusion, je tiens à féliciter l’Italie d’avoir fait de l’Afrique une priorité de notre programme cette année.

Ce choix s’inscrit dans la foulée du Plan d’action pour l’Afrique adopté au sommet de Kananaskis, en Alberta, en 2002. En tant que Canadien, je me réjouis que Kananaskis, une ville magnifique située au cœur des montagnes Rocheuses, accueille à nouveau le sommet des dirigeants du G7 l’année prochaine.

Je serai d’ailleurs heureux de vous accueillir au Canada l’an prochain.

Merci.