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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la cinquième réunion du Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités.
Conformément à l’article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 7 juillet 2025, le Comité commence son étude sur le financement par la Banque de l’infrastructure du Canada de nouveaux navires pour BC Ferries.
La réunion d’aujourd’hui se déroule sous une forme hybride, conformément au Règlement. Les députés peuvent assister en personne dans la salle et à distance à l’aide de l’application Zoom.
Avant de poursuivre, j’aimerais demander à tous les participants en personne de consulter les directives qu’on peut trouver sur les cartes placées sur la table. Ces mesures sont en place pour aider à prévenir les incidents sonores et de retour de son et pour protéger, bien sûr, la santé et la sécurité de tous les participants, y compris nos interprètes. Vous remarquerez qu’il y a un code QR sur la carte; il mène à une courte vidéo de sensibilisation.
Avant de commencer, j’aimerais faire quelques remarques dans l’intérêt des témoins et des députés. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Pour les participants par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l’icône de microphone pour l’activer, et veuillez vous assurer de le mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas. Pour les gens sur Zoom, au bas de l’écran, vous pouvez choisir le canal d’interprétation: parquet, anglais ou français. Pour les gens dans la salle, vous pouvez utiliser une oreillette et sélectionner le canal que vous souhaitez.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent s’adresser à la présidence. Dans la salle, les députés qui veulent parler doivent lever la main. La greffière et moi allons faire de notre mieux pour gérer l’ordre des interventions. Nous vous sommes reconnaissants de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
Avant d’accueillir notre premier témoin aujourd’hui, je tiens à exprimer, au nom de tous les députés, que nos pensées accompagnent tous les Canadiens touchés par les feux de forêt qui font rage partout au pays, et je souligne également notre reconnaissance envers tous les premiers répondants et les pompiers qui font de leur mieux pour les maîtriser.
Chers collègues, pour la première heure de la réunion de cinq heures aujourd’hui, nous recevons l’honorable Chrystia Freeland, ministre des Transports et du Commerce intérieur.
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Merci beaucoup, monsieur Johns.
Nous allons maintenant souhaiter la bienvenue à notre premier témoin aujourd’hui. Notre invitée est l’honorable Chrystia Freeland, ministre des Transports et du Commerce intérieur. Elle est accompagnée d’Arun Thangaraj, sous-ministre, et de Stephanie Hébert, sous-ministre adjointe, Programmes, du ministère des Transports.
Bienvenue à vous trois et merci de prendre le temps de comparaître aujourd’hui.
Madame la ministre, nous sommes toujours ravis de vous recevoir.
Vous avez cinq minutes pour présenter votre déclaration liminaire. La parole est à vous.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à tous ceux ici présents qui travaillent très fort.
Je souhaite également remercier Arun Thangaraj, sous-ministre des Transports, et Stephanie Hébert, sous-ministre adjointe des Transports. Merci à vous tous de votre travail acharné et de m’accompagner ici aujourd’hui.
Je me joins également à vous, monsieur le président, pour reconnaître que sévissent actuellement des incendies de forêt dans de nombreuses régions du pays. Je sais que cette situation touche de très près certains des députés ici présents. Voilà une bonne occasion pour remercier tous les premiers répondants et faire savoir aux Canadiens que, à ce sujet, assurément, nous faisons tous équipe pour les soutenir.
Comme nous le savons tous, BC Ferries est une organisation privée indépendante réglementée par la Colombie-Britannique. Ce n’est pas une entité qui relève de Transports Canada. Je partage la déception du Comité pour ce qui est de ce marché.
[Français]
Cette décision arrive à un moment où le gouvernement du Canada effectue des investissements records pour rebâtir le secteur maritime canadien. Grâce à la Stratégie nationale de construction navale, on a créé ou maintenu plus de 20 000 emplois par année, contribué pour plus de 2,3 milliards de dollars par année au PIB et fourni des ressources essentielles à la Marine royale canadienne et à la Garde côtière canadienne, tout en renforçant la souveraineté nationale et la résilience économique.
[Traduction]
Conformément à un accord de 1977, Transports Canada fournit à la Colombie-Britannique les fonds strictement réservés aux activités. Près de 38 millions de dollars de fonds fédéraux seront envoyés à la province au cours de l’exercice 2025-2026. La province utilise ces fonds pour assurer l’exploitation des services de traversier.
Ce marché me trouble. Je suis absolument favorable à soutenir la capacité de construction navale du Canada, les emplois de la classe moyenne et notre économie. Nous reconnaissons tous qu’il s’agit d’un moment critique, en particulier pour ce qui est de soutenir nos secteurs de l’acier et de l’aluminium, compte tenu des tarifs auxquels le Canada fait face.
[Français]
J'ai demandé à toutes les organisations qui sont sous l'égide de Transports Canada, y compris les ports, les aéroports et les services maritimes, de privilégier, dans la mesure du possible, les produits canadiens dans le cadre de leurs principaux achats, notamment l'acier et l'aluminium canadiens. Lorsque les options canadiennes ne sont pas disponibles, nous privilégions les achats auprès dans des pays avec lesquels nous avons conclu des accords commerciaux réciproques en matière d'approvisionnement, afin de garantir que nos investissements soutiennent des pratiques commerciales équitables et ouvertes. En juin, j'ai envoyé 71 lettres contenant cette directive.
[Traduction]
En accord avec le besoin de soutenir maintenant l’économie canadienne, j’ai demandé à toutes les organisations relevant du ministère des Transports, y compris les ports, les aéroports et les services maritimes, de privilégier le contenu canadien dans leurs grandes acquisitions, et tout particulièrement l’acier, l’aluminium et le bois d’œuvre canadiens, si possible. Lorsqu’aucune option canadienne n’est offerte, nous privilégions l’achat auprès de pays avec lesquels nous avons conclu des accords commerciaux réciproques, veillant ainsi à ce que nos investissements favorisent le commerce équitable, ouvert et axé sur des règles. En juin, j’ai envoyé 71 lettres contenant cette instruction.
Cela fait un certain temps que je défends un approvisionnement réciproque pour le Canada. J’ai proposé cette idée pour la première fois lorsque j’étais ministre des Finances, dans le budget de 2021, et je l’ai fait progresser davantage dans le budget de 2023 et l’Énoncé économique de l’automne 2023. En fait, en 2023, le ministère des Finances a publié un énoncé stratégique qui décrivait une marche à suivre pour aller de l’avant avec l’approvisionnement réciproque. En juin dernier, le gouvernement fédéral a mis en place une politique d’approvisionnement réciproque.
Je suis également fière d’annoncer aujourd’hui que Transports Canada convoquera une réunion avec les provinces et les territoires ainsi qu’avec les propriétaires de traversiers, les exploitants, les responsables de chantiers navals, les représentants syndicaux et les membres de l’industrie de l’acier et de l’aluminium. J’ai parlé ce matin d’une rencontre éventuelle avec le PDG de Seaspan. Cette rencontre sera l’occasion pour nous de travailler ensemble — le gouvernement fédéral, les provinces, les constructeurs navals, les syndicats et les représentants de l’industrie de l’acier et de l’aluminium — pour discuter de la manière d’acheter canadien. Je convoquerai une réunion similaire, en incluant le secteur de l’acier, pour l’industrie ferroviaire et tous les exploitants ferroviaires.
[Français]
Je suis en train de convoquer à une rencontre les provinces et les territoires, ainsi que les propriétaires et les exploitants de traversiers, les chantiers navals, les représentants syndicaux et les industries de l'acier, de l'aluminium et du bois d'œuvre. Cette réunion nous permettra de collaborer pour relever les défis liés à l'approvisionnement de traversiers au Canada. Je prévois également tenir une réunion semblable avec l'industrie ferroviaire.
Je tiens à remercier le sous-ministre des Transports du travail acharné qu'il a fait avec moi pour organiser ces réunions.
Je vous informe que nous avons reçu une réponse très positive de la part de nos homologues des provinces et des territoires, ainsi que du côté de l'industrie. Je pense donc qu'il y a beaucoup de bonne volonté à faire cela.
[Traduction]
Pour conclure, je tiens à souligner à quel point je suis reconnaissante du travail du Comité. J’espère que nous pourrons examiner les moyens de soutenir les constructeurs navals canadiens et les producteurs canadiens d’acier et d’aluminium. C’est un dossier sur lequel je me concentre assurément.
Je suis impatiente de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, madame Nguyen, et félicitations pour votre élection très récente.
Nous étions toutes les deux ensemble ce matin dans votre circonscription. Effectivement, il s’agit d’un endroit où l’infrastructure de transport est importante. Permettez-moi de féliciter rapidement l’excellent aéroport que vous et moi avons utilisé pour venir à Ottawa: l’aéroport de l’île, ou l’aéroport Billy Bishop. C’est un exemple de l’importance d’une bonne infrastructure de transport.
Comme nous en avons parlé, je suis déçue par cet approvisionnement. Je pense que c’est un point de vue que partagent tous les membres du Comité. Selon moi, cela doit servir de signal d’alarme, et nous devons travailler très fort pour nous assurer de privilégier l’achat canadien. Chaque fois que nous faisons une acquisition importante, nous devons travailler fort pour nous assurer d’utiliser l’acier canadien, l’aluminium canadien et le bois d’œuvre canadien.
J’ai pris deux mesures très précises en ce sens.
Premièrement, j’ai envoyé une lettre. Il s’agit en fait de 71 lettres, et nous les avons rédigées ensemble. Elles ont été envoyées à toutes les entités qui relèvent de Transports Canada, et je leur ai indiqué clairement par écrit que je m’attendais à ce qu’elles privilégient les emplois et les travailleurs canadiens. Dans cette lettre, je leur ai précisément demandé d’utiliser en priorité l’acier, l’aluminium et le bois d’œuvre canadiens.
Je tiens à insister sur ce point. Ce sont des secteurs absolument essentiels à l’économie canadienne, et nous — collectivement, en tant que pays — devons trouver des projets qui utilisent cet acier, cet aluminium et ce bois d’œuvre ici, au Canada.
La deuxième chose que j’ai faite — et c’est très important — c’est d’organiser deux rencontres. La première concerne la construction navale et le secteur d’exploitation des traversiers. Pour l’occasion, nous réunirons en particulier le gouvernement fédéral, les représentants des provinces, les constructeurs navals, les exploitants de traversier publics et privés, les représentants syndicaux et le secteur de l’acier. Nous unirons nos efforts et déciderons de ce qu’il faut faire pour nous assurer que, dans l’avenir, nos décisions soutiendront notre secteur de construction navale et notre secteur de l’acier.
Nous ferons la même chose avec les grands exploitants ferroviaires et les trains légers. Je me suis entretenue aujourd’hui avec Rob Prichard au sujet du projet de train à grande vitesse, qui pourrait dans l’avenir remplir les carnets de commandes de nos entreprises sidérurgiques. J’ai également ce matin parlé au PDG d’une entreprise sidérurgique de cette même question, ainsi que de la question des traversiers.
Nous devrions utiliser la réunion du Comité pour nous tourner vers l’avenir et dire qu’il s’agit d’un moment où, en tant que pays, nous avons l’occasion de nous entraider. Il faudra travailler dur. Je pense qu’il est très important de faire ce travail.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, madame la ministre, d'être avec nous, aujourd'hui, à cette réunion importante.
Le 2 juin dernier, la , Mélanie Joly, a affirmé qu'Ottawa s'engageait à utiliser l'acier et l'aluminium canadiens dans ses projets nationaux d'infrastructures et de défense. Ces annonces se sont trouvées partout dans les médias. Elle a fait des tournées dans beaucoup d'aciéries de partout au pays. Il y a eu beaucoup de photos et de conférences de presse.
Or, deux semaines plus tard, on apprenait que la Banque de l'infrastructure du Canada avait donné 1 milliard de dollars pour faire construire des bateaux dans un chantier naval chinois qui va faire travailler des travailleurs chinois avec de l'acier chinois, mais en utilisant de l'argent canadien.
Selon vous, votre gouvernement a-t-il trahi les travailleurs canadiens de l'acier?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être présents aujourd'hui.
Madame la ministre Freeland, vous avez souvent mentionné votre appui aux travailleurs de l'acier, de l'aluminium et du bois d'œuvre, mais vous avez aussi dit, dans votre présentation, que cela se ferait dans la mesure du possible. J'ai une question à cet effet.
Lorsqu'on parle de transport par traversier, on parle surtout de la Colombie‑Britannique et des provinces de l'Atlantique, mais en réalité, le Québec dépend aussi de ces traversiers. Ces services sont très importants et dépendent de Transports Canada. Pouvez-vous nous dire quel soutien notre gouvernement ou votre ministère peut apporter aux traversiers québécois?
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Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, je suis content que vous soyez là aujourd'hui, mais j'aurais aimé obtenir des réponses. Votre gouvernement a créé des attentes. La a dit que le gouvernement accorderait la priorité à l'acier et à l'aluminium d'ici pour ses importants contrats, ses grands chantiers et ses gros projets d'infrastructure. Vous avez rédigé une lettre dans laquelle vous avez dit que vous ne vouliez pas que de l'argent du fédéral soit investi dans ce projet, mais, par la suite, 1 milliard de dollars du fédéral l'ont été. Vous comprendrez que les gens sont déçus. Vous avez dit être déçue, vous-même.
Votre gouvernement a créé des attentes et de l'espoir, avec raison, dans des circonstances où des tarifs de 50 % s'appliquent à l'acier et l'aluminium. Il y a des travailleurs, chez nous, qui travaillent dans le secteur de l'acier et qui aimeraient avoir davantage d'ouvrage. On calcule que cela représente environ 30 000 tonnes d'acier. C'est l'équivalent d'une semaine de production à l'usine d'ArcelorMittal, à Contrecœur. Une semaine de production, ce n'est pas anodin, dans les circonstances actuelles.
Pourtant, j'ai l'impression que vous vous lavez les mains de la situation. Vous affirmez avoir dit ce que vous aviez à dire dans le temps, à savoir que c'est pris en main par un autre ministère, merci, bonsoir. Vous n'avez même pas répondu à ma question: quand avez-vous su que cet argent était attribué? L'avez-vous su le 16, le 20, le 26 juin? Le saviez-vous quand vous avez écrit votre lettre?
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Merci d’être ici. Je sais que vous représentez des électeurs pour qui il s’agit d’une question très importante et actuelle, et je suis ravie de vous voir.
C’est une excellente question. La Stratégie nationale de construction navale, sur laquelle planchent depuis un certain temps divers gouvernements, porte vraiment fruit, et c’est une très bonne chose. Le Canada a renforcé sa capacité de construction navale. C’est dans notre intérêt économique stratégique et national.
Ce que nous devons faire maintenant, c’est travailler très fort pour relier nos constructeurs navals aux secteurs qui sont menacés — l’acier, l’aluminium, le bois d’œuvre — et nous devons les relier aux décisions d’approvisionnement des entités canadiennes: le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et les entités du secteur privé. Ce plan stratégique doit concerner tout le monde, y compris les syndicats. C’est pourquoi je suis très emballée par cette réunion que nous organisons avec les constructeurs navals, tous les exploitants de traversiers — privés et publics — le gouvernement fédéral, les provinces, le milieu syndical, et les industries de l’acier et de l’aluminium. Nous allons nous asseoir et examiner les carnets de commandes, les types de traversiers dont nous avons besoin, les personnes qui ont besoin de traversiers, les constructeurs potentiels et la possibilité d’utiliser l’acier canadien dans cette construction. M. McCarthy, le PDG de Seaspan, est très enthousiaste par rapport à cette conversation. Je le suis également.
C’est le moment où nous devons vraiment, de façon importante, reconfigurer l’économie canadienne. Je crois depuis longtemps à l’approvisionnement réciproque. C’est pourquoi j’ai publié en premier lieu l’intention d’élaborer cette politique dans le budget de 2021, suivie d’une politique publiée en 2023. En tant que ministre des Transports, je suis entièrement engagée à agir sur ce dossier.
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Merci de votre réponse, madame la ministre.
Comme vous venez de le souligner, BC Ferries joue un rôle essentiel pour de nombreuses collectivités de la Colombie-Britannique, y compris ma propre circonscription de Victoria. J’ose dire que je suis le seul membre du Comité qui se déplace régulièrement avec BC Ferries — j’ai pris deux fois le traversier cette semaine — et c’est donc quelque chose qui nous tient particulièrement à cœur et qui a une incidence sur notre gagne-pain ici, sur l’île de Vancouver, et dans tout le Sud de la Colombie-Britannique.
Mes électeurs se heurtent régulièrement à des difficultés à cause du vieillissement des traversiers, des retards de service et des coûts connexes; des coûts à la fois pour BC Ferries, mais aussi pour les clients, qui perdent du temps avec leur famille s’ils sont coincés sur des traversiers ou retardés parce qu’il n’y a pas assez de navires pour répondre à la demande sur la côte.
Tout comme vous, je m’inquiète certainement du fait que BC Ferries ait choisi de ne pas construire ces nouveaux navires au Canada. Cependant, je suis aussi tout à fait conscient que nous avons désespérément besoin de nouveaux traversiers pour répondre aux besoins des Britanno-Colombiens, et je m’inquiète de la perspective de retarder le remplacement de la flotte vieillissante sur laquelle nous comptons vraiment ici.
Je note que mes collègues conservateurs font de la politicaillerie avec ce qui constitue des infrastructures et des services essentiels en Colombie-Britannique, et ils semblent vouloir mettre fin à la livraison des nouveaux traversiers en Colombie-Britannique pour atteindre leur objectif de réduire le soutien du gouvernement pour les grands projets de transport au Canada. Dans cette optique, pourriez-vous s’il vous plaît dire au Comité comment, en votre qualité de ministre des Transports et du Commerce intérieur, votre équipe et vous soutiendrez les Britanno-Colombiens et BC Ferries, qui se préoccupent de la flotte vieillissante et s’intéressent tout particulièrement à la nécessité de réinvestissement dans le service des traversiers pour répondre aux besoins de leur quotidien?
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C’est une très bonne chose qu’une personne comme vous, qui utilise ces traversiers régulièrement, participe à la conversation.
Comme vous le savez, en vertu d’un accord conclu en 1977, le gouvernement fédéral apporte son soutien pour aider à payer le coût d’exploitation de ces traversiers, et c’est une bonne chose.
J’ai la même préoccupation que vous concernant la politicaillerie, et je vais juste suggérer que nous pourrions peut-être tous faire appel au bon ange en nous. C’est un moment où nous devons jouer en tant qu’équipe Canada, et même si, de toute évidence, nous ne sommes pas d’accord à bien des égards, je pense qu’il y a en fait beaucoup de consensus autour de la table. Nous disons tous que nous avons besoin de soutenir les secteurs de l’acier, de l’aluminium et du bois d’œuvre; ce sont des secteurs qui font face non seulement à une menace injuste, mais à une attaque injuste; et que nous devons réorganiser l’approvisionnement aux échelons fédéral et provincial pour soutenir les emplois de fabrication canadienne et les secteurs de l’acier, de l’aluminium et du bois d’œuvre. Même si je reconnais que la politique est ce qu’elle est, j’espère que nous pourrons nous entendre sur l’essentiel pour atteindre la souveraineté économique et nationale, parce que nos travailleurs en dépendent.
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Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, on a beaucoup parlé aujourd’hui du processus d’approvisionnement provincial. Je pense vraiment que nous tous au Comité, y compris les dirigeants élus en Colombie-Britannique, convenons que tous les gouvernements doivent réévaluer leurs politiques d’approvisionnement pour s’assurer de soutenir les travailleurs, les entreprises et l’économie du Canada.
On sait à quel point le monde a changé au cours des derniers mois. Il change chaque jour, surtout si on regarde les tarifs que les Américains nous imposent.
Vous en avez parlé dans votre déclaration liminaire, mais si je peux me le permettre, j’aimerais obtenir plus de détails dans le temps qu’il nous reste. Pendant des années, vous avez cherché à faire avancer l’approvisionnement réciproque au Canada, ce qui ne profite pas à nos adversaires, mais soutient les Canadiens. Pourriez-vous nous en dire plus sur votre travail pour faire progresser l’approvisionnement réciproque et sur ce que cela signifie pour le Canada?
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Merci de vous joindre à nous, monsieur Kelloway. Étant donné qu’il s’agit du Comité des transports, je tiens à vous remercier de votre travail pour faire abaisser ces droits. Cette mesure entre en vigueur aujourd’hui, et je sais qu’elle sera très importante pour les gens que vous représentez. Merci de vos efforts acharnés dans ce dossier.
Nous voici maintenant à un moment où nous devons reconfigurer l’économie canadienne en profondeur. Cela doit commencer par l’approvisionnement. Comme je l’ai mentionné, j’ai toujours défendu fermement ce dossier et j’ai vraiment réfléchi à la manière de changer notre politique d’approvisionnement. Nous devons adopter une politique d’approvisionnement réciproque, une politique d’achat de biens canadiens dans le cadre de laquelle nous soutenons les travailleurs canadiens et nos secteurs qui sont durement touchés et, à défaut de pouvoir favoriser l’achat canadien, nous chercherons à acheter auprès de pays avec lesquels nous disposons d’accords d’approvisionnement réciproque. Nous devons le faire de toute urgence. C’est une approche qui diffère de celle adoptée précédemment par les gouvernements canadiens. C’est pourquoi j’ai écrit, en juin, 71 lettres adressées aux organismes sous la responsabilité de Transports Canada et dit que nous devions changer notre façon de faire.
Je tiens à souligner qu’on a accordé, à juste titre, une attention particulière à l’acier, à l’aluminium et au bois d’œuvre. Ces industries devront être intégrées dans la conversation avec les fabricants et les acheteurs du gouvernement de tous les échelons, pour qu’ils puissent produire les intrants dont les fabricants ont besoin. Nous devons tenir cette conversation de toute urgence. Ainsi, les industries pourront remplir leurs carnets de commandes dans l’avenir. Cela fournira la sécurité aux travailleurs et aux familles que M. Lawrence a, à juste titre, évoqués.
Chers collègues, permettez-moi d’accueillir l’honorable Gregor Robertson, ministre du Logement et de l’Infrastructure. Il comparaîtra devant nous pour la prochaine heure.
Bienvenue, monsieur le ministre.
Paul Halucha, sous-ministre du Logement, de l’Infrastructure et des collectivités, accompagne le ministre.
Bienvenue à vous, monsieur.
Merci de prendre le temps de comparaître devant nous aujourd’hui.
Monsieur le ministre, vous aurez cinq minutes pour présenter votre déclaration liminaire. Comme nous n’avons pas beaucoup de temps, je vais vous donner la parole. Nous vous écoutons.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Monsieur le président, j’aimerais vous remercier de votre temps aujourd’hui, et je remercie également le Comité. En tant que ministre du Logement et de l’Infrastructure, je suis ici pour parler principalement de la Banque de l’infrastructure du Canada, la BIC, et de son rôle de soutien et d’investissement dans l’infrastructure du Canada.
[Français]
Le Canada fait face à un défi générationnel en matière d'infrastructure. Qu'il s'agisse de logement, d'énergie propre, du transport en commun ou de corridors commerciaux, nous devons faire de la construction à un niveau que nous n'avons pas connu depuis des décennies.
[Traduction]
Pour relever ce défi historique, nous devons en faire plus pour tirer parti des dépenses et des investissements publics et privés. Nous devons utiliser les comptes nationaux pour mobiliser les capitaux privés dans des infrastructures d’intérêt public qui relient nos collectivités, qui protègent notre planète et qui soutiennent la croissance économique à long terme. Nous devons le faire tout en respectant les administrations, en protégeant les contribuables et en obtenant des résultats, évidemment.
La Banque de l’infrastructure du Canada est un outil clé de la trousse à outils fédérale pour investir dans les projets d’intérêt public. Elle continuera de jouer un rôle essentiel dans l’avenir des infrastructures du Canada. Le mandat de la BIC est clair: aider à combler le déficit en matière d’infrastructures et à mobiliser des investissements privés dans l’intérêt public, accélérer les projets complexes à grande échelle qui autrement ne seraient pas construits à temps, voire pas du tout. À cette fin, la BIC a maintenant engagé plus de 16 milliards de dollars dans le cadre de plus de 102 projets, y compris des solutions de transport en commun à zéro émission, des services à large bande pour les collectivités autochtones en région rurale et des lignes de transport d’électricité propre, favorisant ainsi des infrastructures pour la construction de nouveaux logements. Cela a permis d’attirer plus de 19 milliards de dollars de capitaux privés et institutionnels, ce qui signifie qu’un plus grand nombre d’infrastructures peuvent être construites. La plupart de ces investissements sont déjà en cours de construction. Un certain nombre d’entre eux sont terminés et apportent de la valeur aux Canadiens en stimulant le PIB du Canada. Ils créent des emplois locaux et fournissent de l’électricité canadienne propre aux résidants et aux entreprises.
Étant donné que la banque est indépendante du gouvernement, son conseil d’administration est responsable des décisions en matière d’investissement et des décisions opérationnelles. Cette indépendance est importante, car elle fournit aux partenaires la confiance nécessaire pour proposer des projets et s’assurer que les investissements en infrastructure reposent sur des analyses solides et une rigueur commerciale sans quelque ingérence politique que ce soit. Ce modèle a produit des résultats, mais cela signifie également que certaines décisions liées à des transactions données, comme la convention de crédit de BC Ferries dont nous discutons ici aujourd’hui, ne sont pas prises par moi ou par le gouvernement du Canada.
J’aimerais dire quelques mots au sujet de BC Ferries. Comme vous le savez, la BIC a conclu une convention de crédit avec BC Ferries pour soutenir la modernisation de sa flotte et l’électrification de l’infrastructure du terminal. Je serai clair: cette aide est absolument nécessaire. En tant que Britanno-Colombien, je vais promouvoir fermement ce projet. Le vieillissement des traversiers menace les déplacements et l’accessibilité des collectivités locales. Les résidants et les visiteurs doivent pouvoir compter sur un passage sûr, fiable et abordable dans la région de la mer des Salish. C’est un investissement important dans le transport propre, qui s’aligne à la fois sur les objectifs fédéraux et provinciaux. Le choix du constructeur naval, toutefois, n’a pas été pris par le gouvernement fédéral ou par la BIC. Cette décision était celle de BC Ferries, qui a mené son propre processus d’approvisionnement mondial. Je précise que le gouvernement du Canada n’a aucun rôle à jouer ni aucun mot à dire dans la décision d’approvisionnement.
Je crois savoir, d’après les séances d’information tenues avec les représentants, que le processus n’a pas donné lieu à la présentation de soumissions de la part de constructeurs navals canadiens. Bien que BC Ferries ait pris la décision d’approvisionnement finale, celle‑ci a, on le comprend, fait l’objet de critiques. L’absence de soumissionnaires canadiens dans le processus a également soulevé des préoccupations. En tant que Britanno-Colombien, en tant que ministre, cette situation me déçoit. Je veux voir plus de navires construits au Canada, plus d’emplois canadiens et plus de possibilités pour l’industrie nationale de participer à de grands projets d’infrastructure.
Pour ce qui est de l’avenir, notre gouvernement s’efforce de faire en sorte que la construction de navires comme ceux‑là se fasse au Canada, en recourant à des travailleurs canadiens et à des matériaux canadiens. C’est pourquoi nous examinons maintenant de près comment mieux aligner nos politiques industrielles, nos outils d’approvisionnement et nos incitatifs avec l’investissement afin de soutenir et d’accroître la capacité canadienne dans des secteurs importants comme la construction navale. Parallèlement, il ne faut pas perdre de vue ce que la BIC cherche à faire dans notre intérêt national ni ce que ce projet signifie pour les résidants et les communautés de la Colombie-Britannique: une diminution des émissions, des infrastructures publiques plus fortes et des avantages à long terme pour les Britanno-Colombiens, y compris des centaines de millions de dollars investis dans le soutien de l’entretien et des services assurés par les Canadiens pendant toute la durée de vie de ces navires.
Pour terminer, je souhaite remercier le Comité de m’avoir accordé du temps et de saluer le travail accompli pour y parvenir et pour poser des questions difficiles. En tant que gouvernement et en tant que pays, nous vivons un moment historique qui exige à la fois des idées audacieuses et des actions décisives, et les Canadiens comptent sur nous pour construire des maisons — c’est une priorité pour moi — et pour mettre en place les infrastructures dont notre économie et les collectivités dépendent, qu’il s’agisse de traversiers sur la côte Ouest ou de corridors commerciaux qui relient le pays. C’est le véritable travail qui nous attend, et nous n’y arriverons pas en travaillant à l’ancienne.
Il nous faut de nouveaux partenariats, de nouveaux financements et un sentiment d’urgence, et la BIC aide à rendre cela possible. Elle possède une solide feuille de route pour ce qui est de mobiliser des milliards de dollars d’investissement et soutenir des projets qui, autrement, ne verraient pas le jour. Nous allons continuer de faire pression pour lancer plus de projets, créer plus d’emplois et, surtout, donner plus de résultats aux Canadiens.
Merci, monsieur le président.
:
Certainement, pour l’avenir, comme je crois que les membres ont entendu la ministre Freeland le dire, nous déployons de solides efforts pour nous assurer que tous nos investissements privilégient clairement les achats de produits canadiens.
Pour ce qui est de la Banque de l’infrastructure du Canada, il y a, effectivement, une orientation stratégique provenant du gouvernement. Il s’agit d’un organisme indépendant qui gère ses affaires en toute indépendance, mais nous sommes actuellement en train d’envisager le fait d’accroître la teneur en produits canadiens, les débouchés pour les travailleurs canadiens et les avantages pour le Canada grâce à tous ses prochains investissements, dans le cadre de cette orientation stratégique renouvelée.
J’ai appris, directement de la ministre Freeland, qu’elle l’envisage pour l’ensemble des activités de Transports Canada. Je fais certainement de même au sein du ministère du Logement et de l’Infrastructure du Canada, en adoptant la même orientation, pour m’assurer que nous faisons tout notre possible, dans l’ensemble de nos fonctions et de nos processus d’approvisionnement, pour apporter le maximum d’avantages aux travailleurs canadiens et utiliser le plus possible les produits canadiens. De toute évidence, bon nombre de produits et de travailleurs canadiens jouent un rôle dans le domaine du logement et de l’infrastructure. Nous souhaitons certainement maximiser les avantages découlant de l’utilisation de l’acier, de l’aluminium et du bois d’œuvre — le bois canadien — qui constituent tous des éléments essentiels de l’approvisionnement et des investissements en matière de logement et d’infrastructure.
En tant que pays, nous avons d’énormes possibilités d’accroître les avantages qui s’offrent, de la même manière que le font bon nombre d’autres pays, compte tenu du contexte actuel des échanges commerciaux. Beaucoup de choses ont changé au cours des six derniers mois, et nous devons agir de toute urgence. Nous devons de toute évidence agir pour nous assurer que nous faisons tout notre possible pour offrir des avantages aux Canadiens.
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Une fois de plus, comme la ministre Freeland l’a mentionné, nos ministères respectifs ont déjà mobilisé activement les entreprises canadiennes quant aux possibilités d’approvisionnement futures, en particulier celles qui relèvent de nos ministères.
La Banque de l’infrastructure du Canada est indépendante du gouvernement, tout comme la Banque de développement du Canada ou Exportation et développement Canada. Ces sociétés prennent leurs décisions par l’intermédiaire de leur conseil et de leur PDG. Nous sommes en mesure de donner des orientations stratégiques, en tant que gouvernement, et nous expliquons très clairement que les futurs investissements...
Je replace tout cela dans le même contexte étant donné que... Nous examinons les 102 projets que la BIC a financés, et la plupart d'entre eux sont des investissements faits dans l’infrastructure canadienne dont bon nombre d’entreprises, de travailleurs et d’entrepreneurs canadiens ont bénéficié. Au cours des dernières années, les retombées pour les Canadiens sur le terrain se sont élevées à des dizaines de milliards de dollars, qu’il s’agisse d’investissements faits dans les aéroports de Montréal et de Calgary ou dans les services à large bande au Manitoba, en Alberta ou ici, en Ontario. Nous l’avons constaté pour ce qui est des infrastructures minières liées aux minerais critiques du Québec et du Labrador, et de nombreux investissements ont été faits à l’échelle du pays, y compris dans l’industrie sidérurgique, notamment les rénovations énergétiques chez Algoma Steel. Nous avons vu de nombreux investissements directs de la BIC qui ont bénéficié aux travailleurs et aux entreprises du Canada. Il faut que cela se poursuive et, je dirais même, que cela s’intensifie, et nous devons faire tout notre possible pour que ces ententes profitent aux Canadiens.
:
Je vous remercie de votre question.
[Traduction]
En tant que personne qui a utilisé les services de traversier de la Colombie-Britannique très régulièrement durant toute ma vie, je crois qu’il est essentiel que BC Ferries exploite ses propres flottes, particulièrement les gros navires qui font des allers-retours entre l’île de Vancouver et Horseshoe Bay et Nanaimo, et entre Tsawwassen, Duke Point et la péninsule de Saanich. Il s’agit de voies de communication cruciales sur la côte Ouest. La population de l’île de Vancouver a augmenté considérablement durant ma vie, et ces navires ont été utilisés pendant tout ce temps.
Certes, de très importantes perturbations des services touchent les habitants de la Colombie-Britannique et les touristes qui passent par la Colombie-Britannique, et ils restent coincés aux gares maritimes de la Colombie-Britannique parce que les vieux navires ont des problèmes. Les installations connexes de la Colombie-Britannique présentent d’importantes lacunes, et on travaille de toute urgence pour régler la situation, de sorte que ces interruptions de service ne touchent pas trop de Canadiens sur la côte Ouest. Je crois que les nouveaux traversiers seront chaleureusement accueillis.
Bon nombre d’entre nous, probablement nous tous en Colombie-Britannique, sommes déçus que nous ne fabriquions pas, que nous ne construisions pas ces traversiers pour la Colombie-Britannique en Colombie-Britannique ou, du moins, au Canada pour la Colombie-Britannique. Toutefois, d’abord et avant tout, nous devons avoir en place un mode de transport sûr, sécuritaire et fiable. C’est une voie de communication importante sur la côte Ouest. Il s’agit à l’heure actuelle de l’exploitation traversière la plus occupée au monde sur le plan du volume, par rapport à des voies de communication comparables. Cet investissement est absolument essentiel pour l’ensemble des infrastructures de transport du Canada. Certes, les besoins sont criants à l’heure actuelle, et les nouveaux traversiers se font attendre.
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Je remercie le député de sa question.
[Traduction]
Vous avez bien raison de souligner l’importance des liens commerciaux et du transport par camion qu’assurent ces traversiers. Tout le pont inférieur de ces traversiers, le milieu du pont inférieur, est rempli de camions en tout temps. L’interruption des services de traversier a des répercussions sur les affaires et le commerce et nous coûte des emplois, en effet, lorsque les choses tournent mal, ce qui arrive de plus en plus avec ces navires vieillissants. Le fait de ne pas avoir des traversiers fiables sur la côte Ouest qui desservent l’île de Vancouver entraîne des coûts importants pour l’économie canadienne.
Les gens y jouent un rôle important. L’île de Vancouver est une destination touristique importante. De nombreux touristes font des allers-retours sur les traversiers. Les allers-retours sur les traversiers sont considérés comme un véritable attrait touristique. C’est comme voyager, essentiellement, à bord d’un bateau de croisière à très bon prix, sans avoir à faire une croisière vers l’Alaska. Vous pouvez prendre le traversier pour vous rendre à l’île de Vancouver.
Les traversiers sont très occupés. Cela entraîne énormément de perturbations pour les gens qui passent des heures ou la moitié de leur journée à attendre que des traversiers défectueux se mettent en marche. Lorsqu’il y a une interruption de service, le reste de la journée et, parfois, le lendemain sera également perturbé, du côté commercial et du côté touristique. C’est un coup dur pour l’économie canadienne.
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Merci, monsieur le président.
Le 2 juin, soit deux semaines avant que la Banque de l'infrastructure du Canada annonce qu'elle allait financer la construction de bateaux en Chine, a affirmé qu'Ottawa allait s'engager à utiliser de l'acier et de l'aluminium canadiens dans ses projets nationaux d'infrastructure et de défense. Cette annonce a été faite partout dans les médias. Elle a fait une tournée pour en parler et pour dire à quel point on allait être solidaire du secteur de l'acier. Deux semaines plus tard, on apprenait que la Banque de l'infrastructure du Canada allait, au contraire, financer la construction de traversiers en utilisant de l'acier en Chine.
Quand Mme Joly a fait cette annonce et qu'elle a fait sa tournée médiatique, j'imagine que vous n'avez pas pensé que votre ministère pourrait se doter de politiques à l'interne pour faire en sorte que ce qu'elle a dit s'applique concrètement.
Des directives ont-elles été données de votre part au sein de votre ministère, le ministère du Logement et de l'Infrastructure, pour s'assurer justement que de l'acier et de l'aluminium canadiens sont utilisés dans les projets d'infrastructure que vous financez?
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Merci beaucoup, monsieur le président, et bonjour, monsieur le ministre Robertson. Merci de vous joindre à nous. C’est un plaisir de vous revoir.
Il est malheureux de constater qu’il y a une certaine confusion parmi nos collègues d’en face au sujet de la nature d’un organisme indépendant et de sa relation avec le gouvernement fédéral, une certaine confusion au sujet des personnes responsables de la prise de décisions et du type de relation de l’organisme indépendant qui éclaire la prise de décisions et une certaine confusion au sujet du rôle essentiel que joue BC Ferries ici, en Colombie-Britannique, afin de soutenir la population chaque jour, d’appuyer notre économie côtière.
Je sais que vous êtes bien au fait de ces choses. En plus de vos responsabilités en tant que ministre du Logement et de l’Infrastructure, vous êtes également le ministre responsable de l’agence de développement économique fédéral pour la Colombie-Britannique, PacifiCan.
Dans ce contexte, je me demandais si vous pouviez nous parler, monsieur le ministre, de certaines des manières dont le gouvernement fédéral soutient les investissements faits le long de la côte de la Colombie-Britannique afin, non seulement de répondre aux besoins critiques en matière d’infrastructure, comme ceux de BC Ferries, mais de nous permettre de rendre notre économie plus verte, de réduire la pollution atmosphérique et de nous diriger vers l’avenir économique durable que souhaitent les Britanno-Colombiens et que le gouvernement fédéral s’engage à soutenir.
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Par l’entremise du président, je veux remercier le député d’avoir posé la question. Certainement, par l’entremise de Logement, Infrastructures et Collectivités Canada et de PacifiCan, l’agence du développement économique du gouvernement fédéral en Colombie-Britannique, nous réalisons des investissements considérables dans les logements, l’infrastructure et dans toutes les facettes de l’économie en Colombie-Britannique. Nous allons assurément consacrer toute notre attention à veiller à ce que les Canadiens soient au cœur de toutes les décisions en matière d’achat que nous prendrons dorénavant. Cette préoccupation se fera à présent sentir dans tous les secteurs du gouvernement, compte tenu de la période que nous traversons et des défis auxquels nous sommes confrontés dans l’économie canadienne, ainsi que de l’importance de vraiment se concentrer sur le fait d’investir au Canada et de veiller à ce que nous maximisions et optimisions les avantages pour les Canadiens.
Sur la côte Ouest, les récents investissements du Fonds pour le transport en commun du Canada dans les transports non polluants de la région auront une grande importance dans la mesure où ils permettront à TransLink de moderniser son parc de véhicules et ses infrastructures afin de rendre le transport moins polluant, de fournir un meilleur service et de meilleurs avantages en matière d’abordabilité. Par exemple, Logement, Infrastructures et Collectivités Canada, mais aussi PacifiCan, se concentrent essentiellement sur les petites et moyennes entreprises, sur bon nombre des entreprises qui prennent de l’expansion pour offrir des produits et services canadiens, des technologies canadiennes, créer des emplois canadiens et utiliser des matériaux canadiens.
En ce qui concerne le logement, nous avons le bois de la Colombie-Britannique, évidemment précieux à nos yeux, et il est essentiel de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que le bois canadien soit utilisé dans la construction de logements et de bâtiments canadiens. Notre ministère consacrera une attention considérable à veiller à ce que nous fassions tout notre possible pour faire entrer les matériaux canadiens dans la chaîne d’approvisionnement en vue de nos investissements futurs dans l’infrastructure et le logement.
Il est à présent urgent que nous nous efforcions de faire avancer ce projet. Il était intéressant d’écouter le point de vue de la ministre Freeland et de Transports Canada, et de savoir qu’elle œuvre également de concert avec l’industrie de l’acier et de l’aluminium, à la fois dans le secteur de la construction navale et ferroviaire. Ces deux secteurs sont directement liés à son travail au sein du ministère. Nous réalisons un exercice similaire au sein de Logement, Infrastructures et Collectivités Canada. PacifiCan s’attache davantage à la Colombie-Britannique et aux petites et moyennes entreprises.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier le ministre de sa présence aujourd’hui.
J’aimerais vous remercier, en particulier, de parler du fonctionnement de la banque et de la manière dont elle est indépendante du gouvernement.
À ce propos, monsieur le ministre, la banque vous informerait-elle, vous, en tant que ministre, des détails de l'approvisionnement? Est‑ce qu’elle vous appellerait pour avoir une conversation avec vous, étant donné que la banque est indépendante du gouvernement, et que vous avez clairement expliqué son fonctionnement?
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Par l’entremise du président, la réponse simple est non. En tant que ministre, je ne participe pas aux opérations quotidiennes ni aux décisions prises par la Banque de l’infrastructure. Il s’agit d’une agence indépendante qui agit en toute indépendance du gouvernement.
Le premier dirigeant me tient régulièrement informé des faits nouveaux, et je suis en contact régulier avec le président et le conseil de la banque, ce qui est la norme dans le cadre de la relation entre un ministre et l’organisme indépendant qui relève de moi.
J’interviens par l’entremise d’orientations stratégiques, et d’ailleurs, une est en cours en ce moment même. C’est là que j’ai l’occasion, au nom du Parlement et du peuple canadien, de faire part du sentiment partagé selon lequel nous devons vraiment nous concentrer sur les emplois canadiens et les matériaux canadiens avec ces investissements dans l’infrastructure.
Nous devons toutefois, comme vous l’avez mentionné lorsque vous avez amorcé votre question, veiller à ce que la banque mène ses activités de façon indépendante et qu’elle ait la confiance du marché et des investisseurs privés. C’est de cette façon qu’elle pourra stimuler des milliards de dollars d’investissements du secteur privé dans notre infrastructure publique.
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Merci, monsieur le ministre.
Je pense que nous pouvons commencer par affirmer que nous sommes tous déçus de la décision. En outre, la banque est indépendante du gouvernement, contrairement à vous... En écoutant bon nombre des questions aujourd’hui, j’ai l’impression que vous pourriez être dans la salle du conseil de la Banque de l’infrastructure du Canada, à prendre le thé et discuter des activités quotidiennes. Vous expliquez clairement que ce n’est pas le cas.
Je vais aller un peu plus loin. Ce sera ma dernière question, et il s’agira d’un addenda aux détails de l'approvisionnement. Vous ne participez pas aux détails de l'approvisionnement. On vous tient au courant de ce qui se passe et d’autres choses de cette nature.
Êtes-vous autorisé, conformément à la loi, à enjoindre à la Banque de l’infrastructure du Canada à financer X, Y et Z?
:
Nous reprenons nos travaux.
Chers collègues, j’ai l’immense plaisir d’accueillir les prochains témoins à comparaître devant nous aujourd’hui. De British Columbia Ferry Services, nous avons M. Nicolas Jimenez, président-directeur général.
Merci d’être parmi nous aujourd’hui. Nous vous remercions de votre temps, monsieur.
Le temps nous est compté, et tout le monde a de nombreuses questions, donc nous allons vous donner la parole pour votre allocution d’ouverture de cinq minutes. Je cèderai ensuite la parole à nos collègues pour qu’ils posent leurs questions.
Monsieur Jimenez, la parole est à vous. Vous avez cinq minutes, monsieur.
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Merci, monsieur le président, et merci aux membres du Comité. Je suis heureux de vous rencontrer et d’être ici.
Je suis heureux de parler de la manière dont BC Ferries offre un service sécuritaire, fiable et abordable aux Britanno-Colombiens et à nos clients. Depuis maintenant 60 ans, BC Ferries est un service public essentiel pour les habitants de la Colombie-Britannique. L'année dernière seulement, nous avons transporté près de 23 millions d’usagers, ce qui représente notre troisième année record consécutive. Nous sommes une société fermée qui exerce ses activités à l'échelle provinciale sous une surveillance réglementaire indépendante et dont le mandat légal est de servir l’intérêt public. Nous constituons un pilier essentiel de la chaîne d'approvisionnement provinciale et nationale, un élément indispensable de l’industrie touristique de la province et de la voie maritime de la Colombie-Britannique, et transportons environ 8 milliards de dollars de marchandises par année.
Nos clients et nos collectivités ont besoin d’un service sûr, fiable, et abordable, et mon rôle en tant que PDG est de tenir cette promesse. Aujourd'hui, notre système fonctionne à pleine capacité. L’été dernier, nos traversées sur les principales routes ont affiché un taux d’occupation moyen de 92 %. Nous avons dû laisser un quart de millions de personnes dans nos terminaux, faute de place. Un seul de nos 25 trajets de traversier parvient à couvrir ses propres coûts. La demande en matière de déplacements devrait augmenter de 15 %, ce qui dépassera notre capacité, même avec l’ajout de quatre nouveaux navires. Une grande partie de nos infrastructures est vieillissante. Bon nombre de nos traversiers ont largement dépassé la durée de vie utile d’un navire. Plus de la moitié de nos terminaux ont besoin d’investissements majeurs simplement pour continuer à fonctionner de manière sûre.
En 2024, le Queen of New Westminster, âgé de 61 ans, a perdu son hélice en service, ce qui a entraîné près de 200 jours de réparations, d’innombrables perturbations pour les voyageurs et des coûts de 15 millions de dollars pour l’entreprise. Nous prévoyons que nos pertes d’exploitation continueront de croître à cause de l’inflation. Les Britanno-Colombiens pourraient aussi voir leurs tarifs augmenter de manière spectaculaire pour que nous puissions simplement maintenir les niveaux de service actuels. Nous n’avons ni le luxe, ni la marge de manœuvre, ni le mandat de dépenser au‑delà de nos moyens.
Pour remplacer nos quatre plus vieux navires, nous avons mené un processus d’approvisionnement ouvert et concurrentiel, indépendant de toute ingérence politique, et conforme aux meilleures pratiques internationales. En fait, nous avons modifié les critères d’admissibilité afin de permettre spécifiquement aux chantiers navals canadiens d’y participer. Malgré le fait que deux chantiers canadiens aient été préqualifiés à l’époque, aucun n’a choisi de présenter officiellement une soumission. Parmi les six soumissions conformes que nous avons reçues, toutes provenaient de l’étranger. Nous avons retenu celle qui offrait la meilleure combinaison de valeur, de qualité, de délais de livraison et de garanties pour nos clients. Tout au long du processus de construction, nous disposons d’une équipe d’experts canadiens sur place, en Chine, afin de garantir le respect de normes élevées en matière de qualité et de sécurité.
Je dirais que des entreprises canadiennes ont pris la même décision, en faisant construire près de 100 navires en Chine au cours de la dernière décennie, y compris le plus récent traversier de Marine Atlantic, une société d’État fédérale. Ce dernier provient du même chantier naval que celui où seront construits nos navires.
En résumé, il n’y a eu aucune soumission canadienne. Nous avions donc le choix entre une soumission étrangère ou l'absence de nouveaux traversiers. Opter pour une autre offre étrangère aurait pu coûter jusqu’à 1,2 milliard de dollars de plus, ce qui aurait entraîné, bien inutilement, une forte hausse de tarifs pour les usagers. Même si une soumission canadienne avait été présentée, elle aurait également été plus coûteuse, et les navires auraient mis jusqu’à 10 ans de plus à être construits, période pendant laquelle nos clients auraient subi les lourdes conséquences de pannes croissantes de notre flotte vieillissante. Enfin, un financement privé de ce projet aurait entraîné jusqu’à 650 millions de dollars supplémentaires en intérêts inutiles, ce qui se serait encore une fois traduit par une hausse de tarif difficilement supportable pour nos usagers.
Aucun de ces scénarios n’aurait été acceptable, ni pour notre entreprise, ni pour nos clients. Que vous habitiez sur l’île de Vancouver, à Powell River, Nanaimo ou Langford ou dans la région du Lower Mainland, à Maple Ridge, Abbotsford ou Langley ou même, franchement, n’importe où ailleurs en Colombie-Britannique, où les contribuables contribuent à financer notre voie maritime, le coût de la vie demeure une préoccupation majeure. Notre mandat est donc d’offrir un service aussi abordable et fiable que possible.
En ce qui concerne la Banque de l’infrastructure du Canada, le prêt actuel prévoit jusqu’à 690 millions de dollars pour les navires et 310 millions pour l’électrification de nos terminaux, dans le but de favoriser des déplacements plus propres et respectueux du climat à l’avenir. Et soyons clairs: ce prêt est accordé à BC Ferries, non à la Chine, et sera remboursé avec intérêts par BC Ferries.
Les Britanno-Colombiens ont un besoin urgent de nouveaux navires sûrs, abordables et fiables pour assurer leur mobilité et faire avancer notre économie. Nos décisions ont épargné à nos clients et à la population de la Colombie-Britannique des hausses tarifaires inutiles et inabordables, et je suis fier que nous ayons pu répondre à leurs attentes.
Merci.
:
J’imagine qu’il y a deux façons de répondre à cette question.
Nous dépensons environ 130 millions de dollars par année pour l’entretien, le radoub, les mises à niveau de nos navires, et c’est dans toute la province, dans tous les chantiers navals de la Colombie-Britannique. Tout au long de leur vie utile, ces navires, à eux seuls, verront des investissements d’une valeur d’environ 1 milliard de dollars au chapitre de leur radoub, de leurs mises à niveau et de leur entretien.
De plus, nous nous attendrions à voir d’autres effets dans l’économie. Selon l’étude indépendante que nous avons menée, ces bateaux entraîneront des retombées économiques de 4 milliards de dollars environ. Ces navires sont beaucoup plus gros. Ils seront plus fiables. Ils peuvent naviguer dans des conditions météorologiques défavorables. Ils pourront déplacer davantage de véhicules, de personnes, et de marchandises. Il s’agit là d’une contribution considérable dans les économies locales, le tourisme, et dans d’autres aspects du tissu économique social de la région côtière de la Colombie-Britannique.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Merci, monsieur Jimenez, de vous joindre à notre comité, aujourd’hui. Je suis ravi de pouvoir aujourd’hui poser quelques questions au nom des collectivités de ma circonscription, en particulier l’Île Bowen et la Sunshine Coast, dont les habitants dépendent quotidiennement des traversiers pour se rendre à des rendez-vous médicaux et voir leur famille. C’est particulièrement vrai l’été, quand la saison touristique bat son plein.
Ces collectivités sont constamment affectées par le fait que les traversiers, dans de nombreux cas, ont dépassé leur durée de vie utile depuis une décennie ou plus, et ressentent de la frustration lorsqu’ils tombent en panne. Malheureusement, cela arrive de plus en plus souvent, alors, même s’il est important d’acheter canadien, surtout maintenant que nos industries sont menacées, le renouvellement des traversiers de cette flotte est un besoin urgent pour les collectivités de ma circonscription.
Ma première question est la suivante: pourquoi le contrat de 1 milliard de dollars de la Banque de l’infrastructure du Canada n’a‑t‑il pas été accordé à un chantier naval canadien?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Jimenez, le gouvernement a annoncé, le 16 juillet dernier, qu'il appliquera des droits de douane supplémentaires de 25 % sur les importations de tout acier coulé et fondu en Chine. Si je ne me trompe pas, ces droits de douane s'ajoutent à ceux de 25 % qui étaient déjà en vigueur depuis octobre 2024, ce qui porte le total des droits de douane à 50 %.
Ces taxes seront-elles appliquées aux navires que vous allez importer, ou ces derniers en seront-ils exemptés en vertu du Décret de remise visant les transbordeurs de 2016, qui vous accorde une remise des droits de douane?
J'aimerais donc savoir si des droits de douane seront prélevés, et si oui, qui va les payer.
:
D’accord. Je crois seulement que je vais clarifier quelque chose.
Il y a trois étapes, comme je l’ai dit. Il y a la manifestation d’intérêt, la préqualification et puis le processus de soumission proprement dit.
La préqualification, qui, je crois, était l’objet de la question du député, établit essentiellement un certain nombre de critères minimaux. Vous devez avoir construit un navire d’une certaine dimension dans les dernières années. Vous devez avoir certaines normes. Ce sont des critères très élevés. Ce ne sont pas les critères que nous utilisons dans l’évaluation finale d’une soumission. Séparément, une fois que ces chantiers navals ont respecté les critères minimaux, y compris être financièrement solvables, avoir construit un navire dans les 10 dernières années, etc., c’est à ce moment‑là que nous disons « d’accord, ces chantiers sont intéressés ». Ils disent alors « lorsque vous serez prêt à nous présenter un dossier de soumission, veuillez nous en aviser ». À ce moment‑là, à la troisième étape de notre processus, quand la conception est terminée et que la forme du contrat est établie, nous entamons le processus officiel de demande de propositions. C’est à ce moment‑là que les chantiers décident indépendamment s’ils vont soumissionner.
J’espère que cela répond à la question.
:
Merci, monsieur Albas et monsieur Jimenez.
J’ai un petit rappel à faire à tous mes collègues. Je sais que vous voulez poser vos questions, mais quand vous intervenez lorsque le témoin parle, il devient totalement impossible pour nos interprètes de faire leur travail, parce qu’ils ne savent pas s’ils doivent traduire ce que vous dites ou ce que le témoin dit. Je tiens à rappeler à tous les membres que c’est quelque chose que nous devrions faire pour aider nos interprètes.
De toute façon, votre temps est écoulé.
Pour finir, aujourd’hui, c’est au tour de M. Kelloway.
Monsieur Kelloway, allez‑y. Vous avez deux minutes.
:
Nous utiliserons les mêmes normes que nous utilisons, bien honnêtement, pour n’importe quel chantier. Nous avons fait beaucoup de travail en amont pour évaluer les risques avec l’aide de nos propres spécialistes et de spécialistes de l’extérieur de l’entreprise.
Tout au long du processus de construction, nous faisons de nombreuses choses.
Entre autres, nous avons une équipe sur le chantier pour gérer le processus des audits, des contrôles et des évaluations de sécurité pendant toute la période de construction. Il y aura également une entité représentant Transports Canada pendant le processus de construction, et une ou deux autres entités qui travailleront avec nous à différentes étapes du processus. Il y aura entre 30 et 40 personnes sur le chantier naval tout au long du processus de construction pour contrôler et surveiller et pour évaluer si les navires sont construits conformément aux spécifications, et ainsi de suite...
Le personnel de BC Ferries s’occupera de la technologie sensible et des autres équipements à bord et en assurera la supervision.
Nous mettons en place un certain nombre de mesures et de mécanismes de protection pour nous assurer que les navires que nous allons recevoir seront fonctionnels dès le premier jour.
:
Nous reprenons les travaux.
Chers collègues, nous allons continuer avec notre nouveau groupe de témoins. Ce sont les derniers témoins d’aujourd’hui.
Permettez-moi de souhaiter la bienvenue à M. Ehren Cory, président-directeur général de la Banque de l’infrastructure du Canada — bienvenue à vous, monsieur — et à M. Frédéric Duguay, avocat général et secrétaire de la société.
[Français]
Je vous souhaite la bienvenue.
[Traduction]
Comme vous le savez, nous avons très peu de temps aujourd’hui et nous avons beaucoup de travail à faire, donc je vais tout de suite vous laisser faire votre déclaration préliminaire.
Vous avez cinq minutes.
:
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je vous remercie de cette invitation à prendre la parole devant le Comité relativement à son étude sur l'investissement de la Banque de l'infrastructure du Canada, la BIC, dans BC Ferries pour l'achat de nouveaux navires.
Je suis accompagné de mon collègue Frédéric Duguay, avocat général et secrétaire de la BIC.
[Traduction]
Nous vous remercions de nous donner l’occasion aujourd’hui de vous parler de notre prêt à BC Ferries. Si vous me le permettez, j’aimerais vous donner une mise à jour rapide sur nos progrès globaux avant d’aborder ces détails.
La BIC a été créée pour aider à débloquer des projets d’infrastructures. Grâce à notre financement souple, nous pouvons combler les lacunes du marché et en matière d’abordabilité qui entravent l’avancement des projets. Depuis que j’ai rejoint l’organisation en 2020, nous avons constamment réalisé de 20 à 30 investissements — donc de 3 à 5 milliards de dollars d’argent investi par la BIC — chaque année. Nous prévoyons que ce rythme reste le même ou qu’il s’accélérera.
Je suis fier d’annoncer que nous avons maintenant accordé des prêts d’une valeur de 17 milliards de dollars dans 102 projets d’une valeur totale de 50 milliards de dollars. Nous avons des projets dans chaque province et territoire. Notre portefeuille de projets potentiels est solide. Quelque 70 % de nos projets sont en cours de construction, ce qui soutient près de 235 000 emplois au Canada et d’autres avantages nationaux en aval. Sept de ces projets sont achevés. Ce nombre augmentera rapidement à mesure que davantage de projets sont achevés et mis en service.
Ce n’est pas la même chose qu’une subvention. Nous accordons des prêts qui sont remboursés avec intérêts. Depuis plusieurs trimestres, nous recevons suffisamment de revenus pour couvrir 100 % des coûts d’exploitation de l’organisation. Nous nous attendons à ce que cette tendance se poursuive, avec un impact minimal pour les contribuables. En résumé, la BIC est un modèle qui fonctionne et qui procure des avantages tangibles à la population du Canada, en construisant de nouvelles infrastructures à un coût minimal pour les contribuables.
Nos projets vont de notre récent investissement dans l’aéroport de Montréal à la plus grande installation de stockage d’énergie au Canada à Haldimand–Norfolk, en passant par une éolienne et un système de stockage d’énergie au Nunavut pour permettre à une communauté insulaire de se passer du diésel. Pour chaque projet que nous finançons, nous examinons les avantages publics que les nouvelles infrastructures procurent à la population du Canada: croissance économique, décarbonisation des secteurs clés, une meilleure connectivité pour la population du Canada et comblement du déficit d’infrastructures autochtones. Ces mesures d’impact constituent le cœur de nos décisions d’investissement.
[Français]
L'investissement de la Banque de l'infrastructure dans les nouveaux navires de BC Ferries est un exemple de la façon dont elle s'acquitte de son mandat.
L'organisation se voit confrontée à des navires vieillissants qui offrent un service moins fiable alors que la demande pour ce lien essentiel augmente.
[Traduction]
Après un premier prêt modeste pour aider à acheter quelques petits bateaux au printemps 2024, nous avons commencé à discuter avec BC Ferries de l’achat de gros navires en septembre 2024. À l’époque, BC Ferries avait lancé un processus d’approvisionnement mondial. La structure de prêt à faible coût de la BIC pourrait leur permettre d’accélérer la transition vers de nouveaux navires plus écologiques, efficaces et fiables, tout en évitant des coûts plus élevés pour la population de la Colombie-Britannique qui les utilise. Sans notre prêt, ils auraient fait face à une série de choix difficiles: augmenter les tarifs, retarder les investissements nécessaires dans ces nouveaux navires ou réduire l’offre de services. Compte tenu des résultats positifs de ces projets, nous avons accordé le prêt, qui a été approuvé par le conseil d’administration de la BIC au début de mars 2025. Ce prêt est réparti en deux tranches: jusqu’à 690 millions de dollars pour des navires et jusqu’à 310 millions de dollars pour les infrastructures d’électrification locales.
Il est important de noter que nous n’avons joué aucun rôle dans les décisions d’approvisionnement de BC Ferries. En tant que promoteur du projet, BC Ferries est le mieux placé pour décider comment acquérir les bons navires pour atteindre ses objectifs commerciaux et répondre aux besoins de sa clientèle.
[Français]
Je tiens à ce que ce soit clair: en ce qui concerne la totalité des investissements de la Banque de l'infrastructure du Canada, le partenaire de projet est responsable des décisions d'approvisionnement pour atteindre ses objectifs commerciaux. La BIC ne prend pas ces décisions. La BIC est la banque qui accorde des prêts qui sont remboursés avec intérêts.
[Traduction]
Nous n’avons pas dit aux entreprises agricoles de l’Alberta comment s’approvisionner en systèmes d’irrigation qu’elles utilisent maintenant pour accroître la production des terres agricoles ni à la Caisse de dépôt comment s’approvisionner pour le système de transport léger sur rail à Montréal. Mais je tiens à être tout aussi clair: les personnes tirant parti des prêts de la BIC, c’est la population du Canada. Dans ce cas, peu importe où BC Ferries s’approvisionne en navires, les avantages de notre financement vont directement à la clientèle du service, en maintenant des tarifs plus abordables et en veillant à ce que de nouveaux navires fiables et plus écologiques soient en service dès que possible.
Ce que les promoteurs de projets nous ont dit, c’est qu’ils organisent des processus d’approvisionnement mondiaux concurrentiels qui acceptent les soumissions du Canada. Dans certains cas, le marché canadien peut fournir les biens et matériaux dont ces propriétaires d’infrastructures ont besoin. L’acier, le ciment et d’autres intrants clés du Canada font partie de bon nombre de nos projets, toutefois presque tous les projets d’infrastructures au pays sont construits à l’aide de chaînes d’approvisionnement mondiales. Les composants essentiels, des panneaux solaires aux puces et batteries, sont achetés sur les marchés mondiaux.
Partout au pays, le refrain se répand: le Canada doit se montrer à la hauteur et construire des infrastructures, et il doit les construire rapidement.
Et, bien que nous fassions de solides progrès, nous savons tous que les besoins du Canada sont importants. Nous devons donner aux propriétaires de projets les moyens d’agir rapidement pour construire les infrastructures pour diversifier notre économie, ouvrir des routes commerciales pour que plus de marchandises canadiennes puissent atteindre de nouveaux marchés, et plus encore. Et tout aussi important, nous devons nous pencher sur la façon dont nous finançons les infrastructures dont nous avons besoin compte tenu des ressources gouvernementales limitées.
[Français]
Ce sont des questions auxquelles nos partenaires de projets, comme BC Ferries, font face au quotidien. C’est pourquoi la Banque de l’infrastructure du Canada a été créée. Nous sommes là pour aider nos partenaires à débloquer leurs projets, à offrir des avantages à leurs communautés locales et à rendre leurs projets abordables pour leur clientèle.
[Traduction]
Merci de m’avoir écouté; j’ai hâte d’entendre vos questions.
:
Merci de la question. Je suis heureux de vous voir, madame Lewis.
J’aimerais répondre à votre question en deux parties.
Premièrement, comme je l’ai mentionné dans ma déclaration préliminaire, tous nos projets profitent aux Canadiens, et les infrastructures sont en partie au Canada. Quelque 235 000 Canadiens travaillent sur les 102 projets que nous finançons aujourd’hui. Ces projets génèrent clairement des avantages pour les Canadiens. Voilà bien sûr l’une des beautés des infrastructures. En construisant des infrastructures, vous générez des bénéfices considérables pour l’économie locale. L’utilisation de ces infrastructures génère encore plus de bénéfices économiques, puisque cela crée de nouvelles routes commerciales et relie les Canadiens. Voilà les bénéfices à long terme des infrastructures. Tous nos projets livrent ces bénéfices, conformément à notre mandat.
Nombre de nos projets font également partie des chaînes d’approvisionnement mondiales. Comme je l’ai déjà dit, qu’il s’agisse de panneaux solaires ou de puces, de nombreux produits manufacturiers proviennent de fournisseurs canadiens; mais, bon nombre de ces produits viennent aussi des marchés mondiaux. En résumé, ce n’est pas le rôle de la BIC de dire à nos merveilleux partenaires de projet, qu’il s’agisse des provinces, des territoires, d’entreprises privées ou d’entités réglementées, comme BC Ferries, quel est l’endroit idéal où se procurer leurs composants.
:
Monsieur le président, il y avait deux questions. Je vais y répondre une à la fois, si vous me le permettez.
Premièrement, je vais clarifier quelque chose, et cela a été une partie importante de la discussion d’aujourd’hui: notre prêt est bien évidemment accordé à BC Ferries. Notre relation contractuelle est avec BC Ferries. Toutefois, le plus important, c’est que les utilisateurs du service profitent également des avantages de notre prêt par l’entremise de BC Ferries. Nous ne subventionnons pas une entité étrangère.
Le meilleur exemple que je peux vous donner est que si, monsieur le président, vous convenez d’acheter une nouvelle maison pour 100 $, que je vous donne un prêt, un prêt sans intérêt, et que je vous demande qui est avantagé par le prêt sans intérêt. Est‑ce vous ou le vendeur? La réponse est vous. Le bénéficiaire est la personne qui reçoit le prêt. Les passagers, les utilisateurs du service, tirent profit directement de notre prêt, qui permet de continuer d’offrir un service plus abordable et plus propre.
:
Je répondrai à la question sur les délais en général. Comme je l’ai mentionné dans ma déclaration préliminaire, nous avons entamé nos discussions avec BC Ferries en septembre dernier et, à ce moment‑là, comme c’est souvent le cas pour nos acquisitions, il ne faut pas être surpris, nous ne savions pas où elle achèterait ses matériaux.
Pour donner un autre exemple, nous avons accordé des prêts à de nombreux producteurs d’énergie éolienne du pays qui n’ont pas encore acheté leurs éoliennes. Notre contrat de prêt est conclu avec le producteur d’énergie éolienne et, là encore, il sert à garantir que le projet soit plus abordable. Par conséquent, lorsque nous avons entamé nos discussions en septembre dernier, nous ignorions où les traversiers seraient achetés, et cela ne faisait pas partie de notre analyse.
Pour répondre à la question de la députée, en mars de l’an dernier — nous avons approuvé le prêt le 5 mars — BC Ferries n’avait toujours pas pris de décision. À l’époque, nous avons finalisé les documents de prêt, qui étaient en fait un document financier signé le 28 mars, je crois, ou à la fin du mois de mars. BC Ferries nous a informés qu’il ne restait que plus de deux finalistes, et nous savions que les deux étaient basés en Chine, comme l’a dit précédemment M. Jimenez, et nous en avons été informés à ce moment‑là seulement. Pour que ce soit très clair, cela ne faisait pas partie de notre analyse et n’a pas influencé notre décision d’accorder le prêt, car celui‑ci devait bénéficier aux clients de la Colombie-Britannique, les quelque 23 millions de personnes qui utilisent ce service.
Pour répondre à la deuxième partie de votre question à propos d’une annonce, je serai très clair là‑dessus. Nous prenons la transparence très au sérieux, et, si vous consultez notre site Web, vous verrez une carte qui montre tous nos projets à travers le pays. En effet, il y a eu un retard dans l’annonce de ce projet, et je voudrais simplement signaler aux députés que nous étions en période électorale à ce moment‑là, et que les annonces publiques des sociétés d’État étaient donc limitées. Par conséquent, nous n’avons pas pu faire d’annonce. Une fois le nouveau gouvernement en place, à la mi‑mai, nous avons repris les démarches pour faire une annonce publique en juin, ce qui avait toujours été notre intention, et nous nous efforçons toujours d’annoncer les choses le plus rapidement possible.
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Je crois que nous avons déjà parlé de cette idée centrale lors de précédentes réunions du Comité, à savoir que notre pays souffre d’un déficit d’infrastructure. La plupart des analyses l’évaluent à plusieurs centaines de milliards de dollars, un chiffre difficile à saisir. Je pense que si nous voulons développer notre économie, poursuivre sa décarbonisation et croître efficacement, nous devons investir en masse dans les infrastructures. La réalité est simple: nous ne pouvons pas nous permettre de faire tout cela comme nous l’avons toujours fait, c’est-à-dire en utilisant uniquement l’argent des contribuables.
Le but d’un programme comme la BIC est d’optimiser l’utilisation de l’argent des contribuables au moyen de prêts assortis de conditions privilégiées, comme ici. Notre objectif est de favoriser la réalisation d’un plus grand nombre de projets d’infrastructure. Au cours de la durée de vie du prêt, lorsque les intérêts seront remboursés, nous récupérerons notre milliard de dollars, plus les intérêts composés sur plusieurs années. Cela signifie que, à l’échéance du prêt, il n’y aura aucun coût pour les contribuables. Il y a un coût en capital, si l’on considère les dépenses par rapport au capital. Nous prêtons 1 milliard de dollars, mais nous récupérons cet argent avec les intérêts. Le rôle de la BIC est d’accorder des prêts que le reste des marchés ne peut pas accorder, soit parce qu’ils ont des taux d’intérêt plus bas, soit parce qu’ils prennent plus de risque.
De nombreux projets sont exposés à des défis en matière de coût. L’achat de BC Ferries en est un excellent exemple. De nombreux projets se butent également à des défis en matière de risque. Qu’il s’agisse des réseaux de recharge pour véhicules électriques d’un bout à l’autre du pays ou de la décarbonisation des bâtiments, beaucoup de projets sont très risqués. Avec le captage et le stockage du carbone dans nos sables bitumineux, si nous souhaitons assainir nos sources d’énergie, toutes ces initiatives comportent un risque important sur le marché. L’extraction de minéraux critiques en est un autre.
La BIC peut également accorder des prêts pour lesquels nous prenons un risque supérieur à celui du marché. Il ne s’agit pas toujours d’argent à faible coût, mais parfois d’un risque plus élevé. Dans tous les cas, notre travail consiste à accorder ces prêts et, sur l’ensemble du portefeuille, à facturer des intérêts suffisants pour couvrir tous nos coûts d’exploitation et le risque que nous prenons, car certains prêts ne sont pas parfaitement rentables. Voilà le principe des prêts: il existe un certain risque de défaut de paiement. Quand je parle de « prendre des risques », cela veut dire que certains de ces risques finiront par se concrétiser.
Cependant, sur l’ensemble du portefeuille, si nous facturons des intérêts suffisants, l’idée est que cela ne devrait rien coûter aux contribuables, ou très peu, et permettre de lancer de nombreux projets dans tout le pays.
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Ce qui est très intéressant, bien sûr, c’est que le moment que nous vivons actuellement semble vraiment être le meilleur moment pour travailler dans le domaine des infrastructures, je dois le dire. Je crois que vous tous, en tant que membres du Comité, aurez un rôle très important à jouer au cours des prochaines années, parce que nous avons à la fois un défi à relever, mais aussi une réelle occasion de diversifier nos échanges commerciaux, d’investir dans le Nord comme jamais auparavant, d’investir dans les chaînes d’approvisionnement qui vont alimenter le monde, qu’il s’agisse d’énergie ou de minéraux critiques. À la BIC, nous prenons cela très au sérieux et nous sommes plein d’enthousiasme à cette idée.
Pour répondre à votre question, nous pensons entre autres, bien entendu, aux routes et aux corridors commerciaux. Nous sommes en discussion avec tous les ports du Canada. Nous avons aujourd’hui deux prêts avec l’autorité portuaire de Prince Rupert. Vous savez qu’il y a des projets d’expansion, que ce soit à Vancouver ou à Montréal, et nous sommes bien sûr en discussion au sujet des portes d’entrée nordiques comme la baie Grays. Tout cela vise à ouvrir de nouveaux marchés pour les produits canadiens.
La deuxième chose, c’est que les investissements dans le Nord concernent aussi, je crois, à l’heure actuelle, la souveraineté et la sécurité dans le Nord. Il y a souvent un double objectif. Ce projet, celui de la baie Grays, par exemple, viserait l’exportation de minéraux critiques, la sécurisation des routes commerciales tout au long du passage du Nord-Ouest et l’établissement d’un nouveau site pour la Garde côtière et la marine. Les infrastructures à double usage sont donc vraiment importantes.
En ce qui concerne le contenu canadien, je crois que, en tant que décideurs... Ce que j’entends de la part des propriétaires de projet d’infrastructure du pays, c’est un incroyable désir de maximiser l’utilisation du contenu canadien. Comme je l’ai dit, pour les projets que nous avons financés aujourd’hui, les estimations de nos partenaires et de nos analyses indépendantes indiquent que plus de 230 000 Canadiens travailleront sur ces sites pendant toute la durée des projets. Cela a une réelle valeur économique. De plus, nos partenaires de projet nous disent que bon nombre de leurs chaînes d’approvisionnement sont effectivement mondiales. Donc, si vous construisez une ferme solaire, une installation de stockage de batteries ou un réseau à large bande dans le Nord, la plupart des éléments nécessaires proviennent des marchés mondiaux.
Je pense que le défi auquel nous sommes tous confrontés est de trouver une façon de former des champions canadiens là où nous voulons les avoir. Alors, comment en faire des gagnants, non seulement au Canada, mais aussi à l’échelle mondiale, et comment pouvons-nous utiliser les marchés publics du Canada pour les aider à se développer? Désolé, ma réponse est longue, mais le meilleur exemple que je puisse vous donner est celui de l’industrie nucléaire. Nous l’avons déjà fait dans le secteur nucléaire, où nous avons utilisé les marchés publics canadiens et construit une chaîne d’approvisionnement canadienne au fil des décennies. Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Cela nous a permis de nous imposer comme fournisseurs mondiaux. Nous recommençons aujourd’hui avec les petits réacteurs modulaires, un investissement que la BIC a fait de concert avec l’Ontario et le secteur privé, en construisant de nouveaux petits réacteurs modulaires dans l’intention de devenir ensuite un fournisseur pour d’autres régions du monde.
Je crois que le défi sera de choisir les domaines dans lesquels nous pouvons être des chefs de file, et la BIC contribuera à cet effort en lançant de nouveaux projets de construction.
Dans ma communauté, Haldimand—Norfolk, nous avons une grande aciérie, Stelco, qui emploie des milliers de personnes et qui assure la sécurité économique d’une bonne partie de la région. Ces emplois sont menacés, et ces travailleurs et leurs familles sont inquiets.
Nous sommes ici aujourd’hui pour discuter du milliard de dollars en deniers publics qui créera des emplois à l’étranger, en partie à cause d’une décision de la Banque de l’infrastructure du Canada.
Monsieur Cory, je trouve qu’il s’agit d’une situation déplorable pour nos infrastructures au Canada.
La Banque de l’infrastructure du Canada a été créée par le gouvernement libéral avec la promesse de réaliser de grands projets de construction nationaux en attirant des investissements privés. Après une décennie, elle a échoué dans sa mission. Malgré des dizaines de milliards de dollars de financement public, la banque n’a complété que sept projets sur les plus de cent qu’elle a financés. C’est moins d’un projet par année. Durant la même période, elle a versé des millions en salaires des dirigeants, en primes et en contrats d’initié pour des proches, tandis que des infrastructures essentielles à travers le pays sont reportées, surévaluées ou abandonnées.
Que ce soit clair: il ne s’agit pas seulement du scandale de BC Ferries. Il s’agit d’une tendance évidente à l’échec et à la mauvaise gestion. La capacité tant vantée de la BIC à attirer des investissements privés ne s’est jamais concrétisée.
Elle promet des effets multiplicateurs de quatre, cinq et six fois chaque dollar des contribuables. Michael Sabia, ancien président de la BIC et aujourd’hui greffier du Conseil privé, a affirmé que chaque dollar attirerait cinq dollars de capitaux privés. Plus tard, il a révisé ce chiffre à la baisse, disant plutôt deux ou trois. C’est très préoccupant.
Selon le directeur parlementaire du budget, les fonds de la BIC viennent toujours principalement des contribuables, des échelons fédéral, provincial et municipal. Ces trois dernières années, les fonds du secteur privé ont représenté moins de la moitié du total. Le DPB a également confirmé que plus de la moitié des fonds de la Banque reste inutilisée, sans produire de résultats ni contribuer à la construction d’infrastructures. Nous savons toutefois que, année après année, l’argent est davantage consacré aux salaires et aux primes des dirigeants qu’aux infrastructures elles-mêmes.
La BIC a fait des investissements discutables. La rénovation écologique d’un hôtel de luxe, la modernisation d’un immeuble d’appartements où les loyers ont grimpé en flèche, un projet très médiatisé comme le raccordement du lac Érié, d’une valeur de 1,7 milliard de dollars, et le projet d’aqueduc de Mapleton, d’une valeur de 20 millions de dollars, ont tous été discrètement annulés.
Elle cache les détails des projets dans lesquels elle a investi et a même refusé de comparaître devant le Comité pour des enquêtes importantes, comme celle sur ses liens avec la société McKinsey. Elle s’est appuyée sur des entreprises proches des libéraux, comme McKinsey, avec peu de transparence.
À chaque faux pas, le ministre libéral a, commodément, nié toute responsabilité dans les décisions de la Banque — il l’a dit lui-même aujourd’hui — invoquant son indépendance, même si ce sont les contribuables qui paient la facture.
À présent, la BIC finance le contrat entre BC Ferries et un chantier naval appartenant à l’État chinois, laissant de côté les travailleurs canadiens et sapant notre capacité de construction navale et notre industrie sidérurgique nationales au pire moment qui soit.
Pire encore, la seule raison pour laquelle nous sommes au courant de cela...
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Merci, monsieur le président.
Pire encore, la seule raison pour laquelle nous sommes au courant du taux d’intérêt de 1,8 %, qui est bien inférieur au taux du marché, est que BC Ferries l’a divulgué. Ce n’est pas la Banque de l’infrastructure du Canada ni le ministre du Logement et de l’Infrastructure qui l’ont fait.
Cela en dit long. Les Canadiens subventionnent l’industrie et les travailleurs chinois, et non pas les nôtres. Les scandales de BC Ferries devraient être la goutte qui fait déborder le vase. Après avoir examiné l’ensemble des résultats de la BIC, le comité des transports devrait réitérer sa recommandation unique et claire touchant la banque, à savoir qu’il faut la supprimer.
Les conservateurs soutiennent fermement la recommandation visant à abolir la banque. Il est temps que le gouvernement respecte enfin les conclusions du Comité et mette fin à cette institution déficiente.
Si M. Cory souhaite s’adresser aux métallurgistes de Haldimand—Norfolk et aux travailleurs canadiens qui n’ont pas la possibilité de construire des traversiers parce que le contrat a été attribué à l’étranger, il est libre de le faire pendant le temps qu’il me reste.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence aujourd'hui.
Le mandat de la Banque de l'infrastructure du Canada est de soutenir des projets qui stimulent l'économie canadienne. Vous l'avez très bien expliqué tantôt. Maintenant, vous n'êtes pas responsable des entreprises qui vont faire la demande pour que des projets soient réalisés ailleurs.
La situation entourant le contrat octroyé à BC Ferries pour la construction de ses quatre navires nous a un peu secoués en raison du contexte actuel et de la crise que vivent les secteurs de l'acier et de l'aluminium. Il est donc normal que l'attribution du contrat à une compagnie chinoise suscite une déception dans le marché canadien. D'ailleurs, si les exigences de contenu de BC Ferries vous avaient été présentées avec un produit fabriqué au Canada, vous ne seriez même pas ici, aujourd'hui.
Pouvez-vous nous dire comment cette situation a été analysée au sein de votre organisation?
Avez-vous tout de même un petit pouvoir pour émettre des recommandations? Pouvez-vous demander ce qui est envisagé dans le cadre de leur processus?
Nous avons appris que BC Ferries a procédé à trois étapes très importantes. Il y a eu les étapes de préfaisabilité, de conception et d'appel d'offres. Au cours de ce processus, avez-vous été interpellé et avez-vous formulé des recommandations?
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Je remercie le député de sa question.
[Traduction]
C’était une question très pertinente, je vous en remercie.
Lorsque nous entamons des discussions avec un emprunteur, par exemple BC Ferries, nous nous concentrons d’abord sur les bénéfices du projet. Comme je l’ai dit dans mes commentaires, aujourd’hui, il s’agit ici de l’amélioration du service, du coût de cette amélioration et de la façon de la réaliser au meilleur coût possible pour les utilisateurs du service.
En général, y compris dans ce cas‑ci, cela commence avant que la décision d’achat ne soit prise. Comme je l’ai dit, c’est très courant dans nos projets. Laissez‑moi répondre à votre question par une hypothèse. Si BC Ferries disait demain « Nous avons changé d’avis, nous préférons les acheter en Roumanie ou au Québec », notre prêt ne changerait pas. C’est parce que notre prêt est conçu pour profiter aux utilisateurs du service et pour garantir que les traversiers seront mis en service rapidement, de manière écologique et fiable, au coût le plus bas possible pour les fournisseurs de la Colombie-Britannique.
Pour répondre à votre question, si le gouvernement souhaite commencer à développer des industries stratégiques, par exemple dans le domaine de la construction navale, nous avons investi dans Davie, Seaspan et Irving. Si le gouvernement déclarait vouloir que ces traversiers viennent du Canada et disait d’abord à BC Ferries qu’elle doit s’approvisionner au Canada, nous serions d’accord. Si cela voulait dire que les traversiers coûteront plus cher, BC Ferries pourrait nous dire: « Eh bien, vous alliez nous accorder un prêt de 1 milliard de dollars, mais nos traversiers coûtent plus cher, alors allez-vous nous prêter plus d’argent? » Eh bien, cela nous ramène à la question de savoir s’il y aura une nouvelle augmentation du coût du service pour les citoyens. La seule manière de rembourser un prêt est de faire payer quelqu’un. Cependant, si BC Ferries est partante pour faire payer plus cher les consommateurs de la Colombie-Britannique, nous accorderions un prêt plus important.
Je vous donne cet exemple uniquement pour vous dire que nous ne sommes pas les moteurs de la décision d’achat. Toutefois, si BC Ferries prenait une décision concernant l’approvisionnement canadien ou qu’il avait une approche stratégique en faveur de l’approvisionnement canadien, nous la soutiendrions indirectement en accordant peut-être un prêt plus important si l’entreprise était en mesure de le rembourser.
C'est vraiment intéressant. Toutefois, nous ne sommes pas invités à ces rencontres et cela a du sens, puisque nous ne sommes pas les propriétaires de l'infrastructure. Nos emprunteurs, par exemple l'aéroport de Montréal, le Port de Montréal ou le Port de Vancouver, sont ceux qui prendront part à ces rencontres.
[Traduction]
C’est tout à fait logique, car, s’ils ont des critères pour construire au Canada, c’est génial. Nos prêts soutiendront ces partenaires.
Je dis simplement que c’est à mon avis tout à fait approprié. Il s’agit en fait pour les propriétaires d’infrastructure de s’aligner sur l’achat de produits canadiens, si tel est le mandat.
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Merci beaucoup, monsieur Albas.
La première chose que j’aimerais faire, parce que nous devons maintenant présenter et étudier cette motion, ce qui, selon moi, pourrait prendre du temps... C’est seulement mon avis, mais je crois que c’est ce qui va se passer, donc j’aimerais tout d’abord remercier nos deux témoins d’être présents aujourd’hui et de nous accorder de leur temps.
Merci beaucoup. Bon retour à la maison. Vous pouvez vous retirer.
Je vais suspendre la séance deux ou trois minutes pour m’assurer que tous les députés ont la motion dans les deux langues officielles, puis, quand nous reprendrons la séance, vous aurez la parole, monsieur Albas.
La séance est suspendue.
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Croyez‑le ou non, monsieur le président, plusieurs personnes me demandent de répéter la motion, donc, si vous me le permettez, je vais le faire dans l’autre langue.
Ce n’est pas vrai, je voulais seulement voir votre réaction, monsieur le président.
Une voix: Ha, ha!
Chers collègues, laissez-moi seulement dire ceci: nous croyons avoir entendu un certain nombre de déclarations contradictoires tout au long du processus de prêt pour cet approvisionnement. Nous pensons qu’il faut examiner davantage ce dossier. Ces contradictions nous dérangent, et cette ordonnance de production nous permettrait d’examiner tout cela plus attentivement.
Encore une fois, monsieur le président, je vais simplement souligner que, même si un débat serait le bienvenu, il vaudra assurément la peine de faire remarquer que les libéraux décident de passer leur temps à faire de l’obstruction. Nous allons passer au vote une fois que l’heure que nous avons décidé de consacrer à la motion sera écoulée. Je propose de passer au vote le plus vite possible et que chaque député vote comme il l’entend. Nous pourrons ensuite parler des autres points à l’ordre du jour qui, je le sais, sont aussi importants pour d’autres membres de notre comité.
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Merci, monsieur le président.
Je ne suis pas tout à fait du même avis que mon collègue lorsqu'il mentionne qu'il y a une contradiction. Les témoins que nous avons reçus aujourd'hui ont chacun établi clairement leur rôle, à commencer par la . Les membres du Comité ont tous manifesté que la situation actuelle n'était pas celle qu'ils auraient souhaitée. Nous aurions tous voulu que le produit reste canadien, qu'il soit produit au Canada par des travailleurs canadiens, mais nous avons tous compris le rôle de chacun.
Le a bien expliqué toutes les directives et politiques qu'il doit respecter en lien avec la Banque de l'infrastructure du Canada. Je n'ai pas noté de propos controversés ou contradictoires entre les témoins qui ont participé à la réunion d'aujourd'hui.
Lorsque les membres du Comité ont parlé avec le représentant de BC Ferries, ce dernier a clairement indiqué plusieurs raisons expliquant la situation actuelle, dont une raison économique. Selon lui, il y a une procédure à suivre pour le bien des Canadiens ainsi que pour le bien des clients du traversier.
Dans cette affaire, la compagnie a évidemment fait sa vérification au préalable. Elle a fait son devoir en comblant les besoins de son cahier de commande. Pour ce faire, elle avait besoin d'une aide financière de la Banque de l'infrastructure du Canada. Dans ce cas, c'était clair: il s'agissait d'un prêt remboursable. À cet égard, il n'y a donc pas de controverse en lien avec les communications ou avec les dates. Il n'y a pas non plus de contradiction pour ce qui est du processus mis en place, tant par BC Ferries que par la Banque de l'infrastructure du Canada. La réunion d'aujourd'hui a permis au Comité de mieux comprendre la situation.
Cela dit, le Comité a appris aujourd'hui que des compagnies canadiennes n'avaient pas présenté de soumission pour plusieurs raisons. Par exemple, des compagnies canadiennes qui avaient déjà un carnet bien rempli n'étaient pas en mesure de soumissionner le contrat de construction de nouveaux traversiers en raison du délai de livraison de l'appel d'offres. On nous a nettement démontré que le déficit en infrastructure pesait lourd sur les traversiers. Le Comité a aussi appris, en toute transparence et sans contradiction, qu'un bris de service coûtait extrêmement cher, soit des millions de dollars. Il fallait donc absolument trouver une façon rapide pour que BC Ferries continue à offrir ses services et minimise ses coûts.
Finalement, la raison pour laquelle le contrat a été octroyé à une compagnie chinoise s'explique par une décision d'affaires. La Banque de l'infrastructure du Canada ne s'est pas mêlée de cette décision. Quant aux deux ministres concernés, ils n'ont pas été impliqués dans ce processus.
Aujourd'hui, je pense qu'on commence à voir la lumière au bout du tunnel. Pourrait-on faire mieux? À cet égard, les membres du Comité pourraient faire des recommandations.
La ministre Freeland a suggéré de réunir tous les acteurs du milieu pour favoriser les échanges et regarder comment on pourrait faire mieux. À cet égard, nous sommes toujours prêts à prendre en considération les décisions prises lors de telles consultations. Cela fait partie de la façon de faire de notre gouvernement. C'est naturel.
Aujourd'hui, j'ai beaucoup appris au sujet du rôle précis que chacun joue dans le processus d'appel d'offres. Quand les membres du Comité ont parlé de ce processus avec le représentant de BC Ferries, ils ont vu qu'il s'agissait d'un travail complexe et de longue haleine. Malheureusement, ce processus a été interrompu pendant la pandémie de COVID‑19. La compagnie a parlé d'un processus en plusieurs étapes, soit la faisabilité, la qualification, la mise en œuvre du projet et l'appel d'offres. Ces projets d'infrastructures demandent beaucoup d'énergie et de temps.
Cela étant dit, à la suite de notre rencontre et des discussions que nous avons aujourd'hui, je suis convaincu qu'il n'y a pas eu de mauvaises intentions, de mauvaises communications ou des contradictions entre les parties prenantes que nous avons entendues aujourd'hui.
Il a été clairement dit que la lettre de la n'était pas nécessairement en lien avec le ministre du Logement et de l'Infrastructure et la Banque de l'infrastructure du Canada. En fait, le but de sa lettre était d'empêcher que l'argent de son ministère soit dépensé ailleurs qu'au Canada. Il s'agit d'un prêt de la Banque de l'infrastructure du Canada qui ne provient pas du ministère des Transports et du Commerce intérieur. Ce prêt répond à l'appel d'offres qu'a fait BC Ferries. Selon moi, il est clair qu'il fallait pallier le déficit d'infrastructures de BC Ferries.
Cela étant dit, je suis d'avis que la motion présentement sur la table est largement exagérée par rapport à ce que nous demandons à presque tous les acteurs qui participent directement ou indirectement à ce projet. Il faut que le gouvernement provincial et tous ceux qui y participent de près ou de loin puissent communiquer leur point de vue.
Je pense que nous avons fait notre travail en tant que Comité, monsieur le président. Nous avons reçu les acteurs clés autour de cette table pour bien nous expliquer les processus et bien nous démontrer la façon dont ils ont pu en arriver à cette solution, celle d'octroyer ce contrat à une compagnie chinoise. Est-ce le meilleur des deux mondes? Non. Nous aurions voulu en faire bénéficier les secteurs de l'acier canadien, de l'aluminium canadien et du bois d'œuvre canadien. Nous aurions aussi voulu en faire bénéficier les travailleurs canadiens et veiller à ce que les syndicats puissent en profiter. Or la situation a tellement bien été expliquée aujourd'hui que nous pouvons dire que le Comité a fait son travail, qu'il s'est posé les bonnes questions et qu'il est arrivé à ses fins. D'ailleurs, je serais prêt à faire des recommandations à partir de ce que nous avons appris.
Pouvons-nous demander qu'il y ait quelques échanges entre le ministère et BC Ferries afin d'ajouter des précisions au dossier, afin de justifier leurs propos? Nous ne mettons pas en doute les propos des témoins qui sont venus ici aujourd'hui. Je ne crois pas que quelqu'un autour de cette table ait besoin de justifications quant aux communications qu'il y a eu entre la Banque de l'infrastructure du Canada et le ministère; je pense que le ministre a été clair pour ce qui est des dates relatives aux communications. Il a dit qu'à telle date il a appris la décision de BC Ferries et que, le lendemain, il a appelé la Banque de l'infrastructure du Canada. Tout le monde a collaboré. Personne ne s'est compromis, et je n'ai pas relevé d'ambiguïté. Toutefois, je peux vous dire une chose: ce qu'on demande, c'est extrême. Dans le cadre de cette motion, on demande à tous les acteurs du milieu de fournir les documents nécessaires, mais il y aurait lieu de proposer un amendement. Je vais y revenir.
Je vois que M. Barsalou‑Duval a la main levée. Je proposerai peut-être un sous-amendement, mais avant d'aller plus loin, j'aimerais entendre ce que M. Barsalou‑Duval a à dire sur ce dossier.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Pour ce qui est de la motion proposée par mes collègues conservateurs, nous pouvons d'abord faire plusieurs constats à partir des témoignages que nous avons entendus et des choses que nous avons apprises aujourd'hui.
En premier lieu, nous avons appris que la lettre de datée du 16 juin demandant qu'aucun financement fédéral octroyé à BC Ferries ne serve à acheter des bateaux fabriqués en Chine était de la frime. Cette lettre n'avait aucune valeur, parce qu'au moment où elle a été écrite, le savait déjà que BC Ferries avait obtenu une entente de financement auprès de la Banque de l'infrastructure du Canada, ou BIC. Malgré cela, il semble que le ministre ne lui ait pas demandé de rétropédaler ou d'annuler l'entente, et la BIC nous a dit qu'elle irait de l'avant. Par ailleurs, le témoignage du ministre du Logement et de l'Infrastructure était assez confus, et il était difficile de savoir quelle était sa vraie position. Il a dit qu'il était désolé, mais la BIC nous a dit que cela semblait faire son affaire. Nous avons donc bien hâte de savoir ce qu'il en est réellement.
Ensuite, nous avons appris que, malgré les affirmations de la selon lesquelles le gouvernement exigera que les grands projets d'infrastructure soient réalisés avec de l'acier et de l'aluminium d'ici, la BIC n'a reçu aucune directive pour favoriser l'achat de produits d'acier et d'aluminium locaux dans les projets d'infrastructure qu'elle finance. Nous avons aussi appris que cela ne dérangeait pas du tout la BIC que le prêt serve à financer des entreprises d'État chinoises, alors que notre secteur de l'acier est soumis à des droits de douane de 50 % de la part des États‑Unis.
Monsieur le président, je dirais que cette situation est assez consternante. Il reste encore des zones d'ombre. Il y a certaines contradictions, surtout dans le témoignage du ministre du Logement et de l'Infrastructure, et il manque beaucoup d'informations. Or je pense que la motion des conservateurs nous permettra d'aller chercher plus d'informations. J'aimerais beaucoup voir les contrats et les documents concernant ce prêt. J'aimerais savoir s'il était absolument impossible de rétropédaler, comme nous l'ont affirmé les ministres. Cependant, la Banque de l'infrastructure du Canada nous a dit qu'elle n'avait qu'un actionnaire, soit le gouvernement fédéral. La Banque prend les décisions et elle est indépendante, mais, au bout du compte, leur patron est quand même le gouvernement. J'ai donc l'impression que ce gouvernement a manqué de volonté politique pour trouver des solutions aux problèmes auxquels on fait face. En lisant les contrats, la correspondance liée à cette décision et en ayant plus d'avis, nous pourrons faire la lumière sur cette affaire.
J'ai hâte de voir les amendements que pourraient proposer les libéraux, le gouvernement, pour rendre la motion des conservateurs acceptable à leurs yeux. Je suis prêt à appuyer la motion telle quelle, mais je suis aussi disposé à discuter de ce qui pourrait être modifié. J'espère qu'on tirera des leçons de cette situation, parce que, franchement, on assiste à l'improvisation d'un ensemble incohérent de messages, tout comme les décisions qui engagent l'argent des contribuables ne semblent pas concorder avec les paroles du gouvernement. C'est déplorable de voir que la Banque de l'infrastructure du Canada ne semble pas, non plus, privilégier les intérêts nationaux du pays qu'est le Canada. Nous pensons évidemment que la BIC n'aurait jamais dû exister; aujourd'hui, on peut comprendre pourquoi. En effet, on y prend des décisions à huis clos, sans consulter qui que ce soit, et on semble mettre le gouvernement devant le fait accompli, alors que ces décisions ne font pas nécessairement notre affaire.
Je pense donc que nous avons besoin de plus de transparence dans ce dossier.
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Je propose d’ajouter, à l’alinéa b), après « tout document non expurgé »: « sauf conformément aux obligations légales et législatives ».
À l’alinéa c), je propose de supprimer « au ministère du Logement, de l'Infrastructure et des Collectivités, y compris le bureau de son ministre responsable, au ministère des Transports, y compris le bureau de sa ministre responsable, au ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, y compris le bureau de son ministre responsable, au Bureau du Conseil privé et au Cabinet du premier ministre ».
À l’alinéa d), je propose de supprimer « au ministère du Logement, de l'Infrastructure et des Collectivités, y compris le bureau de son ministre responsable, au ministère des Transports, y compris le bureau de sa ministre responsable, au ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, y compris le bureau de son ministre responsable, au Bureau du Conseil privé et au Cabinet du premier ministre ».
À l’alinéa e), après « dans un format non expurgé », j’ajouterais « sauf conformément aux obligations légales et législatives. »
Nous allons distribuer le document. Ce serait l’essentiel de l’amendement, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Depuis 2015, je participe à des réunions de comités et nous proposons des amendements, dont certains sont importants. Cependant, infirmer la décision du président d'accepter un amendement à une motion fait qu'aujourd'hui, on se trouve devant une motion qui ne peut plus être modifiée. Je sens que mes droits sont brimés.
Le Comité a fait une recommandation pour trouver une solution permettant d'arriver à un accord sur l'amendement apporté à la motion initiale. Or voilà qu'on se fait retirer notre droit de parole par l'opposition, qui a la balance du pouvoir.
C'est cela, la politique, n'est-ce pas, monsieur Albas?
S'il le faut, l'amendement sera modifié. J'accepte la proposition de M. Albas, qui nous dit qu'il faut apporter quelques changements. Je suis prêt à apporter des changements et à en discuter, mais je dois absolument consulter mes collègues pour savoir ce qui devrait être modifié dans cet amendement.
En ce qui concerne tout ce qui a été retiré précédemment, j'estime qu'il était important de le faire. Maintenant, si on veut en arriver à un compromis, je dois consulter mes collègues. Je demande donc de faire une pause de quelques minutes afin de revoir l'amendement et d'arriver à une proposition.
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Merci, monsieur le président.
C'est une question technique sur laquelle les greffiers vont probablement pouvoir nous donner des éclaircissements.
Présentement, nous débattons de la motion des conservateurs sur la production de documents. D'après ce que j'en comprends, une fois que l'heure allouée sera écoulée, nous allons devoir voter sur cette motion. Cela mettra-t-il fin à tous les sujets qui doivent être traités, ou sera-t-il encore possible de déposer d'autres motions?
Évidemment, d'autres sujets et d'autres motions doivent être traités. Peut-être mes collègues libéraux auront-ils eux aussi d'autres motions à déposer sur la table dont ils voudront discuter. Sera-t-il possible de le faire, ou sommes-nous obligés de débattre seulement de la motion qui a été déposée?
Dans ce cas, voilà ce que j’ai à dire: je n’appuie pas la motion.
Je pense qu’il est très clair, compte tenu de la grande portée de cette motion, que les députés cherchent notamment à organiser une grosse partie de pêche. Le nombre de ministères et de ministres différents énumérés... Même si nous avons eu l’occasion aujourd’hui de parler directement à la ministre des Transports, au ministre du Logement, de l’Infrastructure et des Communautés et à la haute direction de la BIC et de BC Ferries, nous nous retrouvons tout de même à un point où nos honorables collègues ne semblent pas satisfaits des réponses qu’ils ont reçues. Ils ne semblent pas satisfaits du fait que ces entreprises autonomes ont des relations d’indépendance avec les gouvernements fédéral et provinciaux.
BC Ferries est une entité provinciale qui n’a aucun lien avec le gouvernement fédéral, sauf avec l’autorité réglementaire de Transports Canada. Il semble évident, ici, que nos collègues veulent se servir de BC Ferries comme d’une menace et nuire à l’efficacité future du service et à ses retombées sur la Colombie-Britannique, ses collectivités, son économie et tout cela. Nos collègues sont prêts à mettre cela en jeu pour se faire du capital politique et embarrasser le gouvernement.
Je regrette de le dire, mais cette motion — surtout qu’elle a été présentée par un député qui, comme moi, vient de la Colombie-Britannique — n’est pas dans l’intérêt de notre province. Ce n’est pas une motion qui soutient les infrastructures et les services sur lesquels les Britanno-Colombiens comptent. C’est une motion qui vise à servir les intérêts politiques du parti du député au détriment des Britanno-Colombiens. Selon moi, c’est inacceptable, monsieur le président. À mon avis, c’est une motion irresponsable qui lance ses lignes à l’eau dans une grande partie de pêche, en espérant trouver de l’information supplémentaire à ce qui nous a déjà été fourni au cours des cinq dernières heures et demie.
C’est pourquoi je n’appuie pas la motion, monsieur le président. Je pense qu’elle ralentira les travaux de notre comité plutôt que de nous permettre d’avancer et de terminer l’étude sur laquelle nous nous sommes entendus à notre dernière réunion.
J’espère que mes collègues conviendront que ce n’est pas dans notre intérêt de prolonger ce processus de la façon proposée. Nous devrions plutôt permettre aux analystes et au Comité d’aller de l’avant et de produire un rapport qui expliquera comment nous pourrons, à l’avenir, nous assurer que les décisions en matière d’approvisionnement avec le soutien du gouvernement fédéral sont prises de manière à favoriser l’industrie et les emplois canadiens et à répondre aux besoins essentiels des Canadiens et de nos électeurs, qui s’attendent à ce que nous investissions dans des infrastructures essentielles.
Je vais m’arrêter là. Merci beaucoup, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
J’allais en parler plus tôt, mais j’ai cédé la parole parce que j’ai cru qu’il y allait avoir un sous-amendement.
Vous savez, au cours des cinq ou six dernières heures, je pense que nous avons eu une excellente occasion d’écouter de nombreuses personnes sur ce sujet précis: madame la , le et, bien entendu, BC Ferries et la Banque de l’infrastructure. Encore une fois, c’est mon opinion. C’est ma perception, et je n’ai pas vu beaucoup de contradictions.
Ce que j’ai vu, ce sont des choses qui unissaient beaucoup d’entre nous, car nous ne sommes plus où nous étions il y a six mois, quatre mois ou trois mois. Nous semblons être ailleurs jour après jour. Quand vous ouvrez la télévision, que vous regardez Radio-Canada, CTV, Global ou les médias sociaux, les objectifs des États-Unis... Et surtout M. Trump, avec ses tarifs injustes, qui demeure erratique et imprévisible. La seule chose qui est prévisible dans son cas, c’est son imprévisibilité.
Les temps changent, et je crois que chaque témoin l’a bien souligné. Oui, il a été question de dates, de qui savait quoi quand. C’est important, et je le comprends. C’est surtout important pour les gens de la Colombie-Britannique. C’est ce que je comprends à la lumière du discours des membres de l’opposition qui viennent de la Colombie-Britannique, et, bien entendu, des Britanno-Colombiens faisant partie du gouvernement.
Je vois deux ou trois choses. Il semble s’agir d’une motion omnibus qui nous fait partir à la pêche. D’accord, on peut faire cela, mais qu’allons-nous faire pour les Canadiens, pas seulement en tant que gouvernement, mais aussi pour faire face à la situation? Je crois moi aussi que nous devons développer davantage les infrastructures du Canada. Je suis d’avis que davantage de gens doivent travailler dans les bateaux, dans différentes infrastructures, et qu’il ne faut pas simplement envoyer tout cela dans différentes régions, en l’occurrence en Chine. Toutefois, nous comprenons aussi très bien les aspects chronologiques qui nous ont amenés là.
Maintenant, en tant que comité, qu’allons-nous faire? Allons-nous revenir en arrière et tout passer au crible pour déterminer si quelqu’un a dit quelque chose qu’il aurait dû dire le 1er juillet ou le 2 juin, ou allons-nous tous convenir que nous devons faire mieux?
Quelles recommandations pouvons-nous faire pour nous assurer de faire mieux, de faire mieux en ce qui concerne nos relations avec différentes entités des provinces, comme BC Ferries? Comment pouvons-nous nous préparer à ce qui n’est pas un rêve, ce qui n’est pas une fantaisie? C’est à dire que nous allons vraiment être maîtres chez nous dans le sens où nous allons créer de la richesse nationale. Qu’allons-nous faire pour que nos industries produisent plus et mieux? Ce sont les recommandations que j’aimerais voir.
Je veux que l’on étudie la situation et que l’on en tire des leçons; je veux bâtir sur ce que l’on aura appris; je pense que c’est ce que les Canadiens veulent que l’on fasse.
Je pense que c’est une bonne chose que l’opposition nous ait amenés ici aujourd’hui, parce que, en réalité, on a éclairci certaines choses. Par exemple, il y a un prêt de 1 milliard de dollars — j’insiste sur le mot « prêt » — dont 690 millions de dollars serviront à la construction des navires et 310 millions de dollars à l’électrification des infrastructures de la Colombie-Britannique. J’aimerais savoir comment nous pouvons maximiser cela, puisque la Colombie-Britannique est le principal bénéficiaire, c’est bien ça?
J’aimerais entre autres savoir ce que nous pouvons faire pour ne pas nous retrouver encore une fois, dans une situation semblable. Comment ces institutions font-elles pour changer rapidement? Notre relation avec les Américains a énormément changé comparativement à ce qu’elle était il y a 12 mois. Que devons-nous faire en tant que pays en ce qui concerne le développement, l’emploi, la nouvelle économie et l’énergie, qu’il s’agisse de pétrole et de gaz ou d’énergie renouvelable?
C’est ce que j’espère voir, et je regarde les gens autour de la table, les gens qui se soucient des intérêts fédéraux, mais aussi des droits et la richesse économique des provinces. Quelles recommandations pouvons-nous faire pour consolider cela compte tenu de ce que nous avons entendu aujourd’hui? C’est l’objectif que j’espère pouvoir atteindre.
Je ne doute pas que, si vous présentez une motion, c’est la vôtre. Je le respecte, mais honnêtement, je ne pense pas que la motion qui a été présentée nous aidera à nous adapter; je ne pense pas qu’elle nous aidera à en tirer des leçons, et je ne pense pas qu’elle va aider les Britanno-Colombiens.
Ce que nous pouvons faire, c’est réfléchir sérieusement aux recommandations que nous pouvons formuler en tant que comité et qui auront une incidence sur l’industrie en Colombie-Britannique, au Québec et dans le Canada atlantique. C’est ce que nous pourrions faire sérieusement.
C’est seulement mon opinion. Elle n’est pas différente de celle d’un conservateur ou d’un bloquiste ni même meilleure, mais les temps ont changé. Notre pays est à la croisée des chemins. Nous devons bien faire les choses. Tirons des leçons et avançons, ou nous pouvons passer cinq, six, sept ou huit réunions à badiner avec importance. Les médias sociaux peuvent dire ce qu’ils veulent. Les théoriciens du complot peuvent dire ce qu’ils veulent, et où en sommes-nous?
Je m’en remets à vous, monsieur le président, et à quiconque a la main levée. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Nous nous apprêtons à voter sur la motion. À l'alinéa b), que mon collègue M. Kelloway a proposé de retirer, la motion demande que BC Ferries produise tous les documents décrivant les détails de toutes les options qu'elle a explorées dans le cadre de l'acquisition des navires.
Or, aujourd'hui, les conservateurs ont demandé aux témoins quelle était la différence entre le montant offert par le premier soumissionnaire et le montant offert par le deuxième et par les autres. Les témoins ont alors clairement indiqué qu'ils ne pouvaient pas dévoiler ces détails. Ces renseignements n'ont aucun lien avec l'étude proposée. De plus, pour des raisons liées à la concurrence, il n'est même pas légal de les rendre publics.
Nous savons très bien, et les conservateurs le savent très bien également, que dévoiler de tels renseignements équivaudrait à une pratique déloyale sans lien avec les services que nous rendons aux Canadiens. En suivant un processus rigoureux, on opte pour les offres qui présentent la meilleure valeur marchande. Toutefois, il ne faut pas rendre de tels chiffres publics.
Ce qu'on demande, maintenant, c'est...