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NDVA Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON NATIONAL DEFENCE AND VETERANS AFFAIRS

COMITÉ PERMANENT DE LA DÉFENSE NATIONALE ET DES ANCIENS COMBATTANTS

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 27 avril 1999

• 1517

[Traduction]

Le président (M. Pat O'Brien (London—Fanshawe, Lib.)): Je déclare ouverte la séance du Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants. J'aimerais souhaiter la bienvenue au général Henault, à M. Wright et aux autres hauts fonctionnaires de la Défense nationale et des Affaires étrangères et du Commerce international.

Le premier point à l'ordre du jour, bien sûr, est la séance d'information au sujet de la situation au Kosovo.

Je crois savoir que divers hauts fonctionnaires ont demandé que n'ait pas lieu la séance d'information prévue pour jeudi. Est- ce bien cela, monsieur le greffier?

Le greffier du comité: Oui.

Le président: Si j'ai bien compris, les ressources humaines sont utilisées pas mal au maximum. Nous allons donc trancher cette question tout de suite. À moins d'indications contraires de la part des membres du comité, il n'y aura pas de séance d'information jeudi prochain.

Je fais remarquer qu'officiellement, il s'agit d'une séance du Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants. Toutefois, nous faisons bon accueil aux membres du Comité des affaires étrangères qui sont encore à Ottawa. En effet, plusieurs membres de ce comité voyagent cette semaine.

Monsieur Turp, vous avez une question?

[Français]

M. Daniel Turp (Beauharnois—Salaberry, BQ): Monsieur le président, j'ai de la difficulté à comprendre. Le ministre des Affaires étrangères s'est engagé à informer les membres de nos comités et les autres parlementaires deux fois par semaine, pendant 30 à 45 minutes. Je trouve que ce n'est pas justifié qu'on annule la deuxième réunion de cette semaine. Je sais que M. Wright, le général Henault et les autres sont bien occupés, mais les parlementaires ont le droit d'être bien informés, comme le premier ministre l'a encore répété cet après-midi dans son intervention. Je souhaite, et je suis certain que je ne suis pas le seul, ni de ce côté-ci ni de l'autre, que nous ayons cette autre séance qu'on nous a promise à de multiples reprises.

[Traduction]

Le président: Je comprends votre préoccupation. Je n'ai moi-même été informé de cette demande que ce matin et c'est pourquoi je tenais à ce que tous en débattent.

Nous pouvons peut-être entendre les témoins pertinents à ce sujet. Y a-t-il quelqu'un qui peut nous expliquer la difficulté posée par la séance d'information de jeudi prochain? Monsieur Wright, peut-être, ou le général...

• 1520

[Français]

M. Daniel Turp: Puis-je ajouter une chose? Cela me paraît d'autant plus important qu'on nous a annoncé aujourd'hui un engagement additionnel significatif. Il faut que les parlementaires continuent d'être bien informés.

[Traduction]

Le président: C'est un fait. Les membres de tous les partis tiennent à avoir une séance d'information. Je souhaite simplement donner au personnel l'occasion de voir, par lui-même, où est le problème.

Monsieur Wright.

M. Jim Wright (directeur général, Europe centrale, Europe de l'Est et Europe du Sud, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international): Monsieur le président, cette semaine est particulièrement chargée, non seulement parce qu'il faut comparaître devant divers comités et préparer les ministres à comparaître devant divers comités, mais également parce que nous nous efforçons de préparer le mieux possible M. Axworthy pour l'importante mission qu'il est sur le point d'entreprendre à Moscou, à Skopje, en Macédoine, à Athènes et au Caire. Nous tenons à le préparer le mieux possible. Le ministre part mercredi. Il arrive à Moscou jeudi. Nous essayons également de consacrer le plus de ressources possible à ces préparatifs, pour que le ministre puisse faire une très vive impression sur ses interlocuteurs de Moscou.

Le président: Je crois que nous comprenons votre problème.

Nous avons quelques autres questions. Je tenais simplement à demander, cependant, s'il n'est pas possible que d'autres fonctionnaires que vous puissent venir si vous et madame êtes trop pris. Manifestement, nous comprenons que vous soyez vous-mêmes surchargés, mais n'y a-t-il pas d'autres fonctionnaires du ministère qui pourraient venir nous faire cette séance d'information?

M. Jim Wright: Je sais qu'une des personnes qui étaient ici la semaine dernière, M. Dhavernas, a malheureusement dû être hospitalisée, en raison d'une trop lourde charge de travail, d'un trop grand stress pour tout dire. Certaines des personnes qui prennent part à ces séances d'information accompagneront le ministre.

Nous faisons de notre mieux pour essayer de satisfaire à toutes les exigences qui nous sont faites. Nous avons le plus grand respect pour votre groupe et nous nous efforçons de vous transmettre le plus d'information possible. Le problème, je suppose, est simplement qu'il n'y a pas assez d'heures dans une journée. Nous travaillons déjà près de 18 à 20 heures par jour. Il devient difficile dans de pareilles circonstances de répondre à toutes les exigences.

Le président: Monsieur Wright, je vous remercie.

Prenons le pouls des autres membres du comité. Je ferai simplement remarquer, toutefois, que notre comité demeure ici à 16 heures pour une réunion qui est censée commencer à 16 heures. Je ne souhaite donc pas consacrer tout le temps réservé à la séance d'information à ces questions. Voyons ce qu'en pensent quelques autres membres avant de prendre une décision.

Monsieur Robinson, suivi de M. Price.

M. Svend J. Robinson (Burnaby—Douglas, NPD): Monsieur le président, je suis conscient des difficultés auxquelles font face les témoins, mais je tiens simplement à renforcer le point qu'a fait valoir M. Turp. Ces séances d'information sont le seul moyen de rendre des comptes au Parlement. Je ne crois pas que nous soyons trop exigeants en demandant d'être informés pendant 45 minutes, deux fois par semaine, particulièrement quand surviennent d'importants faits nouveaux.

Je comprends qu'il faut breffer le ministre. Il part mercredi. Il existe tout un ministère fort capable de le breffer. Sans vouloir manquer de respect à nos témoins, on nous a donné l'assurance que nous aurions ces séances d'information, et je m'attends qu'on tienne parole.

Le président: Je vous remercie.

Monsieur Price.

M. David Price (Compton—Stanstead, PC): Merci, monsieur le président. Je suis entièrement d'accord avec mes collègues. J'ajouterais seulement que nous pourrions peut-être nous montrer un peu plus souples, particulièrement sur le plan de la défense, puisqu'il est question d'un éventuel embargo ou d'autres mesures du genre. Donc, jeudi prochain, pour cette journée seulement, nous pourrions peut-être nous limiter à l'aspect naval. On pourrait peut-être dégager quelqu'un pour nous en parler.

Le président: Donc, nous pourrions avoir une séance plus restreinte ou axée davantage sur un sujet.

M. David Price: Oui, mais naturellement, cela serait sans rapport avec ce qui se passe sur le plan des affaires étrangères.

Le président: Fort bien.

Monsieur Proud.

M. George Proud (Hillsborough, Lib.): Vous dites que ce serait jeudi prochain seulement? Que nous reviendrions à deux séances d'information par semaine, dès la semaine prochaine?

M. Jim Wright: Le ministre Axworthy était parfaitement sincère quand il a pris cet engagement au tout début, et il n'est pas question de revenir sur cette parole.

Je n'accompagnerai pas le ministre, cette semaine. Je ferai de mon mieux pour être ici jeudi prochain. Nous souhaitions simplement signaler que nous devons répondre à plusieurs demandes différentes simultanément. Nous essayons de respecter les besoins des parlementaires sans pour autant négliger les exigences des ministres.

Le président: Monsieur Wright, je vous remercie beaucoup.

C'est donc ce que nous allons faire. De toute évidence, les membres souhaitent qu'ait quand même lieu la séance d'information jeudi prochain. Elle demeure donc au calendrier. Tout ce que nous pouvons demander, c'est que les ministères concernés déploient tous les efforts possibles en vue d'envoyer des fonctionnaires nous informer à ce moment-là. Nous informerons certes les ministres visés—je suis sûr qu'ils en sont bien conscients eux-mêmes déjà, mais nous insisterons sur la lourdeur de la charge de travail de certains d'entre vous et de certains de vos employés.

• 1525

Monsieur Pratt.

M. David Pratt (Nepean—Carleton, Lib.): Je souhaitais simplement vous demander, monsieur le président, si vous alliez donner suite à la suggestion faite par M. Price de consacrer un peu plus la séance d'information de jeudi prochain au côté naval, ce qui nous permettrait peut-être de satisfaire aux besoins de tous, car cela libérerait certains fonctionnaires. Cette suggestion m'a plu.

[Français]

M. Daniel Turp: Je ne voudrais pas que cela nous prive de la présence de Jim Wright s'il est disponible, comme il semble pouvoir l'être, même brièvement.

[Traduction]

Le président: La suggestion de M. Price me convient. Je ne voudrais pas pour autant devancer les souhaits des autres membres du comité qui tiennent à avoir une séance d'information en bonne et due forme. Si nous pouvons nous mettre d'accord pour avoir une séance d'information un peu plus ciblée... si cela facilite la vie à tout le monde et si cela convient à tous, c'est ainsi que nous procéderons.

Si vous voulez bien commencer la séance d'information d'aujourd'hui, nous disposons de 35 minutes. Nous tenons à respecter la règle que nous nous sommes donnée, soit de limiter les questions à une minute, ainsi que les réponses. Nous représentons deux comités qui siègent conjointement. Je demanderais donc aux membres de respecter la règle à la lettre pour que nous puissions poser des questions, car il faut que cette séance prenne fin à 16 heures juste.

Qui va commencer? D'accord, Monsieur Wright.

M. Jim Wright: Monsieur le président, j'aimerais tout d'abord vous parler très brièvement des résultats du sommet de l'OTAN qui a eu lieu à Washington, puis vous parler de la visite que doit faire le ministre Axworthy à Moscou.

Pour ce qui est du sommet de l'OTAN, les dirigeants de l'Alliance ont exprimé leur solidarité et se sont montrés fermement résolus à poursuivre la campagne menée contre la République fédérale de Yougoslavie et d'intensifier les opérations de l'OTAN jusqu'à ce que soient atteints ses objectifs.

[Français]

Les chefs d'État et de gouvernement de l'alliance ont réaffirmé leur solidarité et leur détermination de continuer les opérations aériennes contre la République fédérale de Yougoslavie et aussi d'augmenter les opérations jusqu'au moment où nos objectifs seront réalisés.

[Traduction]

L'OTAN a réitéré les cinq conditions auxquelles doit satisfaire Milosevic pour que cessent les bombardements. À cet égard, l'Alliance se montre intraitable. Les alliés sont également convenus d'intensifier la mise en oeuvre de sanctions économiques contre la République fédérale de Yougoslavie. Ces sanctions viseront particulièrement à stopper l'entrée des carburants et des lubrifiants dont ont tant besoin les forces yougoslaves. À cette fin, l'Union européenne applique un embargo sur les produits pétroliers, et l'OTAN projette d'éventuelles opérations navales pour empêcher la livraison de pétrole en Yougoslavie.

Quant aux sept États du front qui se trouvent à la périphérie du Kosovo, les chefs d'État et de gouvernement de l'OTAN ont aussi rencontré les représentants de ces pays. Nous parlons ici de l'Albanie, de la Bosnie, de la Bulgarie, de la Croatie, de la Macédoine, de la Roumanie et de la Slovénie. Ces pays sont tous gravement préoccupés par leur sécurité et par l'impact qu'aura la crise sur leur économie. Lors du sommet, les dirigeants de l'OTAN ont donné à ces États l'assurance que l'Alliance réagirait à toute menace posée par la Yougoslavie par suite de leur coopération avec les forces de l'OTAN.

L'Alliance a également reconnu que certains États du front, plus particulièrement la Macédoine et l'Albanie, ont grand besoin d'aide économique et financière pour traverser la crise actuelle. Les institutions financières internationales, comme le FMI et la Banque mondiale, devront faire preuve de compréhension et offrir une aide immédiate. C'est particulièrement le cas de la Macédoine, et nous avons eu une excellente rencontre avec le ministre des Affaires étrangères et le ministre de la Défense à Washington, lors du sommet.

Les dirigeants alliés ont aussi indiqué, à Washington, que l'engagement pris par l'OTAN de favoriser le développement en Europe du Sud-Est et d'apporter de la stabilité et de la sécurité à toute la région est une priorité. L'Alliance reconnaît qu'à cette fin, les alliés et les partenaires de l'OTAN auront besoin d'offrir de l'aide économique, politique et militaire aux pays de la région, dans le cadre d'une stratégie globale.

• 1530

Aujourd'hui à la Chambre des communes, le premier ministre a déclaré sans équivoque que le Canada est activement engagé sur deux fronts, dans la crise au Kosovo: sur le front militaire et sur le front diplomatique. On est en train de planifier, comme vous le savez, le voyage du ministre Axworthy à Moscou, à Skopje, en Macédoine, à Athènes et au Caire. La principale rencontre prévue à Moscou est une réunion avec le ministre des Affaires étrangères Ivanov. Ils discuteront de stratégie en vue de convaincre le président Milosevic d'accepter les cinq conditions posées par la communauté internationale. L'engagement de la Russie est essentiel si nous voulons que le Conseil de sécurité des Nations Unies joue son rôle de recherche de la paix.

[Français]

Les ministres Axworthy et Ivanov à Moscou discuteront de la façon d'amener le président Milosevic à accepter les cinq conditions posées par la communauté internationale. Si nous voulons que le Conseil de sécurité joue son rôle dans le processus de recherche de la paix, l'engagement de la Russie est essentiel.

[Traduction]

Dans les circonstances actuelles, il va sans dire que le processus de paix en est à un stade très délicat. La diplomatie discrète est le seul moyen d'y arriver. Le ministre Axworthy souhaiterait également discuter de la façon dont la Canada et la Russie peuvent se concerter pour régler la crise humanitaire immédiate, tant au Kosovo que dans la région, idéalement grâce à l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Voilà qui met fin à mon exposé, monsieur le président. J'ai apporté de la documentation, en anglais et en français, qui a été distribuée au sommet de l'OTAN. Je la laisse au greffier.

Le président: Fort bien. Monsieur Wright, je vous remercie.

Général Henault, aviez-vous un exposé à faire, vous aussi?

Le lieutenant-général Raymond R. Henault (sous-chef d'état- major de la Défense, ministère de la Défense nationale): Oui, monsieur le président. Si vous me le permettez, j'aurais quelques observations à faire aussi qui témoignent du véritable état actuel de la campagne tel que décrit dans les documents de l'OTAN et par SACEUR, ce matin. Cela vous donnera une meilleure idée du déroulement des opérations. Il me faudra peut-être quelques minutes de plus pour le faire, mais je crois que cela en vaut la peine.

Le président: Nous vous en savons gré. Je vous remercie.

Lgén Raymond Henault: De toute évidence, après bien au-delà de 3 000 missions d'attaque et plus de 12 000 missions de vol, l'Opération Force alliée a de plus en plus endommagé l'infrastructure et les forces de campagne de l'armée yougoslave. On a conclu qu'en termes généraux, l'OTAN détient la supériorité aérienne au-dessus de l'espace aérien yougoslave et qu'elle la conserve. Je vous donnerai quelques données statistiques à ce sujet tout à l'heure.

Les forces de défense aérienne sont essentiellement inefficaces, tant le jour que la nuit. Bien qu'ils effectuent des tirs, qu'ils lancent des missiles et tout le reste, les Yougoslaves n'obtiennent pas de succès et ne frappent pas d'appareil.

[Français]

La destruction de la machinerie industrielle et des installations de maintenance a rendu très difficile la situation des forces, en particulier au Kosovo, surtout quant à la mobilité et l'approvisionnement en essence.

[Traduction]

Le champ de bataille du Kosovo est de plus en plus isolé, bien sûr, les bombardements de l'OTAN ayant détruit les routes et les ponts et empêchant les Serbes de se ravitailler et d'obtenir du soutien. La destruction des ponts et des voies ferrées a considérablement réduit leur capacité.

Pour ce qui est du système intégré de défense aérienne, je puis vous dire que l'aviation yougoslave n'est pas très puissante, et ce depuis le début. Dès le début de l'opération, nous avons abattu cinq de ses appareils. L'OTAN a détruit plus de la moitié des chasseurs de première ligne, les MIG-29—je vous l'ai signalé la dernière fois—, et le tiers environ des avions moins bien équipés. Cela signifie que plus de 70 appareils ont maintenant été détruits dans la république yougoslave.

[Français]

Les terrains d'aviation sont aussi constamment ciblés par les forces de l'OTAN. La plupart ont été endommagés assez gravement. Je peux cependant vous vous dire qu'on récupère bien du côté yougoslave et que d'habitude, 24 ou 48 heures plus tard, les terrains d'aviation sont au moins partiellement utilisables.

[Traduction]

C'est une chose à laquelle se sont exercées les forces aériennes de l'OTAN, de même que d'autres forces aériennes. Manifestement, il s'agit de réparation des pistes. Les Yougoslaves y excellent de toute évidence. Ils excellent en termes de systèmes redondants, de communications et ainsi de suite. Ils ont la même capacité de redondance sur les terrains d'aviation.

Je n'ai pas grand-chose à dire des missiles sol-air, bien que nous ayons détruit, grâce aux frappes aériennes de l'OTAN, 40 p. 100 environ de leurs SA-3 ou SAM-3, dont la capacité est moindre que les SAM-6. Déjà, nous avons détruit le quart environ de leur capacité de tir de SAM-6.

• 1535

La mobilité de ces sites joue bien sûr en faveur des Yougoslaves. Ils les déplacent très rapidement, ce qui rend leur bombardement très difficile. Toutefois, à mesure que nous détectons les tirs, tirs qui sont inefficaces la plupart du temps et qui se font presque au hasard, il est clair qu'ils sont en train d'épuiser certaines munitions, et le réapprovisionnement n'est certes pas garanti.

Un chasseur canadien CF-18 a été la cible d'un missile sol-air, la nuit dernière. En fait, le pilote a dû interrompre sa mission, la nuit dernière, en raison des mesures d'évitement qu'il a dû prendre. Ce n'est pas la première fois que cela se produit, mais c'est l'une des premières fois que nous avons dû vraiment prendre des mesures d'évitement qui ont empêché le chasseur d'atteindre sa cible.

Pour ce qui est du commandement et du contrôle, nous sommes en train de détruire le réseau de commandement et de contrôle et de communication. Pour l'instant, il n'est que modérément endommagé. Cela inclut plusieurs installations, dont des câbles hertziens, des postes de détection, des stations de télévision, comme nous en avons fait état et en avons discuté sur plusieurs tribunes déjà, et la capacité de retransmission radiophonique qu'utilisent à la campagne les systèmes d'urgence militaires.

J'aimerais dire, simplement à titre d'information générale, que les Yougoslaves sont de toute évidence fort capables de mener ce genre d'opération, c'est-à-dire de se débrouiller même si la capacité de fonctionnement du matériel est réduite. Ils ont enfoui un grand nombre de leurs installations, leur capacité de commandement et de contrôle et leurs dépôts de carburants et de lubrifiants. Il est donc très difficile de les atteindre.

[Français]

Finalement, les lignes de communication ont été modérément affectées jusqu'à maintenant. Quand je parle des lignes de communication, je ne parle pas des lignes de transmission, mais plutôt des voies de communication comme les routes et les voies ferrées et de tout ce a trait au réapprovisionnement et au soutien de tous genres.

[Traduction]

J'ajoute aussi, juste pour vous en donner une idée, que l'OTAN estime avoir détruit le tiers environ de leurs réserves de carburant et de lubrifiant.

On nous a aussi demandé—et vous avez déjà souligné que vous souhaitiez l'obtenir—un peu plus d'information sur les opérations d'interdiction maritime ou les opérations de visite et de perquisition dont nous avons parlé. Cela fait partie des options qu'examine le Commandant suprême des Forces alliées pour limiter l'entrée de pétrole en Yougoslavie. Nous n'avons pas encore vu toutes les options dont dispose l'OTAN et, bien sûr, celle-ci en discutera en présence des 19 pays membres du Conseil de l'Atlantique Nord dans quelques jours.

Il s'agira, j'en suis sûr, d'une stratégie beaucoup plus étendue en vue de restreindre l'entrée de pétrole, mais les opérations maritimes font naturellement partie de cette stratégie qui est très en évidence ici depuis quelques jours.

L'OTAN a aussi remporté un succès mitigé dans ses opérations visant à perturber la capacité opérationnelle des forces policières spéciales et des forces militaires serbes à l'intérieur du Kosovo, comme vous le savez fort bien. Lors de la dernière séance d'information, on m'a demandé quel pourcentage de véhicules lourds nous estimions avoir détruit. D'après les évaluations courantes de l'OTAN, il se situe entre 10 et 20 p. 100 environ des véhicules blindés, des véhicules lourds, ce qui laisse approximativement 300 chars et 100 pièces d'artillerie lourde dans la région. Je vous incite toutefois à la prudence, car il n'y a pas de moyen d'en vérifier le nombre exact. C'est ce qu'on nous signale—que le pourcentage oscille entre 10 et 20 p. 100. Il nous est impossible d'évaluer à ce stade-ci, sans la présence de troupes au sol, le nombre de véhicules détruits dans les entrepôts et dans les zones de regroupement camouflées.

[Français]

Finalement, je dirai que les conditions météo sont en voie d'amélioration. Nous croyons donc que la campagne aérienne va continuer de s'intensifier et d'avoir encore plus de succès que dans le passé. Les hélicoptères d'attaque Apache sont maintenant en place et commenceront très bientôt les opérations contre les forces terrestres.

[Traduction]

Pour ce qui est de la contribution du Canada, on continue de nous donner pour mission de faire entre 12 et 16 sorties par jour—aujourd'hui, il y en a 14—, combinées à des patrouilles aériennes de combat, à la livraison d'armes à guidage précis ou non et à des fonctions de protection.

Les six autres F-18 qu'on a promis d'envoyer arriveront à Aviano plus tard cette semaine. Leur départ de Cold Lake est prévu pour demain ou le surlendemain. Des appareils de Cold Lake et de Bagotville se regrouperont à Goose Bay avant de traverser l'Atlantique. En fin de compte, nous aurons en tout 18 appareils sur le théâtre de guerre, probablement d'ici la fin de la semaine, c'est-à-dire d'ici au 1er ou au 2 mai.

[Français]

Quant aux types de cibles touchées par nos chasseurs, ce sont toujours des baraquements de l'armée, des sites de pétrole et de lubrifiants, des transmetteurs radio, des postes de commandement et des installations d'entreposage de l'artillerie de campagne, ainsi que des véhicules blindés.

• 1540

[Traduction]

Je fais aussi observer, comme l'a annoncé le premier ministre—et je sais que vous n'en êtes que trop conscients, puisque vous étiez à la Chambre—, que les Forces canadiennes vont maintenant déployer leur contingent de troupes de maintien de la paix. Cela représente approximativement 800 hommes et femmes des Forces canadiennes qui se joindront à la brigade britannique pour former le corps à réaction rapide des alliés et ce que nous appelons maintenant la force de l'OTAN dans l'ancienne république yougoslave de Macédoine. Leur déploiement commencera dans très peu de temps.

Notre seul facteur limitatif—je le souligne parce que je sais que cela vous intéresse—est d'obtenir un navire de transport. Or, il faut parfois jusqu'à trois semaines avant que le navire n'arrive au port. Toutefois, c'est une question très aléatoire, en ce sens que, si un navire est disponible, il arrivera peut-être dans quelques jours seulement.

Néanmoins, nous avons promis aux Britanniques et à l'OTAN que ces troupes seront opérationnelles et se trouveront sur le théâtre de guerre dans les 60 jours. Cela correspond pas mal à ce que la Force alliée prévoit et à notre capacité d'appui.

Mon dernier point concerne l'action humanitaire. Nous demeurons prêts à aider, à 72 heures de préavis, à accueillir un grand nombre de réfugiés ici au Canada. Pour l'instant, le nombre de réfugiés accueillis est faible. Je sais que des réfugiés arrivent au Canada en ce moment même.

[Français]

Tous les mouvements de réfugiés que nous connaissons en ce moment—les gens des Affaires extérieures pourront nous donner des renseignements supplémentaires—sont principalement le fait de gens qui rejoignent leur famille. Je n'ai pas les chiffres exacts, mais je sais qu'il y en actuellement moins de 1 000. Il n'y en a certainement pas 5 000, comme on l'avait dit.

Voilà qui termine ma présentation, monsieur le président.

[Traduction]

Le président: Général Henault et monsieur Wright, je vous remercie beaucoup.

Nous allons maintenant passer aux questions, que je vous demanderais de limiter à une minute, s'il vous plaît. Essayez de faire des réponses succinctes, si possible, de sorte que nous puissions laisser le plus de membres possible poser des questions. Nous commencerons par M. Hart.

M. Jim Hart (Okanagan—Coquihalla, Réf.): Messieurs, je vous remercie beaucoup d'être ici. J'essaierai d'être bref.

Général, vous pouvez peut-être transmettre nos félicitations aux pilotes et aux équipes au sol de l'Armée de l'air à Aviano qui exécutent ces missions.

Je voulais vous poser quelques questions au sujet de l'envoi de troupes de maintien de la paix qui a été annoncé aujourd'hui. Vous avez déjà répondu à une de ces questions en précisant qu'elles seraient sur place dans les 60 jours. Je me demandais, s'il devenait nécessaire de les retirer du théâtre de guerre rapidement, s'il faudrait aussi 60 jours pour le faire? Si c'est le cas, n'est- ce pas plutôt long?

Mon autre question concerne les règles d'engagement. J'ai posé la question aujourd'hui à la Chambre en ce qui concerne les règles d'engagement que doivent respecter les troupes de maintien de la paix. Je demandais si elles étaient rédigées ici, au Canada, et si les membres du comité et, certes, la Chambre pouvaient en obtenir copie. Comment cela fonctionne-t-il au juste? Y a-t-il des règles d'engagement de l'OTAN et des règles d'engagement du Canada? Vous pouvez peut-être me fournir la réponse.

Lgén Raymond Henault: Pour ce qui est du retrait des troupes du théâtre de guerre, je pourrais ajouter qu'un délai de 60 jours comprend la durée du déplacement de l'Ouest, où se trouvent actuellement les troupes, jusqu'au port de Montréal où à un autre port que nous pouvons utiliser. Il comprend aussi la durée de la traversée de l'Atlantique jusque dans la Méditerranée et, de toute évidence, dans un port d'entrée, probablement en Grèce. Cela reste à confirmer. Donc, une grande partie de cette période de 60 jours est en réalité absorbée par des déplacements.

S'il fallait extraire la force de la région, il y aurait moyen de les retirer de la zone immédiate dans de très brefs délais. Je ne puis pas vous dire en combien de jours exactement parce que cela dépendrait de la situation sur place. Ainsi, elles se retireraient probablement de l'ancienne république yougoslave de Macédoine et, en une semaine, elles seraient soit en Grèce, soit ailleurs. Il faudrait ensuite qu'elles attendent que des navires ou des avions soient disponibles, et ainsi de suite, pour quitter le théâtre. Donc, je n'utiliserais pas le même délai pour le retrait des troupes de la force. À nouveau, il faudrait que ce soit fait par les commandants de l'OTAN.

Pour ce qui est des règles d'engagement, nous travaillons toujours en fonction des règles d'engagement élaborées à notre intention par l'OTAN ou dans le cadre d'une opération de l'OTAN. Les règles d'engagement sont à l'origine élaborées par l'OTAN. Ensuite, on nous les transmet. Elles sont passées en revue par le ministère de la Défense nationale et par celui des Affaires étrangères. On les adapte ensuite au contexte canadien, par exemple s'il faut tenir compte des lois canadiennes. Le plus souvent, elles pourraient être un peu plus restrictives, mais elles ne vont certes pas à l'encontre des règles d'engagement énoncées par l'OTAN.

En bout de ligne, le ministère a délégué la responsabilité de diffuser les règles d'engagement au chef d'état-major de la Défense, qui signe une série de règles d'engagement relatives à l'utilisation de la force par une force sur le théâtre de guerre. Ces règles sont habituellement confidentielles. Pour en obtenir un exemplaire, il faudrait que vous présentiez votre demande au ministre de la Défense nationale, mais soyez assurés que, s'il y consent, nous vous les fournirons volontiers.

• 1545

M. Jim Hart: Je vous remercie.

Le président: Monsieur Hart, merci.

Monsieur Laurin.

[Français]

M. René Laurin (Joliette, BQ): Monsieur le président, après un nombre aussi élevé d'attaques aériennes—on a fait jusqu'à maintenant presque 6 000 sorties—, je suis étonné qu'on ne soit pas plus avancé dans la destruction des cibles qu'on a choisies. Est-ce parce que la force des projectiles qu'on utilise est insuffisante pour détruire complètement l'objectif quand on le frappe une première fois ou parce qu'on n'atteint la cible que partiellement? Dans le cas de la radio et de la télévision, on a dû bombarder à deux reprises pour détruire. Est-ce la force de frappe qui est insuffisante ou si c'est l'atteinte de l'objectif qui n'est que partielle?

Deuxièmement, on sait que nos CF-18 sont équipés de radars pour guider les obus vers la cible choisie. Par contre, nos CF-18 ne disposent pas de radars pour détecter les missiles qui seraient dirigés contre eux en vol. Ils sont donc obligés de se faire accompagner par des avions américains qui, eux, peuvent détecter les missiles ennemis lancés contre nos avions.

On me dit que cette situation insécurise énormément nos pilotes canadiens et les désavantage. J'aimerais avoir vos commentaires là-dessus.

Lgén Raymond Henault: Je dirais que le nombre de sorties n'est pas nécessairement la marque du succès. La campagne aérienne est très mesurée. Comme on l'avait mentionné au début, elle commence par une neutralisation des systèmes anti-aériens, des systèmes de commandement et de contrôle, des aéroports et des terrains d'aviation militaires. Ensuite, on choisit progressivement des cibles de plus en plus stratégiques, comme on le voit maintenant, qui nécessitent très souvent une deuxième attaque. Par exemple, les pistes d'aviation peuvent être renouvelées dans une période d'environ 48 heures. Il faut les frapper une autre fois. Ce n'est pas normal, mais c'est un des facteurs dont on est obligé de tenir compte.

Le targeting exige très souvent une deuxième attaque. Par exemple, la mire n'est peut-être pas exactement au bon endroit. La précision est très, très grande, mais une attaque sur le quartier général serbe, par exemple, ne démantèle pas nécessairement les antennes en même temps parce que la bâtisse était ciblée en premier lieu, et ensuite les antennes.

Tout dépend de ce qu'on appelle le point de mire ou le point d'attaque. On doit réattaquer des sites continuellement. Les munitions sont très perfectionnées et portent ce qui est nécessaire. Il y a toute une gamme de munitions qui sont utilisées et elles sont toutes appropriées à la cible, en principe.

Deuxièmement, du point de vue des CF-18 et des capacités d'autodéfense, oui, nous avons à bord des radars et des détecteurs de lancement de missiles. Nous avons aussi à bord des systèmes pour contrer les missiles. Nous avons ce qu'on appelle du chaff; ce sont en quelque sorte des pièces de tinfoil qui éliminent la capacité d'un missile-radar d'atteindre la cible. On a aussi des éjecteurs phosphorescents qui empêchent le missile d'aller sur l'avion.

Il y a toujours des avions d'escorte qui essaient d'attaquer les systèmes anti-aériens pour permettre aux pilotes de se concentrer sur l'attaque même. Quand le pilote est obligé de faire l'attaque et de contrer en même temps les missiles et les systèmes anti-aériens, c'est trop. Il ne peut pas tout faire en même temps.

Donc, on est bien équipés. Les CF-18 ont les systèmes que vous avez mentionnés.

M. René Laurin: Ils les ont?

Lgén Raymond Henault: Oui.

M. René Laurin: Pour détecter un missile ennemi qui est lancé contre eux?

Lgén Raymond Henault: Absolument.

Le président: Merci, monsieur Laurin.

Monsieur Turp.

M. Daniel Turp: J'ai deux questions à poser à M. Jim Wright sur les aspects des affaires étrangères.

J'aimerais savoir comment vous interprétez aujourd'hui ce qui semble être un échec de la mission du sous-secrétaire américain Talbott. Je crois comprendre que M. Tchernomyrdine lui a dit que toute campagne aérienne de l'OTAN devait cesser pour permettre l'ouverture de négociations avec Belgrade. Cette demande a été rejetée à de nombreuses reprises par l'OTAN.

Le vice-premier ministre, dont on entend souvent parler maintenant et qu'on voit à la télévision, M. Draskovic, semble lui aussi avoir fait marche arrière en expliquant que M. Milosevic n'avait jamais envisagé d'accepter le déploiement d'une force de l'ONU. Que faut-il comprendre de ce qui a été dit aujourd'hui?

• 1550

Il y a une nouvelle d'importance. Il semble que le Pentagone envisage très sérieusement une invasion de la Serbie et des gestes tout à fait dramatiques: l'arrestation de Slobodan Milosevic et sa traduction devant le Tribunal pénal international.

[Traduction]

M. Jim Wright: Je vous remercie beaucoup.

En ce qui concerne certains commentaires faits récemment par M. Draskovic, vice-premier ministre de la Yougoslavie... J'ose espérer que M. Milosevic écouterait ce que disent certains membres de son propre gouvernement à propos du fait qu'il mène son pays, son peuple, vers une destruction et un désespoir tels que nous espérons que le peuple yougoslave commencera à mettre en doute la sagesse d'avoir M. Milosevic au pouvoir.

M. Draskovic représente un parti politique différent de celui de M. Milosevic, mais il occupe un poste important au sein du gouvernement. Nous espérons que sa déclaration d'aujourd'hui dans laquelle il critique la voie adoptée par M. Milosevic sera entendue par celui-ci, ainsi que par le peuple de Yougoslavie.

Quant à la mission de M. Talbott, sous-secrétaire d'État, les renseignements dont nous disposons sont très préliminaires. M. Talbott se rendra à Bruxelles afin de faire un rapport complet au conseil de l'OTAN, demain je crois, et, pour tout dire, il sera alors mieux placé pour réagir à certaines des déclarations publiques associées peut-être à cette visite à Moscou. Nous savons que plusieurs réunions très importantes ont eu lieu aujourd'hui avec M. Ivanov, je crois, avec M. Primakov et M. Tchernomyrdine, peut-être. Nous n'avons pas encore tous les détails.

Une des difficultés auxquelles nous sommes toujours confrontés dans ce genre de circonstances, c'est que tous s'efforcent, sur le plan diplomatique, de voir si l'on ne peut pas trouver un processus de paix qui plaira à Moscou. C'est extrêmement important. C'est la raison pour laquelle M. Axworthy se rend en Russie. Nous voulons voir si nous pouvons prendre les cinq exigences posées par la communauté internationale et appuyées par le secrétaire général des Nations Unies... Nous aimerions voir si nous pouvons les présenter de manière à ce que les Russes les acceptent, de manière à décrire un processus de paix qui serait repris par le Conseil de sécurité des Nations Unies, dans une résolution. C'est l'objectif. Il faudra être patient, car cela prend du temps. Nous procédons par diplomatie discrète.

Je ne peux donc pas vous renseigner vraiment sur les résultats de la mission de M. Talbott, parce que nous n'avons pas encore reçu tous les détails.

Quant aux commentaires que vous avez mentionnés concernant le Pentagone, je n'en connais pas la source. En ce qui concerne l'invasion de la Serbie, le plan de l'OTAN est le plan de l'OTAN. Il fait appel à une mission de maintien de la paix. Le premier ministre a annoncé aujourd'hui le déploiement préalable de troupes de maintien de la paix qui iraient en Yougoslavie si un accord de paix était conclu.

Pour ce qui est d'une invasion, d'une situation de combat non permissive, nous n'en sommes pas encore là. L'OTAN a bien fait comprendre ce qu'était son engagement. Elle s'est engagée à faire des frappes aériennes, à les intensifier. Les stratèges militaires de l'OTAN ont été priés d'examiner d'éventuelles options pour le déploiement de troupes au sol, mais aucune décision à ce sujet n'a été prise par les dirigeants. La discussion à ce sujet a été limitée. Les dirigeants se sont engagés à participer aux frappes aériennes et les intensifier. Toutefois, les stratèges de l'OTAN ont été priés d'aller étudier les options et de faire rapport par l'intermédiaire du Commandant suprême des Forces alliées de l'OTAN. Il n'y a eu absolument aucune décision prise à cet égard. L'engagement pour l'instant et pour l'avenir immédiat est de mener des frappes aériennes, de les intensifier.

• 1555

Quant à M. Milosevic, s'il était arrêté, serait-il inculpé par le Tribunal pénal international de La Haye—il ne fait aucun doute qu'il devra répondre de beaucoup d'actes. Toutefois, nous ne sommes pas juge et jury. Le gouvernement du Canada a bien fait comprendre, dès le début, qu'il était disposé à fournir tous les renseignements en sa possession au Tribunal pénal international de La Haye, à son procureur en chef, Mme Louise Arbour. Il appartient à Louise Arbour et à son tribunal de réunir la preuve et elle a bien fait comprendre que, s'il le faut, elle ira jusqu'à la tête du régime. Elle pourrait fort bien inclure M. Milosevic.

Le président: Monsieur Turp, je vous remercie.

Monsieur Robinson, suivi de M. Pratt.

M. Svend Robinson: Merci, monsieur le président. J'ai quatre brèves questions à poser.

Le président: Il reste quatre minutes. Soyez donc très bref.

M. Svend Robinson: La semaine dernière, j'ai soulevé la question de l'aide humanitaire aux réfugiés du Kosovo même. Je me demande si vous pouvez nous faire un compte rendu de ce qui se passe sur ce front.

Ensuite, pour ce qui est du blocus naval ou de l'embargo, quelle est votre position concernant les pétroliers russes qui refusent de se prêter à l'abordage et à l'inspection?

Troisième point, pourquoi sommes-nous en train de bombarder une station de télévision et de radio? À Belgrade, je crois savoir qu'il y a peut-être des émetteurs. Pourquoi ne pas bombarder les émetteurs plutôt que la station?

Enfin, quel sera le rôle de nos 800 soldats déployés au préalable dans l'ancienne république fédérale de Macédoine, avant la signature d'un accord de paix? Ces troupes pourraient-elles être déployées dans un environnement non permissif, si l'OTAN l'exigeait?

Le président: Je demanderais aux fonctionnaires de répondre très rapidement. Je vais laisser M. Pratt poser sa question, et il ne reste que trois minutes.

Monsieur Wright.

M. Jim Wright: Pour ce qui est de l'aide humanitaire au Kosovo même, il s'agit là d'une question très épineuse. Les Grecs ont remporté un certain succès en passant par leur ONG, Médecins sans frontière.

L'une des questions dont souhaite s'entretenir M. Axworthy avec M. Ivanov concerne une éventuelle coopération, peut-être dans le cadre d'une résolution adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies à New York, une solution non politisée, qui ne condamne personne, qui dit simplement qu'il existe un grave problème au sol en ce qui concerne les réfugiés. Nous essayons de voir ce que nous pouvons faire sur ce front. Nous nous en occupons. Par ailleurs, les leaders ont discuté pendant pas mal de temps, au sommet de Washington, des populations déplacées à l'intérieur de Kosovo.

Quant à votre deuxième question, soit l'embargo naval—non pas un blocus, mais un embargo—, l'OTAN en examine la possibilité au moment même où l'on se parle. Les stratèges militaires de l'OTAN feront rapport au Commandant suprême des Forces alliées qui abordera la question au Conseil de l'Atlantique Nord, plus tard cette semaine—au plus tôt, vers la fin de cette semaine. La question des pétroliers russes pourrait être abordée au moment opportun. Je suis convaincu que M. Axworthy abordera lui-même le sujet lors de sa rencontre avec M. Ivanov, à Moscou.

Le premier ministre a été très catégorique. Nous n'avons pas l'intention d'aller de l'avant et de provoquer les Russes à cet égard. Nous examinons des options militaires, politiques et juridiques, de même que l'opinion donnée par le personnel de l'OTAN, et nous sommes naturellement en train d'en discuter de manière très détaillée avec nos conseillers juridiques, au ministère de la Défense nationale et à celui des Affaires étrangères. Cependant, nous n'en sommes pas là encore.

Pourquoi bombarder une station de télévision et de radio? Parce que le président Milosevic se sert de ces installations pour communiquer avec les chefs de son armée. L'OTAN l'a bien expliqué.

M. Svend Robinson: Est-il nécessaire de tuer des journalistes? Pourquoi ne pas bombarder les tours de transmission?

M. Jim Wright: Les bombardements de l'OTAN s'effectuent la nuit. On s'est efforcé de réduire le plus possible le nombre de morts et de blessés civils, mais le fait est que ces installations font partie de la machine de guerre et de propagande de Slobodan Milosevic et qu'elles représentent donc des cibles légitimes.

Je laisse le général répondre à la dernière question.

Lgén Raymond Henault: J'ajouterais simplement, pour ce qui est des stations de télévision, que tous les éléments du réseau de diffusion et de transmission sont ciblés, pas seulement les stations, mais également les émetteurs, les stations de relais et ainsi de suite. Cela fait donc partie d'un tout, tout comme les frappes aériennes.

Quant aux troupes envoyées dans l'ancienne république yougoslave de Macédoine, les nôtres seront intégrées à la brigade britannique, comme je vous l'ai déjà dit. Elles contribueront à assurer la protection de la force, fonction assurée par la brigade britannique. Elles feront aussi de l'aide humanitaire lorsque c'est possible ou lorsque le commandant de la force de l'OTAN ou de la brigade britannique le demande. Par ailleurs, il faut les intégrer à cette brigade pour être en mesure de fonctionner avec efficacité et efficience, dès le début des opérations.

Ce processus d'intégration doit se poursuivre. Il s'agit d'une brigade multinationale. Il faut avoir une certaine formation pour participer aux opérations. Avant d'y participer, il faut recevoir une formation adéquate et être bien intégré. C'est ce que nous espérons faire: les envoyer là-bas et les former. Quand viendra le temps de la mission de maintien de la paix, nous serons déjà prêts.

• 1600

Le président: Merci, monsieur Robinson.

Monsieur Pratt, une petite question et une brève réponse, après quoi M. Price sera le dernier à poser une question.

M. David Pratt: Monsieur le président, je présume que je vais disposer d'autant de temps que M. Robinson.

Le président: Je vous donne une minute. Ce sont les règles. Allez-y.

M. David Pratt: J'ai quatre questions. Peut-être...

Le président: Voilà l'astuce. Les membres du comité apprennent vite.

M. David Pratt: Tout d'abord, général, notre comité connaît plutôt bien le Programme d'habillement du soldat. Je me demande simplement si nos soldats vont être équipés des tenues dernier cri en termes de protection environnementale contre les éléments.

Vous avez mentionné qu'une grande partie de la capacité des MIG-29 des forces aériennes yougoslaves avait été détruite. Je me demande simplement ce qui est arrivé aux autres avions. Durant la guerre contre l'Irak, naturellement, Saddam Hussein avait envoyé un grand nombre de ses appareils à l'extérieur du pays. Je me demandais si Milosevic avait fait la même chose ou s'il les a placés dans des abris renforcés ou des zones protégées? Qu'est-il arrivé aux autres MIG-29?

Je suis également curieux de savoir si les forces aériennes ont démontré qu'il y avait d'autres véhicules perfectionnés sur le théâtre de guerre. Je songe notamment à des blindés russes plus perfectionnés peut-être comme le char de combat T-80 que les Russes ont mis au point au cours des dernières années.

Enfin, notre pays utilise-t-il la capacité de transport d'un autre pays pour envoyer ses troupes sur le théâtre de guerre?

Le président: Soyez le plus bref possible, je vous prie, messieurs.

Lgén Raymond Henault: Je peux vous dire que le Programme d'habillement du soldat est bien en cours et qu'il a permis de remettre à nos soldats les vêtements les plus récents avant de les déployer en Bosnie, et pas seulement dans le cadre de cette opération. Je peux donc vous donner l'assurance que la meilleure tenue possible sera fournie, de même que le meilleur équipement possible, notamment le Coyote et l'hélicoptère Griffin, avec tout le matériel que cela comporte. J'ai donc entière confiance à cet égard.

Pour ce qui est des MIG-29, nous ignorons s'ils en ont envoyés à l'extérieur du pays. Cela peut certes s'être produit. Nous l'ignorons, mais je vous rappelle qu'il existe plusieurs emplacements souterrains que les Yougoslaves ont creusés au fil des ans. Ils pourraient fort bien les y avoir cachés. Je répète toutefois que la moitié de ces MIG-29, des chasseurs de première ligne, ont été détruits. En réalité, nous nous sommes donc débarrassés d'un assez grand nombre d'entre eux.

Quant aux blindés, la plus grande partie de l'équipement dont ils disposent sur le théâtre de guerre provient de la Russie ou, du moins, de l'ex-Union soviétique. J'ignore toutefois de quels blindés perfectionnés vous parlez. C'est quelque chose que je n'ai pas vu dans les rapports jusqu'ici.

Sur le plan du transport, ce serait une combinaison de transport commercial pour les rouliers, par exemple, à moins que nous n'obtenions de l'aide militaire des États-Unis qui ont exactement cette capacité—le service de rouliers. Nous commencerons donc par faire appel à cette capacité, puis nous aurons recours au transport commercial. Ce sera probablement une combinaison de transports militaire et commercial pour expédier là- bas les troupes et certaines petites pièces d'équipement. Ce sera donc une combinaison de tout cela.

M. David Pratt: Je vous remercie.

Le président: Monsieur Pratt, le temps qui vous était alloué est épuisé.

Je vous demande à tous votre indulgence, M. Price et M. Crête veulent tous les deux poser une petite question.

M. David Price: Merci, monsieur le président. Je vais essayer d'être le plus bref possible.

Nous nous dirigeons vers la participation d'un groupe de reconnaissance important de toute évidence. Il se fera beaucoup de reconnaissance le long de la frontière. Le groupe sera-t-il prêt à réagir à une incursion à la frontière?

Lgén Raymond Henault: Comme il s'agit d'une situation très hypothétique, il est très difficile de répondre à votre question. Cependant, je dirais que le groupe n'opérera pas à l'intérieur de la zone tampon, qui a déjà été établie, une zone tampon de cinq kilomètres. L'intention pour l'instant...

M. David Price: Il n'opérera pas à l'intérieur de cette zone? Cette zone est complètement neutre?

Lgén Raymond Henault: À ce que je sache, aucune des forces de l'OTAN n'est autorisée à opérer l'intérieur de la zone tampon.

M. David Price: Même le peloton de reconnaissance?

Lgén Raymond Henault: M. Wright en sait peut-être plus que moi à ce sujet.

M. Jim Wright: C'est à la demande des Macédoniens.

Lgén Raymond Henault: J'ajouterai qu'ils visent à faire des missions de reconnaissance surtout après que sera amorcée l'opération de maintien de la paix. Ils s'intégreront à la brigade britannique et mettront au point les méthodes requises. Ils n'ont nullement l'intention de patrouiller le long de la frontière avant la conclusion d'un accord de paix, du moins pas pour l'instant. Je ne vois donc pas la possibilité dont vous parlez. Mais ils se défendront si on les attaque à n'importe quel moment où ils se trouvent dans l'ancienne Macédoine.

Le président: Merci, monsieur Price.

Monsieur Crête, très brièvement, s'il vous plaît.

• 1605

[Français]

M. Paul Crête (Kamouraska—Rivière-du-Loup—Témiscouata—Les Basques, BQ): J'aimerais qu'on nous dresse un portrait rapide de la situation et qu'on nous dise s'il y a eu des améliorations dans le traitement des réfugiés. Mme Corneau nous avait fait le point sur la situation la semaine dernière. Pourrions-nous avoir des éléments supplémentaires et connaître l'envergure de l'engagement financier que cela suppose pour le Canada?

[Traduction]

M. Charles Bassett (vice-président, Direction générale de l'Europe centrale et de l'Est, Agence canadienne de développement international): Monsieur le président, nous en sommes à l'heure actuelle à un engagement financier qui se chiffre jusqu'à maintenant à 52 millions de dollars.

[Français]

La ministre Marleau a annoncé la semaine dernière une dernière tranche de 30 millions de dollars. On est maintenant en train de définir comment on va dépenser cette tranche de 30 millions de dollars. Ce serait pour les groupes qui sont engagés sur le terrain, donc l'UNHCR, l'UNICEF et les ONG canadiennes, par exemple CARE Canada et le CECI. C'est comme cela qu'on est en train de dépenser l'argent.

[Traduction]

Le président: Merci.

Une dernière question pour M. Earle. Très brièvement, s'il vous plaît, monsieur Earle.

M. Gordon Earle (Halifax-Ouest, NPD): Merci.

Vous avez dit que plus de 70 aéronefs, je crois, ont maintenant été détruits en Yougoslavie. Pouvez-vous nous dire ce qu'il en est en ce qui a trait aux pilotes de ces appareils?

J'ai entendu dire qu'un hélicoptère Apache s'était écrasé. Est-ce vrai? Y a-t-il eu des blessés ou des pertes de vie?

Lgén Raymond Henault: Pour répondre d'abord à la deuxième question, un hélicoptère Apache s'est écrasé la nuit dernière dans l'ancienne Macédoine. Il s'agissait d'une mission de formation qui n'avait absolument rien à voir avec une mission de combat. Je ne connais pas les véritables circonstances de l'écrasement. Les membres de l'équipage ont été blessés, mais ont survécu et récupèrent maintenant à l'hôpital de campagne.

En ce qui concerne les dommages aux appareils, votre question portait-elle sur des chiffres?

M. Gordon Earle: Est-ce que des pilotes étaient en cause ou s'agissait-il simplement d'hélicoptères?

Lgén Raymond Henault: Nous savons qu'il y avait deux MIG-29 à l'intérieur du territoire bosnien, par exemple. Les pilotes n'ont pas donné signe de vie. Ils ne se trouvaient pas dans les décombres de toute évidence et ils ne sont nulle part. Soit qu'ils se sont extraits eux-mêmes des appareils ou ont été secourus comme l'a été le pilote du F-117.

En ce qui concerne les pertes réelles, je ne connais pas la réponse étant donné que les Serbes ne nous font pas rapport à cet égard. Mais beaucoup de ces appareils ont aussi été détruits au sol. Il y a donc un mélange des deux. Il y a probablement eu quelques pertes, mais je ne peux vous donner de chiffres.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Earle.

Merci beaucoup, Général Henault, monsieur Wright ainsi que tous les hauts fonctionnaires. Nous savons toutes les heures que vous devez consacrer à votre tâche et nous vous remercions du travail que vous accomplissez.

Nous allons aller de l'avant avec la séance d'information prévue jeudi. Je vous demanderais de faire du mieux que vous pourrez pour y envoyer des hauts fonctionnaires. Il s'agira d'une réunion conjointe du Sous-comité de la défense nationale et des anciens combattants et du Sous-comité des affaires étrangères et du commerce international.

Je vous remercie de nouveau.

Lgén Raymond Henault: C'est nous qui vous remercions.

Le président: La séance est levée.